L’association parviendra-t-elle à boucler le budget 2025 de sa cellule enfants, estimé à 66 000 euros ? À quelques jours de la fin de l’année, la réponse reste incertaine. Solidarité Femmes 68 attend toujours celle de la Fondation des femmes, auprès de laquelle elle espère obtenir 15 000 euros. En mai, Rue89 Strasbourg racontait comment la CeA s’était retirée, sans préavis, du financement de ce dispositif qu’elle avait pourtant elle-même initié un an plus tôt via un appel à projets.

Du jour au lendemain, l’association a perdu l’intégralité du budget de la cellule. Pas question pour autant d’interrompre l’accompagnement des enfants. Depuis janvier 2025, 65 enfants ont déjà été suivis. D’autres restent sur liste d’attente. Dès le mois de mars, Solidarité Femmes 68 a commencé à oeuvrer pour maintenir ce service d’intérêt général, sans subsides publics.
Un unique soutien public
Sans la subvention de la CeA, il manquait 42 000 euros pour faire fonctionner la cellule. L’association a d’abord sollicité d’abord ses partenaires habituels : la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) et l’Agence régionale de santé (ARS), à hauteur de 15 000 euros chacune. Mais la réponse de l’ARS est rapidement tombée : elle ne pouvait pas financer de nouveaux projets cette année. Il faudra attendre le mois d’août pour que la CPAM accorde 10 000 euros à l’association. Ce sera le seul soutien public obtenu pour maintenir la cellule enfants.
Solidarité Femmes 68 va aussi solliciter sa Fédération nationale, qui collecte du mécénat pour soutenir ses antennes locales de plus en plus en difficulté, ainsi que la Fondation des femmes, qui redistribue elle aussi des fonds issus du mécénat à des associations œuvrant pour les femmes victimes de violences. En juin, la Fédération nationale verse 7 000 euros. La Fondation des femmes, elle, renvoie l’association à sa campagne de septembre.
Trouver des donateurs
Ne reste alors qu’une option : solliciter directement des soutiens privés. Un défi pour Véronique Laouer, directrice de Solidarité Femmes 68.
« En général, les financeurs publiques soutiennent nos dispositifs à hauteur de 80 %. On a l’habitude de chercher des fonds privés pour compléter. Mais cette année, c’était bouchée double. Il nous fallait à la fois compenser les 20 % habituels pour l’ensemble de nos activités et renflouer entièrement la cellule. Entre trouver 6 000 euros et en trouver 42 000, il y a une grosse différence. On a essayé de flécher le plus de dons possibles vers la cellule, mais on avait aussi besoin de soutien pour nos autres actions, dans un contexte qui est défavorable de toutes parts. »
Peu à peu, les soutiens arrivent, de chèques en chèques. Des clubs services du Haut-Rhin reversent les recettes de leurs ventes de fleurs du 8 mars, pour un total de 6 800 euros. À l’été, le marché Talents au féminin de Colmar et des clubs Inner Wheel locaux apportent 3 500 euros supplémentaires. L’initiative du sculpteur Francis Maller, qui vend ses statuettes au profit de l’association lors d’une exposition à Thann, rapporte près de 10 000 euros. À la rentrée, l’association Fil à lier verse 2 000 euros issus d’une tombola.
Trouver une pérennité
Cette solidarité a un coût humain important pour l’équipe, souligne Véronique Laouer. Les salariés multiplient les interventions en soirée et les présences le week-end pour défendre le dispositif auprès des donateurs :
« Il nous faut redoubler d’énergie pour être visibles. C’est du temps de travail que les travailleurs sociaux et cheffes de services salariés doivent pouvoir récupérer ailleurs. »
Autant de temps qu’ils ne passent pas auprès des femmes bénéficiaires de l’association. À ce stade, Solidarité Femmes 68 a collecté 22 000 euros de dons pour les enfants. Véronique Laouer salue cet élan précieux, mais ne s’en satisfait pas :
« Nos financements doivent être plus pérennes, ne serait-ce que parce que nos donateurs sont libres de changer de cause à l’avenir et c’est bien normal. »
Une cagnotte qui fait un flop
En juillet 2025, après un an de contrats à durée déterminée, l’association a pris le risque, malgré les difficultés de la structure, d’embaucher la psychologue de la cellule en CDI. Une cagnotte citoyenne est lancée, relayée sur les réseaux sociaux et par mail. Elle ne récolte que 835 euros, auprès de 18 contributeurs.

Véronique Laouer confie aussi s’être tournée vers l’actrice et vidéaste mulhousienne Laura Felpin pour relayer l’appel aux dons, sans succès. Un courrier adressé à Brigitte Macron n’aboutit pas davantage : la situation est simplement renvoyée vers la préfecture, déjà sollicitée en début d’année. « En plus, à partir de janvier 2026, il faudra tout recommencer pour trouver des financements. Et encore, je raisonne comme si j’étais certaine de l’aide de la Fondation des femmes pour 2025 », souffle-t-elle.
La directrice se surprend parfois à rêver d’un mécène providentiel, comme celui qui avait permis à des associations de solidarité dont Solidarité Femmes de Dijon de récolter 400 000 euros lors d’une vente aux enchères de vin.
Dans le Bas-Rhin, la cellule supprimée
Pour l’an prochain, l’association espère encore pouvoir compter sur les clubs services et sur l’ARS, « qui n’avait pas fermé la porte dans sa réponse du mois de mai ». Elle se dit aussi prête à se tourner vers le mécénat d’entreprises, au prix d’un investissement important en temps et en démarches administratives.
Dans le Bas-Rhin, Solidarité Femmes 67 n’a pas maintenu sa cellule pour enfants en 2025. Grâce à des fondations d’entreprises, elle est toutefois parvenue à lever 13 000 euros de dons. Une somme qui a permis d’augmenter les heures de travail de sa psychologue interne, afin qu’elle accompagne une partie des enfants qui continuaient d’être adressés à l’association. Pour 2026, Solidarité Femmes 67 s’est fixé comme objectif de dégager un mi-temps dédié à cette mission.


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