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Ressources en baisse et précarité persistante, Caritas Alsace appelle à l’aide pour répondre au Covid

L’association caritative Caritas Alsace est inquiète. Son action en 2019 a progressé alors que les effets du Covid font baisser ses recettes, augmente le nombre de précaires et réduit la participation des bénévoles…

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Ressources en baisse et précarité persistante, Caritas Alsace appelle à l’aide pour répondre au Covid

Jessica a trente ans et trois enfants. Depuis sa séparation d’avec un conjoint « insultant et dégradant », Jessica galère. En juillet 2019, elle perd son boulot après une proposition d’emploi à plein-temps. Seule, la mère ne peut pas cumuler la garde de ses trois enfants en bas âge et un job dans la restauration. Sans revenu depuis plus d’un an, la jeune trentenaire se rend régulièrement dans l’épicerie solidaire de Caritas Alsace à Mulhouse. « Généralement, c’est à partir du 20 du mois que ça devient chaud », explique-t-elle, lors d’une présentation du bilan de l’association caritative à la presse, mardi 10 novembre.

« Généralement, c’est à partir du 20 du mois que ça devient chaud. » Depuis sa séparation, Jessica galère seule avec la garde de ses trois enfants. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

27% de mères isolées

Caritas Alsace a analysé les profils de 3 888 familles soutenues en 2019 (sur un total de 14 685 ménages). Les mères isolées comme Jessica constituent 27% du public aidé par la structure caritative. En tout, les familles forment 62% des personnes soutenues par l’association. « Ce sont plus de 10 000 enfants qui sont concernés par ces situations de pauvreté », note le directeur de Caritas Alsace, Olivier Coupry, avant de préciser : « Les familles qui vivent le plus mal sont des mères seules, sans travail et sans allocations. »

En comparaison avec 2018, les profils des personnes aidées n’a que peu évolué. La moitié des bénéficiaires sont d’origine étrangère et 57% des ménages soutenus par l’association n’ont pas de travail.

« Une précarité qui s’ancre »

Olivier Coupry note également une légère hausse du public de plus de 50 ans. En 2019, ils constituaient 29% des personnes aidées par Caritas Alsace, contre 23% en 2013. Mais le président de la Fédération de Charité Caritas Alsace, Jean-Marie Schiffli, s’inquiète de voir « une précarité qui s’ancre dans la durée » : 46 % des personnes qui se sont rendues chez Caritas Alsace en 2019 étaient déjà connues des bénévoles l’année précédente. En 2011, seul 26% du public de l’association venait pour la seconde année consécutive.

À gauche, Olivier Coupry, directeur de Caritas Alsace. À droite, Jean-Marie Schiffli, président de la Fédération de Charité Caritas Alsace. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

Selon les calculs de Caritas Alsace, une fois les dépenses de base déduites (loyer, charges, électricité…), un tiers de son public vit avec moins de 4€, par personne et par jour.

Les effets du covid redoutés

Les effets de la pandémie de coronavirus ne sont pas encore visibles dans ce rapport de l’association. Mais le directeur de Caritas Alsace a esquissé les deux conséquences principales que la crise sanitaire aura pour sa structure. Au niveau du public de l’association, Olivier Coupry note « une augmentation comprise entre 10 et 20% des demandes », tout en craignant « d’être au creux d’une vague » de nouveaux bénéficiaires, sur le point de déferler. Comme le note Jessica, mère isolée et aidée par Caritas à Geispolsheim, « les gens attendent souvent jusqu’au bout des économies, et après avoir demandé de l’aide à des amis, avant de venir dans une association. »

Autre conséquence de la crise sanitaire, les bénévoles sont moins nombreux. « Toutes nos équipes ont perdu des membres, de 10 à 50% des effectifs », décrit le directeur de Caritas Alsace. La crainte d’être contaminé par le coronavirus expliquerait une partie de cette désertion. Le président de l’association déplore un manque à gagner de 300 000 euros cette année, « avec l’annulation des fêtes, concerts et autres manifestations pour récolter des fonds. »

Inquiète pour ses recettes et face à une potentielle hausse des besoins, l’association appelle au soutien des Alsaciens.


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