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Prendre un taxi à Strasbourg : qui décide du prix ?

Course vers la gare ou l’aéroport d’Entzheim, rendez-vous professionnel ou retour de soirée, près de 300 taxis sillonnent la CUS tous les jours. Mais à quel coût ? Prendre un taxi, c’est toujours un peu la loterie. Pourtant, c’est un arrêté préfectoral qui établit la grille tarifaire.

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La Place de la Gare à Strasbourg, lieu de défilé quotidien des taxis (Photo Rue89 - FE)

La Place de la Gare à Strasbourg, lieu de défilé quotidien des taxis (Photo Rue89 - FE)
La Place de la Gare à Strasbourg, lieu de défilé quotidien des taxis (Photo FE / Rue89 Strasbourg / CC)

Emilie arrive à la gare de Strasbourg à 21h30, elle prend un taxi vers l’Observatoire. Trois kilomètres plus loin et 5-10 mn plus tard, la course lui aura coûté 11,20€. Chemin inverse le lendemain matin, mais là le prix de la course a grimpé à 14,10€. Comment, pourquoi ? Il ne s’agit pourtant pas d’une loterie. Les tarifs sont réglementés, fixés par la préfecture du Bas-Rhin pour tous les taxis strasbourgeois :

Prise en charge A – Aller et retour de jour B – Aller et retour de nuit C – Aller simple de jour D – Aller simple de nuit Heure « d’attente »
1.90 0,80 1,14 1,60 2,28 26,50

(tarifs 2013)

Mais le prix final ne dépend pas que de la distance (tarif kilométrique, de A à D), il faut ajouter aussi le « temps d’attente », c’est à dire le temps passé à l’arrêt ou à moins de 10 km/h. Ce temps d’attente est facturé à la minute, soit environ 44 centimes dans le Bas-Rhin. Ces prix sont fixés après une concertation avec les représentants de la profession et augmentent chaque année.

Jours de neige : tarifs de nuit

Aller de la Place Kléber à l’aéroport d’Entzheim revient ainsi à une trentaine d’euros le jour et quarante de nuit, au minimum. Les institutions européennes sont accessibles de la gare pour une dizaine d’euros le jour et douze la nuit. Autre trajet très demandé, la « course pour les courses », du Neuhof (rue de Clairvivre) vers Auchan Illkirch, une dizaine d’euros en journée. Les dimanches, jour fériés et jours de neige sont inclus dans le « tarif de nuit » (B et D). Pour les jours de neige, les taxis font valoir qu’ils doivent équiper leurs véhicules de pneumatiques adaptés.

Autres ajouts : 0,68€ par bagage devant aller dans le coffre et 0,96€ par animal ne pouvant être transporté sur les genoux.

AlloTaxi, moins cher six mois sur douze

Les taximètres de chaque véhicule sont réglés sur ces chiffres pour calculer le coût d’une course. Après la modification annuelle des tarifs, les taxis ont 2 mois pour mettre à jour leur compteur, auprès de la société Garlouis à Reichstett. Les taxis ne disposent ni de l’outillage ni du droit de réaliser cette mise à jour.  A noter cependant que les tarifs arrêtés par la préfecture sont « à maxima ». Rien n’empêche une société de taxis de pratiquer des tarifs inférieurs, mais aucune ne le fait. Seule AlloTaxi met six mois à revaloriser ses tarifs d’une année sur l’autre, la rendant légèrement moins chère pendant ce laps de temps.

Solidarité dans le métier, concurrence en dehors

Les chauffeurs de taxis interrogés sont unanimes : il n’y a pas de réelle concurrence entre les différents taxis à Strasbourg. Les taxis dépendant de sociétés (Taxi 13, AlloTaxi, Alsace Taxi et Mondial Taxi) réceptionnent surtout des appels de leur centrale, tandis que les indépendants comptent plus sur le bouche à oreille et l’attente devant les stations. Entre indépendants, la solidarité est de mise, les chauffeurs mettent en contact les clients qu’ils ne peuvent pas prendre en charge avec leurs collègues.

Pour Mounir, chauffeur indépendant depuis 4 mois, la concurrence est représentée par les VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur). S’ils sont régulés au niveau de leur licence (le chauffeur doit avoir réalisé de la livraison ou du transport de personnes pendant au moins 6 mois), ils ont cependant le droit de choisir leurs tarifs. Ils doivent être réservés 30 minutes à l’avance mais reviennent souvent moins cher au consommateur.

Une baisse d’activité d’environ 30%

Les chauffeurs voient plutôt comme concurrents les navettes touristiques, ou les bus Lufthansa vers Francfort, ainsi que les efforts de la CUS pour améliorer la mobilité des Strasbourgeois (tram, bus, ou vélhop…). Germain Schoettel, chauffeur indépendant depuis 25 ans, distingue clairement un « avant et un après tram pour les taxis à Strasbourg ». Aujourd’hui, il explique qu’il y a trop de chauffeurs en exercice pour la demande existante dans la ville.

Les licences de taxi coûtent cher à Strasbourg, entre 150 000€ et 180 000€. Si certains l’achètent, beaucoup de chauffeurs la louent, à hauteur d’environ 1 500€ par mois. Selon plusieurs taxis interrogés, le chiffre d’affaire d’une journée de plus de 10 heures varie entre 150 et 200€… Mais avec des aléas, il n’est pas rare de patienter une heure à la gare de Strasbourg avant de pouvoir charger quelqu’un. « A Strasbourg, il n’y a pas de culture taxi », soupire un chauffeur indépendant.

Plus de 50% du chiffre d’affaire des taxis provient du transport de personnes malades et d’enfants, payé au chauffeur par la Sécurité Sociale. Pour ce faire, 90% des taxis de la CUS arborent le macaron « taxi conventionné, organisme d’assurance maladie », délivré directement par la Sécurité Sociale. Certains taxis y sont encore réticents car la procédure de paiement par la Sécurité Sociale prend quelques jours, en contraste avec l’instantanéité du paiement d’un client en liquide ou par carte bancaire. Cependant, un chauffeur de Taxi 11 confirme qu’il s’agit aujourd’hui « d’un complément pour une activité qui ne trouve plus assez de travail autrement ».


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