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Roman graphique et militantisme queer : rétrospective Alison Bechdel à Bâle

Auteure de « Lesbiennes à suivre » et du fameux test de Bechdel, l’Américaine Alison Bechdel a écrit et dessiné des romans graphiques engagés, souvent autobiographiques et pleins d’humour. Le musée de la caricature et du dessin humoristique de Bâle lui consacre une grande rétrospective jusqu’à fin octobre.

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Roman graphique et militantisme queer : rétrospective Alison Bechdel à Bâle
Alison Bechdel pose au milieu de sa propre rétrospective à Bâle.

Son test est presque plus connu qu’elle. L’auteure de BD Alison Bechdel est née en 1960 en Pennsylvanie. Elle débute sa carrière avec la série Dykes to watch out for (littéralement « Lesbiennes à suivre ») dont les planches sont publiées dans le magazine féministe WomaNews, à partir de 1983.

C’est dans cette BD, résolument queer et militante qu’est évoqué pour la première fois le « test » mettant en évidence la surreprésentation des protagonistes masculins dans les oeuvres de fiction. Dans cette série, un personnage explique que pour qu’un film ne soit pas sexiste, il faut qu’il réponde à trois critères : au moins deux personnages féminins, qui parlent entre elles d’autre chose que d’un homme. Le test de « Bechdel » était né.

L’oeuvre d’Alison Bechdel est loin de se résumer à ce test. Ses réalisations sont exposées au musée de la caricature de Bâle, à l’occasion de la plus grande rétrospective organisée à ce jour en Europe. 250 planches, films et objets tirés de l’univers de l’auteure américaine sont présentés dans l’exposition jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Une scénographie originale et colorée

Le musée a fait le choix de présenter une oeuvre par pièce et chaque pièce a une couleur différente. L’exposition commence au rez-de-chaussée, dans une salle dont le mur du fond est couleur Lila. Sur ce même mur comme autant de portraits de familles sont présentées les protagonistes de « Lesbiennes à suivre ». Dans cette série, à laquelle Alison Bechdel a mis un coup de crayon final en 2008, elle raconte les aventures d’une bande de copines lesbiennes dans une ville moyenne des États-Unis.

Des planches originales sont suspendues sur les murs, entre les portraits des protagonistes. Tous les extraits d’œuvres présentés dans le musée sont des originaux, en anglais. Mieux vaut donc maîtriser un minimum la langue de Shakespeare. Les cartels explicatifs, eux, sont en anglais et en allemand.

Sexualité et dynamiques familiales : des thèmes majeurs de l’œuvre de Bechdel

À l’étage dans une pièce complètement rouge, ce sont des crayonnés, des planches originales mais aussi des aquarelles de « C’est toi ma maman ? » qui sont exposées. Dans ce roman graphique paru en 2012, elle questionne ses relations avec sa mère. Sur un mur, un miroir barré d’une citation de Donald Winicott : « Le précurseur du miroir est le visage d’une mère » pose les bases de la réflexion que l’auteure va développer tout au long de la BD.

Une autre salle, intégralement bleue, est consacrée à « Fun home – une tragicomédie familiale », le best-seller qui lui a valu le prix Eisner en 2007 (la plus haute distinction américaine en BD) et lui assuré une visibilité internationale. Elle y dévoile son enfance, son père secrètement bisexuel, au un goût imparable en matière de décoration d’intérieur, à la fois professeur d’anglais et embaumeur. Sur les murs au trait noir fin est dessinée… la représentation de la maison d’Alison Bechdel.

Dans une toute petite salle, volontairement laissée blanche cette fois-ci, ce sont des planches de sa « Coming out story » que le visiteur peut lire. Le titre est écrit dans la même police que celle utilisée pour annoncer les films et livres d’horreur des années 70. Pleine d’humour, l’œuvre de Bechdel est à ses débuts intégralement en noir et blanc.

Au fur et à mesure de sa carrière, la couleur irrigue son oeuvre. Dans le roman sur sa mère, la seule couleur à apparaître est le rouge. Dans son dernier opus, « Spent », paru en 2025 et présenté dans la dernière salle, toutes les planches sont colorées par sa compagne.

Les visiteurs déambulent ainsi de pièces en pièces, changeant d’ambiance, de décor mais suivant le fil narratif de son œuvre, autofictionnel au départ, autobiographique par la suite. La rétrospective permet de se plonger ou de se replonger dans une œuvre dense, intime et pourtant universelle. Les planches exposées décortiquent le processus de création de ses romans graphiques et proposent d’en découvrir les bonnes pages, l’essentiel donc d’Alison Bechdel. L’exposition a débuté le 5 juillet et est visible jusqu’au 26 octobre.


#Bâle

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