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Voile et délit de faciès au rassemblement contre l’islamophobie à Strasbourg

Une centaine de personnes se sont rendues lundi 28 avril à un rassemblement contre l’islamophobie à Strasbourg. À la suite de l’assassinat d’un fidèle dans le Gard, les participants ont dénoncé des actes qui les ont visés en tant que musulmans en France.

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Voile et délit de faciès au rassemblement contre l’islamophobie à Strasbourg
Les manifestants étaient moins nombreux ce lundi 28 avril qu’ils ne l’étaient la veille lors du premier appel du dimanche 27. Environ 150 manifestants avaient été comptabilisés contre une centaine ce lundi.

Lundi 28 avril, moins d’une centaine de personnes se sont regroupées place Kléber à Strasbourg, devant la statue du général. Elles ont répondu à un appel à se rassembler contre l’islamophobie, relayé par plusieurs organisations comme l’Association des travailleurs maghrébins ou le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap). Le rassemblement visait à répondre à l’émotion suscitée après l’assassinat d’un fidèle dans une mosquée du Gard, vendredi 25 avril.

« L’islamophobie est de plus en plus banalisée », s’inquiète Fahad, président de l’Association des étudiants musulmans de France :  « Lorsqu’un représentant de l’État se permet de déclarer “À bas le voile” (lors d’un colloque sur l’islamisme le 26 mars, NDLR), c’est violent pour toute la communauté musulmane ».

Délit de faciès

Fahad, président de l’association des étudiants musulmans de France.

D’origine pakistanaise, il affirme s’être fait arrêter par les forces de l’ordre « une dizaine voire une quinzaine de fois pour des contrôles de routine ». Un contrôle l’a particulièrement marqué :

« En mars, je raccompagnais un ami blanc. Un policier m’arrête et me demande mes papiers d’identité. Puis il me demande ma nationalité, je réponds que je suis français et là, il s’agace et me demande ma “vraie nationalité”. J’en suis venu à m’habituer à ce climat. »

Toutes les personnes présentes au rassemblement n’étaient pas musulmanes. Certaines représentaient des partis politiques de gauche en portant des drapeaux de LFI ou du NPA… Ali Basaran est athée, d’origine turque. Il constate « une communautarisation de l’espace politique ». À côté de lui, Aziza Ouali cite en exemple un différend entre une employée intérimaire de Geox qui refusait d’enlever son voile malgré les injonctions du responsable du magasin de Strasbourg en avril 2024.

L’atteinte au voile parmi les actes islamophobes

Dans ce rassemblement, seules quelques femmes portaient un voile. L’une d’entre elle, Aya suit un BTS aux métiers du commerce. Mais en février 2024, au cours d’une présentation publique lors d’un forum d’orientation, un enseignant lui a demandé d’enlever son voile :

« J’ai été particulièrement blessée par la violence de la demande. Il aurait pu s’exprimer calmement et je serais partie. »

Elle change alors de formation et cherche un emploi en alternance mais sa recherche n’aboutit pas :

« Entre mars et septembre, j’ai envoyé une centaine de candidatures, mais je n’ai reçu que des réponses négatives. Sur mon profil Linkedin (un réseau social dédié à l’emploi, NDLR), j’ai changé ma photo de profil par une sans mon voile et j’ai tout de suite vu la différence. Des inconnus ont commencé à partager mon profil et en un mois, j’ai trouvé un emploi. »

Chayma ne se « sent pas légitime en France à vivre son culte ».

Plus loin dans la foule, Chayma écoute les discours des différentes associations. Elle aussi porte le voile depuis décembre. « C’était une grande étape dans ma foi », confie-t-elle. Âgée de 22 ans, Chayma est vendeuse pour l’enseigne de prêt-à-porter Zara, elle raconte qu’une cliente lui aurait avoué être déçue de la voir avec un voile. « Dans le tramway, une personne qui souhaitait prendre ma place assise m’a insultée en alsacien », cite-t-elle également. « Cette personne s’est très vite énervée et m’a dit que j’aurais dû apprendre l’alsacien en venant m’installer en Alsace. » Chayma est née à Strasbourg. 


#islamophobie

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