
Deux mille habitants pour 830 logements, une crèche, une école, une maison de retraite, un hôtel, des commerces, des bureaux… Le nouveau quartier Malraux-Danube, qui devrait s’élever autour du bassin d’Austerlitz et jusqu’au pont du Danube d’ici 2018, a l’ambition de devenir un nouvel épicentre pour Strasbourg. Mais des voix s’élèvent pour critiquer la densité, la circulation des flux et la qualité architecturale des projets.
Dans son bureau du centre administratif de Strasbourg, Alain Jund, adjoint au maire EELV en charge de l’urbanisme est entouré de plans punaisés aux murs représentant pour l’un l’axe Est-ouest (Heyritz-Kehl) pour l’autre une vue aérienne du centre-ville élargi. Sur son bureau et sa table de travail, des piles de dossiers décrivant les multiples projets en cours, éco-quartiers, autopromotion, aménagements des espaces publics, etc.
Sur les quartiers Malraux et Danube, la documentation est innombrable. Là des vues en 3D des trois « cygnes noirs » de l’architecte Anne Demians, ici l’étude du cabinet de Christian Devillers, en-dessous le cahier des charges des bâtiments du quartier Danube… L’élu travaille sur ces dossiers depuis 2008. Les premiers bâtiments devraient sortir de terre en 2014, les derniers en 2018. « On a pris notre temps pour bien faire les choses », argue-t-il.
Malgré ce temps passé à discuter des projets avec les conseils de quartier de Neudorf et de l’Esplanade tout proches, une présentation très applaudie de l’étude Devillers en 2011 présentant les grands axes du devenir de ce quartier, des critiques s’élèvent, principalement du côté de l’opposition municipale UMP et indépendants.
1 – Densité ou promiscuité ?
Le quartier Malraux, ce sera bientôt les bâtiments existants de Rivétoile et de la Médiathèque, l’entrepôt Seegmuller et la tour rénovés (future cité U pour étudiants étrangers), le Ciné Cité et les fameux « cygnes noirs », trois tours construites par le promoteur Icade, d’une hauteur de 50 mètres environ. Là, on comptera 180 logements, un hôtel, des bureaux, une crèche. En face, le quartier Danube accueillera 650 familles (dont 45% en logements sociaux et accession sociale à la propriété), sur un espace urbain comptant une douzaine de pâtés de maisons.
Dans les deux cas, des rues et ruelles seront aménagées, certaines d’une largeur de trois mètres à peine. Scandale, martèle Fabienne Keller, ex-maire UMP de Strasbourg, « les gens pourront se serrer la main d’un balcon à l’autre, ces ruelles seront d’ailleurs des espaces propices à l’insécurité ». Elle note :
« La densité ne me gène pas, le quartier de la Neustadt [ndlr : les quartiers allemands, Contades, Orangerie, République] est d’ailleurs le plus dense de Strasbourg. Mais il faut réfléchir à des respirations, ce qui n’a pas été fait ! A l’Esplanade par exemple, les espaces publics sont généreux, les appartements ont de très belles vues avec beaucoup de lumière, alors que là tout sera étriqué et les logements trop proches les uns des autres… »
Des cages à lapins, comme celles que la municipalité présente se targue d’avoir détruit au Neuhof ? Alain Jund répond sur la densité :
« Mieux vaut avoir de l’intensité urbaine là que dans le Kochersberg ! Ce qui va donner envie d’habiter dans ce quartier, c’est la diversité des hauteurs à laquelle on a veillé : il va y avoir du R+1 [ndlr : un étage] comme du R+10. Il va y avoir des jardins sur les toits, qui seront des espaces naturels collectifs. Le travail sur les vues a été mené de façon méticuleuse par des architectes obligés de travailler à plusieurs sur chaque lot et éviter ainsi les gènes et les vis-à-vis… »
Les documents d’urbanisme validés en conseil de communauté urbaine indiquent par ailleurs que « pour éviter les vis-a-vis ou les ombres portées trop importantes, les volumes les plus hauts devront être implantés en quinconce ».
2 – Où sont les places ?
L’interrogation qui revient périodiquement concerne les places, placettes et autres espaces publics de vie. Pour Fabienne Keller et son équipe, le souci majeur porte sur la place Jeanne-Helbling, dont il a été question au dernier conseil municipal. Cette place est aujourd’hui vide. C’est elle qui s’étend le long de l’eau et du silo à voitures du Ciné Cité, entre le cinéma et Rivétoile. Alors que l’opposition plaide pour un « petit Central park » à cet endroit, un « poumon vert » pour le quartier, sur les plans de Devillers, des bâtiments s’élèvent sur cette place. On peut également lire dans le dossier de modification 35 du plan d’occupation des sols de Strasbourg :
« Entre le cinéma UGC et le centre commercial Rive Etoile (sic), un nouvel immeuble viendra délimiter la nouvelle place Jeanne-Helbling. Il aura l’avantage de minimiser l’impact de la façade arrière du parking UGC, tout en rapprochant le centre commercial du complexe cinématographique. »
On ne pourrait être plus clair. Pourtant, « rien n’est figé », assure Alain Jund. Cette modification du POS rend juste la construction possible, mais rien n’est prévu à cet endroit pour le moment ».
Côté quartier Danube, l’équipe d’opposition s’inquiète de la seule présence d’une « placette en bas d’une tour » à proximité de la station de tram Winston-Churchill. Balivernes, à écouter l’adjoint en charge de l’urbanisme, qui assure :
« Le quartier sera traversé par une place aussi grande que la place Broglie. Elle sera bordée de commerces et les voitures pourront y circuler, mais uniquement pour faire de la dépose. »
3 – Des flux de circulation mal pensés ?
La circulation, parlons-en. Dans ces deux quartiers, qui n’en feront plus qu’un demain, elle serait « mal pensée » aux dires de l’opposition. La critique porte d’abord sur le fait que les lots du quartier Malraux ont été attribués à Icade avant que l’étude sur les espaces publics – qui n’a démarré que cet automne – soit finalisée. La charrue avant les bœufs, tacle Fabienne Keller, qui émet une seconde critique :
« On parle de « ville nouvelle » alors qu’on fait une zone bouchon avec ces quatre tours (trois à Malraux, une en face à Danube) qui sera difficilement un lieu de vie. Les gens ne pourront pas y passer, ce sera une zone résidentielle où personne ne va ! Avec en plus des ruelles craignos… »
Tableau bien noir qu’efface d’un geste Alain Jund : « Les ruelles, c’est aussi ça qui fait le charme d’une ville… » Méthode Coué ?
4 – La qualité architecturale en question
Alors qu’au Bruckhof-Aristide Briand ou au Heyritz, le tout-béton est en marche, les bâtiments de l’éco-quartier Danube devraient répondre à un cahier des charges « que l’on ne voit nulle par ailleurs », assure Alain Jund, alliant performance énergétique, du BBC à la maison passive, formes urbaines variées et matériaux divers. On devrait retrouver du béton bien sûr, mais aussi du métal, du bois, de la brique et de la terre-paille. Une diversité garante de la qualité architecturale du site, espère l’adjoint, amateur d’une architecture « chahutée ».
Concernant les hauteurs, elles ne dépasseront pas les 50 mètres. Le projet d’une tour de « grande hauteur » (100 mètres) ayant fait long feu, ce seront trois tours qui s’élèveront côté Malraux, une autre côté Danube. Sur ce sujet, l’opposition ne se dit pas « anti-tour » mais réclame « du recul et une gestion de l’atterrissage ». Là, tout serait trop tassé. Et pour en remettre une couche, Fabienne Keller assène : « Quatre tours, c’est une erreur ».
Les Strasbourgeois jugeront. Deux mille d’entre eux devraient pouvoir s’installer dans ce nouveau quartier d’ici 4 ans environ. Une école, une crèche, une maison de retraite, une grande école (l’Inet), des commerces et des bureaux devraient participer à l’animation et à l’attractivité du quartier, qui accueillera peut-être aussi les bureaux de Pôle Emploi. Un projet aux antipodes, en tout cas sur le papier, des principes de séparation des espaces résidentielles et d’activités qui ont prévalu dans les années 1960, alors que l’on construisait à Strasbourg le grand ensemble de logements sociaux en tours et barres du Neuhof nord…
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À lire les commentaires, on a l'impression qu'il y a peu (voir pas) de satisfaits ...
L'Axe Heyritz-Malraux-Danube semblait être visionnaire à une époque. Mais plus on avance, plus les modifications me font penser à un mix entre Espla et Neudorf : des Tours Carrées (qui vont mal vieillir) et des logements individuels.
Quand on voit le visage actuel des projets et des constructions (genre le bâtiment au dessus de l'entrée Parking à Rivetoile, côté Avenue du Rhin), on écarte les yeux tellement c'est ... comment dire ... avant-gardiste ? Des cubes empilés un peu à la va-vite. Les cubes des années 70, adaptées à la sauce années 2010 en gros
Pourtant, on peut en faire de belles choses, avec des "cubes" ...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_des_archives_%28Rouen%29
Et pour les allergiques aux cubes, on peut faire un peu d'originalité !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Turning_Torso
Sinon, quand je vois l'illustration des 3 "signes" de la Place Churchill, se dégageant gracieusement au loin, avec une grande place, je me demande où se trouve cette grande place.
Passant tous les matins en tram à cet arrêt, j'ai du mal à imaginer 3 tours entrant dans cet espace :/
Tout ça parce que, paraît-il, les habitants ne voulaient pas qu'une tour de 100m leur masque la vue sur les Vosges ou la Forêt Noire :)
"On habite le quartier de l’Esplanade par choix ?"
Il ya en qui le font pourquoi croire qu'on les force?
c'est pas le votre ok , ni le miens d'ailleurs mais j'ai connu un couple d'amis qui ont été content d'y trouver une location plutôt bon marché , proche du centre et c'etait pas une cage à lapin;
vous comprenez pas ok mais moi je comprend pas le choix de certains d'acheter à lamperteim (par ex) des maisons (aussi moches voir plus que des tours à l'esplanade) hors de prix, dans des quartiers residentiels sans âmes,ni lieu de vie, ni commerces, ni rien en fait m^me pas le "charme de la campagne " (des champs de maïs surtraité aux pesticides) ,des cités dortoirs pour riches en fait.
ils ont le choix eux pourtant ! je comprend encore moins en fait.
Parce qu'au-delà du choix d'architecture, c'est avant tout un choix de la destination du quartier qui importe. Et tout cela, en se reposant sur l'Historique de l'évolution de la ville comme Hautepierre par exemple (bourgeois à l'origine...), RivesEtoile, Les Halles..
A l'esplanade et en semaine, la présence d'autant de personnes dans les rues est avérée... En revanche, c'est mort (voir mortel) le week end. Pourquoi ? La réponse se trouve certainement à La Krutenau où les centres d'attractions et la vie de quartier sont permanents.
Quant à RivesEtoile, la fréquentation est loin des espérances d'origine. Un centre commerciale sans âme, limite en carton-pâte où les gens ayant investis tentent de revendre leurs biens sans y parvenir.
Est-ce que nous sommes dans l'obligation de reproduire les mêmes erreurs ou nous avons le souhait d'évoluer et de créer réellement un deuxième pôle central au centre ville ?
Pourquoi ne pas profiter (voir d'abuser) de la situations de ce lieu : très proche du centre mais légèrement désaxer, sans vis à vis direct (donc pas de grosses gênes pour le voisinage) ? Pourquoi coller 2000 habitants (sans parler du prix du mètre carré) ? Pourquoi instaurer uniquement des grandes chaînes internationales (que l'on pourra trouver partout ailleurs !!)
La situation géographique est un plus qu'un privilège !! Faisons un lieu de vie diurne et nocturne en développant un patchwork de petites boutiques, de galeries d'arts, magasins spécialisés, marché couvert, bistrots, bars de nuit, discothèques et autres animations. Un lieu où il est bon de se balader de jour comme de nuit, animé par de nouvelles découvertes perpétuelles. Privilégions les indépendants en les saupoudrant de grandes marques de renom. La Ville instaure bien une part sociale/environnemtale dans ces appels d'offres.
Qu'elle démontre qu'elle est moteur et exemplaire dans cette démarche !!
Qu'elle démontre son attractivité et son ambition de Capitale Européenne !!
Qu'elle démontre qu'elle sait oser et qu'elle est visionnaire... comme la politique doit l'être..
http://www.asien-news.de/wp-content/uploads/duesseldorf.jpg
pouquoi on fait de la m---- à Strasbourg? Pourquoi avons-nous si peu d'audace????
On est soit disant la capitale d'Europe mais on s'enterre sous le médiocre...? Les larmes m'en viennent...on est nul!!!!
ou alors quelque chose dse plus petit (juste pour 200 personnes au lieu de 2000):
http://www.panoramio.com/photo/6431699
http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=873494&highlight=oslo
Beaucoup de diversité des formes, des couleurs, des matériaux, ce qui donne un rendu très classe et beau, sans forcément avoir besoin de construire du néo-baroque.
Mais j'adore aussi l'exemple d'Amsterdam, construire un nouveau quartier très contemporain tout en respectant l’identité d'Amsterdam, car en voyant ça, on sait que nous sommes à Amsterdam et non à Toulouse, en tout cas on suppose.
http://www.hafencitynews.de/wp-content/flagallery/hcn/orte/Traditionsschiffhafen.jpg
4500 €/m², c'est ce qui est prévu pour les tours. on n'est pas sur le modèle économique du Neuhof!!!
Après, je ne dis pas que ça va bien vieillir,... je suis même plus que réservé sur la question. Mais rechercher de la densité à cet endroit me semble une bonne chose
Strasbourg n' a pas un tissu économique et financier assez fort pour obliger les gens à habiter en son centre, dans des cages à lapin. On vit si bien 15 minutes de Strasbourg.
Habiter à 15km, c'est un luxe qu on ne peut plus trop se permettre (comme modèle, je veux dire). L'étalement urbain c'est fini. Faut être cohérent et arrêter de vouloir à la fois la campagne, la ville, les routes sans bouchons mais aussi pas de route parce que le hamster... (ou autre chose)
Tant qu'a habiter une cage à lapin autant que ce soit en ville d'ailleur peut on avoir votre definition de la cage a lapin.
Autre chose, comment se fait-il qu'en 2012 on n'est pas accès à une modélisation 3D de toute ce dont on est en train de parler afin que chaque strasbourgeois puisse se ballader virtuellement, puisse prendre en main ce nouvel espace et ainsi se faire sa propre opinion ?
On est donc loin des bars lounge voir discothèque qui était pourtant évoqué dans le cahier des charges original lors du tout premier appel d'offre.
Exit aussi le projet de restaurant panoramique en haut d'une tour que l'un des 3 derniers candidats pour les 3 tours malraux avaient proposé.
à la place nous aurons donc un nouveau quartier presque exclusivement de logement dont on connaît les prix : 4500€ le m², je doute que les gens qui achètent à ce prix à Strasbourg veulent être "emmerdé" par des gens traînant tard le soir, sortant des bars...
La ville voulait créer un nouveau centre-ville... ça sera peut-être vivant la journée comme c'est déjà un peu le cas aujourd'hui avec la présence de la médiathèque, de l'UGC, de Rivétoile, mais ça n'ira pas plus loin, le soir ça sera mort, et la vie nocturne continuera à se produire finalement essentiellement dans le centre-ville historique.
Je ne dit pas le contraire, mais simplement que c'est le seul endroit où il existe une activité nocturne, et qu'il restera encore le seul endroit à l'avenir, vu la tournure des projets en cours sur l'axe des deux-rives.
Où l'on se rend compte que la (pseudo)concertation freine et affadit les projets (ce qui ne veut pas non plus dire qu il faille une gestion monarchique de ces dossiers), que la vision d'ensemble reste très floue et que de part et d'autre on se fait mousser sur le sujet (le coup de la "ruelle craignos" par Fabienne Keller vaut quand meme son pesant de cacahouettes).
Comment en fera t'on des lieux de vie. Quel est le projet exact... d'un point de vue commercial, uniquement des franchises? Veux t on démultiplier le modèle Rivétoile? si on laisse uniquement le marché faire les choses, c'est ce qui va fatalement se produire... Et il y a un fort risque d'échec.
Quand on construit quelque chose ex nihilo, si l on veut de la diversité (sociale, économique, culturelle), il faut laisser de la place pour des projets alternatifs. On n'en entend pas beaucoup parler.
Le centre culturel associatif sur le pole Seegmuller, toujours d'actualité? enterré?
Un investissement Kleenex de plus: les 5 premières annés c'est beau , puis après ca pourri. Il suffit de voir le Ciné-cité et sa facade pour comprendre, ou alors la galerie marchade de la gare centrale et sa staion de trame dégueu...
les tours vont baisser de hauteur, il y en aura qu'une finalement voire deux, le petit central park va devenir deux ou trois tilleuls et quelques marronniers. Les franchises de malbouffe ouvriront leur porte... puis les fermeront remplacées par des agences bancaires ou des cabinets dentaires. Le prix du mètre carré inaccessible aux jeunes foyers...
Quant aux péniches-bar qui devaient fleurir... elles feront trop de bruit. De toute façon la darse près du ciné cité sera comblée pour faire un parking dont Rivetoile aura besoin...
Bon, ça risque pas de chambouler la vision de la ville au XXIe siècle... ni les problèmes d'attractivité de Strasbourg...
john