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Pour ses 40 ans, Renaud Herbin achève la mue du TJP

Voilà 40 ans que le TJP existe à Strasbourg. Ce théâtre initialement destiné au jeune public s’est spécialisé dans le spectacle de marionnettes dans les années 90. Aujourd’hui, son directeur Renaud Herbin présente la troisième saison d’une institution qui n’est désormais plus dédiée au jeune public ni à la marionnette, mais qui tente d’explorer les pistes offertes par la relation entre les corps et les objets dans la création scénique.

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ShowRoomDummies #3 où quand les marionnettes se passent d'acteurs (Photo Mathieu Rousseau)

ShowRoomDummies #3 où quand les marionnettes se passent d'acteurs (Photo Mathieu Rousseau)
ShowRoomDummies #3 où quand les marionnettes se passent d’acteurs (Photo Mathieu Rousseau)

Cette année au TJP, les marionnettes prendront la place des acteurs, et les acteurs épouseront les décors. Pour sa troisième saison en tant que directeur du TJP, Renaud Herbin estime enfin être en mesure de proposer au public strasbourgeois une programmation en complet accord avec son projet artistique. Lorsqu’il a pris les rênes de ce qui était encore le Théâtre Jeune Public en 2012, Renaud Herbin avait comme projet de capitaliser sur l’immense expérience du TJP dans le spectacle de marionnettes pour explorer la création scénique autour du triptyque « corps – objet – image ».

La démarche, ambitieuse, inédite, a heurté quelques esprits attachés à la vocation originelle du TJP mais elle se révèle aujourd’hui dans sa plénitude avec une saison très étoffée  : 25 spectacles dont 13 créations et 3 week-ends TJP pour explorer et étudier encore plus en profondeur la création artistique. Quant aux Giboulées, le festival devenu biennale aura lieu l’an prochain.

40 années de continuité

Le TJP fête les 40 années de sa fondation en novembre 2014. Renaud Herbin prévoit de célébrer dignement cet anniversaire, notamment en invitant André Pomarat, le fondateur du TJP en 1974 et son directeur jusqu’en 1997. Pour Renaud Herbin, toutes ces années n’ont été que continuité :

« Le TJP s’est toujours intégré dans l’environnement créatif de son époque. Notre programmation d’aujourd’hui décrit un paysage artistique mais elle est dans la suite logique des saisons passées. Notre objectif est de proposer au public, jeune et moins jeune, des spectacles qui sont aux croisements des pratiques artistiques, qui mêlent et qui explorent. L’erreur serait d’isoler le théâtre de marionnettes du reste de la création artistique. Il y a des spécificités, mais on ne s’enferme pas dans une dénomination. On s’attache à ne pas reproduire sans cesse les mêmes choses. »

Renaud Herbin peut se sentir libre. Le TJP étant un centre dramatique national (CDN), c’est l’État qui nomme son directeur pour des durées de trois ans, renouvelables deux fois. Grâce à ce statut, le budget du TJP, 2,6 millions d’euros, est relativement sanctuarisé même dans ce contexte de réduction de la dépense publique. La Ville de Strasbourg finance le TJP à environ 50%, suivent l’État (25%), la Région (20%) puis le Conseil général du Bas-Rhin (5%).

Avant-garde et valeurs sûres

Du coup, la saison 2014 – 2015 du TJP fait appel à toutes les disciplines du spectacle vivant : musiciens, jongleurs, acrobates et même un magicien vont côtoyer les acteurs sur les planches des deux scènes du TJP, ainsi qu’au théâtre de Hautepierre. Parmi les dates à retenir, citons Le Rêve d’Anna de Bérangère Vantusso en octobre. Pour Renaud Herbin, lui-même marionnettiste, cette créatrice « fait le théâtre de marionnette d’aujourd’hui », elle propose dans ce spectacle un conte moderne où s’entrechoquent les visions d’adultes et d’enfants.

Les bambins à partir de deux ans pourront s’émerveiller devant Le Son de la Sève, par Benoît Sicat, une valeur sûre du TJP, toujours en octobre. Il est ici question d’utiliser les arbres comme instruments.

En novembre, Renaud Herbin fera venir la compagnie Les Ombres Portées pour leur spectacle Pekee-Nuee-Nuee. Là encore, le spectacle est accessible aux enfants à partir de 4 ans mais Renaud Herbin précise :

« Tous les spectacles s’adressent aux adultes. Si certains rendez-vous peuvent plaire à des enfants, nous ne limitons que l’âge minimum. Tous les spectacles sont entiers et ne retranchent rien de leur contenu sous prétexte de s’adresser à des enfants. »

Fin novembre, le TJP sera en plein dans l’expérimentation sur les objets, avec The Assembly Of Animals de Tim Spooner.

Citons encore le prometteur 8m³ de l’Atelier Lefeuvre et André en décembre, où deux artistes apprennent à cohabiter dans 8 m³. Ça tombe bien, l’un est contorsionniste, mais l’autre est jongleur. Le Maillon accueillera en outre en janvier Showroomdummies #3, un spectacle d’un réalisme confondant où se mêlent acteurs et marionnettes sans qu’on ne sache toujours bien desquels il s’agit.

Renaud Herbin lui-même présentera Profils en février, une création qui évidemment explorera les limites entre le corps et les objets avec cinq interprètes sur scène. Autre création à noter, Lombric des Strasbourgeois Marie-Pan Nappey et Joseph Kieffer, et qui s’articule autour d’un immense ver lourd mais étonnamment agile composé de disques de bois. En mai, il faudra également s’intéresser à la création d’Étienne Saglio, qui se présente comme magicien avec Les Limbes.

 

Aller plus loin

Sur l’agenda de Rue89 Strasbourg : voir toute la programmation au TJP Grande Scène et toute celle au TJP Petite Scène.


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