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La SPA s’agrandit et appréhende l’après Noël

A la SPA de Strasbourg, située route du Rhin, 500 chiens et 900 chats étaient recueillis en 2012. Vétuste, le refuge qui sert aussi de fourrière pour les communes de la CUS sera déménagé dans un an derrière Ikea. A la veille des fêtes et alors que démarrent les travaux des nouveaux locaux, la SPA aimerait que les animaux ne soient pas offerts comme cadeaux de Noël.

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La SPA s’agrandit et appréhende l’après Noël

Les "adoptants" envoient souvent des photos de leurs animaux à la SPA de Strasbourg, ici à l'accueil route du Rhin (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Les « adoptants » envoient souvent des photos de leurs animaux à la SPA de Strasbourg, ici à l’accueil route du Rhin (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Le couvercle d’une boîte qui se soulève tout seul, une fois le ruban dénoué. Cette scène, on l’a vue, enfants. Dans les semaines et les mois qui suivent les fêtes de Noël, la SPA de Strasbourg recueille en masse chatons et chiots dont les familles se débarrassent finalement. Les raisons les plus couramment invoquées : allergies, dégâts occasionnés par des chiens laissés seuls pendant la journée de travail de leurs maîtres, séparations du couple… Le refuge (et la fourrière communautaire qui y est intégrée) se remplit ainsi chaque année d’environ 500 chiens et 900 chats, dont 90 à 95% sont dans les mois ou les années qui suivent adoptés par de nouvelles familles (ou récupérés par leurs propriétaires), euthanasiés ou, tout simplement, décèdent.

Dix ans d’attente dans des locaux vétustes

Les chiffres grimpent d’année en année, assurent les responsables de l’association, alors même qu’une partie des échanges d’animaux, dons ou ventes, se font aujourd’hui sur internet, notamment sur Le Bon Coin. Dans ce contexte et à l’approche des fêtes, le message de la Société protectrice des animaux est clair, « un animal n’est pas un cadeau, c’est un être vivant ». La décision de l’adopter doit être prise en famille, avec les conseils d’un vétérinaire chargé d’expliquer aux nouveaux propriétaires leurs obligations légales (bientraitance, vaccins, tatouage…).

A la SPA, l’équipe d’une vingtaine de salariés, dont 5 à temps plein, veille donc à dissocier les adoptions de la période de Noël. Elles se font en trois temps – choix, contrat, visite 3 mois après chez l’adoptant – et concernent des animaux le plus souvent castrés (chats mâles) ou stérilisées (chiennes et chattes).

La SPA héberge actuellement 69 chiens route du Rhin. Le nouveau refuge pourra en accueillir 116, la fourrière qui lui sera adossée, 25 (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
La SPA héberge actuellement 69 chiens route du Rhin. Le nouveau refuge pourra en accueillir 116, la fourrière qui lui sera adossée, 25 (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
281 chats vivent actuellement route du Rhin. La nouvelle structure pourra en accueillir 39 en fourrière et 179 en refuge (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
281 chats vivent actuellement route du Rhin. La nouvelle structure pourra en accueillir 39 en fourrière et 179 en refuge (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Actuellement située route du Rhin, en face du nouveau bâtiment Grand angle et derrière le gymnase du Bruckhof en construction, la SPA est installée dans des locaux vétustes où, en ce début décembre, 69 chiens, 281 chats, 7 lapins, 3 cochons d’inde et 1 hamster vivent dans des cages dimensionnées pour 30% d’animaux en moins. Alors que l’association voit enfin le bout du tunnel, son président, Alfred Gebhart, raconte :

« Depuis 10 ans, les municipalités successives nous promettent un nouveau refuge. Du coup, nous n’avons plus rénové. Dans cette période, j’ai signé pour 3 préfabriqués et 2 cabanes afin de faire face à l’augmentation du nombre d’animaux accueillis, à la SPA (animaux déposés) ou à la fourrière (animaux errants ou abandonnés amenés par les pompiers). Fabienne Keller [ndlr, maire UMP de Strasbourg de 2001 à 2008] avait un projet à la Rotonde, mais ça a capoté à cause des riverains. En 2009, Olivier Bitz [adjoint au maire PS] s’est saisi du dossier. On a fait des réunions pendant 2 ans et on nous a finalement proposé le terrain derrière Ikea. On espère rentrer dans les nouveaux locaux début 2015. »

Rue de l’Abattoir, renommée pour la SPA

Les travaux viennent de démarrer derrière le magasin de mobilier suédois, sur un tronçon de la rue de l’Abattoir renommé exprès. « Que le papier à entête de la SPA porte une adresse rue de l’Abattoir, ça ne l’aurait pas fait », s’amuse Olivier Bitz. Rue de l’Entenloch donc, un complexe de 2 500 m² va sortir de terre en 2014. Financé par la ville de Strasbourg (3,75 millions d’euros) et le conseil général du Bas-Rhin (250 000€) pour la partie refuge SPA, et par la CUS pour la partie fourrière (1,25M€), cet ensemble comportera deux entrées et certains services mutualisés, comme la clinique. Un marché devra être passé pour la partie fourrière – mission de service public – que tous les acteurs espèrent remporté par la SPA, qui en assure actuellement la fonction. Le président de noter :

« On va monter le dossier pour l’appel d’offres et c’est la CUS qui décidera. Moi, je veux garder les animaux et j’ai bon espoir que l’on reconnaisse notre travail. Après, si c’est un privé qui remporte le marché, on fera en sorte de s’entendre… »

Olivier Bitz, Pascale Jurdant-Pfeiffer, Alfred Gebhart, Roland Ries et Serge Oehler à la pose de la première pierre du refuge SPA, ex-rue de l'Abattoir (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Olivier Bitz, Pascale Jurdant-Pfeiffer, Alfred Gebhart, Roland Ries et Serge Oehler à la pose de la première pierre du refuge SPA, ex-rue de l’Abattoir (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Visuel du nouveau refuge, mis en service fin 2014 (Crédit agence Kauffmann & Wassmer Architectes, OTE et OTELIO)
Visuel du nouveau refuge, mis en service fin 2014 (Crédit agence Kauffmann & Wassmer Architectes, OTE et OTELIO)

Selon Olivier Bitz, c’est à cause de la relocalisation du refuge que le dossier a tant traîné. Il note :

« C’était très compliqué de trouver un nouveau site. Il fallait que le terrain soit éloigné de 300 mètres des habitations à cause des nuisances [ndlr, aboiements, odeurs éventuelles]. Honnêtement, il n’y avait que celui-là à Strasbourg. Du coup, on a dû reloger les forains qui étaient installés là et créer de nouveaux jardins familiaux pour des personnes qui étaient très attachés à leur jardin ici. En réunion, certains pleuraient… »

De 19 jardins, l’on est passé à une quarantaine, assure Serge Œhler, adjoint et conseiller général du quartier. Les forains, eux, ont été installés non loin de la patinoire l’Iceberg.

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : terrain miné de Noël, après les churros le foie gras (novembre 2012)

Sur Rue89 Strasbourg : animaux de cirque, les militants grognent, les élus s’en cognent (mars 2013)


#Olivier Bitz

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