À partir de ce lundi 12 décembre, les usagers des transports en commun bas-rhinois découvriront le réseau express métropolitain européen (REME). « 800 trains supplémentaires par semaine, avec de plus grandes amplitudes et une intensification le week-end dès ce mois de décembre. En septembre 2023, on augmentera encore pour arriver à 1 000 trains en plus », résume Jean Rottner (LR), président de la Région Grand Est. L’élu haut-rhinois est fier de présenter le REME, « une première nationale », à Paris, à la Maison de l’Alsace ce mercredi 7 décembre. Le ministre des Transports Clément Beaune est présent pour l’occasion.
Le projet est issu d’une collaboration entre la Région et l’Eurométropole de Strasbourg, dont la présidente Pia Imbs (sans étiquette), rappelle les investissements des deux collectivités :
« Le REME, c’est 15 millions d’euros supplémentaires par an, répartis équitablement entre la Région et l’Eurométropole. Il répond à trois objectifs : réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports, donner plus possibilités de déplacement alternatives à la voiture du fait de l’augmentation du prix du carburant, et améliorer la qualité de l’air à Strasbourg, en synergie avec la mise en place de la ZFE. »
Manque de personnel
Les élus locaux insistent : le REME concerne aussi les bus et les cars, dont la fréquence et la rapidité des lignes seront aussi augmentées. Un beau projet sur le papier, salué par le ministre et le P-DG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui participe aussi à l’événement, « un jour de fête », dit-il.
Pas sûr que les syndicats des cheminots apprécient, même si sur le principe, ils soutiennent le projet. Ils étaient en grève le 25 novembre pour dénoncer une augmentation des cadencements irréaliste et diffusaient un tract pour l’occasion, demandant « les moyens de travailler » :
« À l’heure actuelle, de nombreux trains sont supprimés. Prétendre augmenter le plan de transports alors que nous n’avons déjà pas les moyens de tenir la charge actuelle est une arnaque. […] Plus de retards, plus de suppressions, moins d’informations… C’est malheureusement à cela que risque de ressembler le REME 2023. »
Jean Rottner : « Encore cinq ans de travail »
Les associations d’usagers ASTUS et Bruche-Piémont Rail font la même observation : il manque du personnel et du matériel. Elles s’inquiètent aussi d’une dégradation quasi-automatique du service des TER au-delà de l’étoile strasbourgeoise, à cause d’une concentration des efforts localisée autour de l’Eurométropole. Interpellé sur ces sujets, Jean Rottner a concédé que des dysfonctionnements risquent d’avoir lieu au lancement : « Le rail, c’est du temps long, on travaille depuis quatre ans sur ce projet, et on a encore cinq ans de travail. »
Concernant le manque de moyens, le P-DG de la SNCF a rapidement répondu que sa société travaillait pour « résoudre ces problèmes de fond ». La direction de l’entreprise ferroviaire expliquait à France Bleu que 37 conducteurs ont été recrutés (sur 83 nécessaires pour le fonctionnement du REME) et seront opérationnels avant le 12 décembre, et que les cheminots d’autres régions et des retraités pourront aider. Pas évident, vu la pénurie générale de conducteurs de trains en France. La SNCF ne parvient plus à recruter suffisamment, dans un contexte où certains avantages des cheminots ont été supprimés par le gouvernement, alors que les horaires difficiles et les gros déplacements persistent.
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