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Stanislas Nordey veut un TNS plus ouvert et moins classique

Le nouveau directeur du Théâtre national de Strasbourg a présenté son projet pour ses cinq ans à la tête de l’institution. Dans les réorientations, une « autre saison » gratuite, une école plus valorisée ou moins de pièces classiques.

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Stanislas Nordey veut un TNS plus ouvert et moins classique

Stanislas Nordey, nouveau directeur du TNS, présente son projet (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Stanislas Nordey, nouveau directeur du TNS, présente son projet (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Étudiant en théâtre, il avait été recalé du concours d’entrée de l’école, mais depuis septembre, Stanislas Nordey dirige le Théâtre national de Strasbourg (TNS). Le metteur en scène a présenté mardi 24 mars son projet culturel pour les cinq années à venir. La difficile passation avec l’ancienne directrice Julie Brochen a quelque peu compliqué la transition, mais le public mesure désormais les changements à venir. Au passage, le théâtre place de la République change de logo.

Moins de cloison entre l’école et le théâtre

Premier projet qui lui tient à cœur, mettre l’école au centre de la vie du TNS. La formation strasbourgeoise a été décisive dans sa candidature :

« Je dis en plaisantant que je suis plus venu pour l’école que le théâtre. C’est pour cela que je n’ai pas postulé ailleurs. La diffusion, c’est facile : c’est regarder des pièces et acheter les meilleures. La création c’est la prise de risque. Nous devons inventer un lieu à plusieurs. Je rêve d’un maillage théâtral avec des auteurs ou acteurs à la tête des théâtres, ici, mais aussi ailleurs. Nous avons 50 artistes en formation pour 98 permanents sur qui nous appuyer, là où il y a un ou deux artistes permanent dans un établissement normal. Il faut davantage les associer à la vie du théâtre et qu’ils s’exercent dans les locaux autant que possible. »

Et le metteur en scène parisien a annoncé qu’en prenant plus de risques dans la création de pièces, le TNS compte bien s’exporter davantage que durant le mandat de sa prédecesseure. Sa première création sera une co-mise en scène avec l’Allemand Falk Richter d’une pièce appelée Je suis Fassbinder sur ce que l’on peut dire ou non dans les théâtres, en écho aux attentats de janvier et à travers la vie de l’artiste allemand.

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Un nouveau logo, très sobre, pour le TNS. (document TNS)

Plus de fréquentation, plus diverse

Autre chantier, renouveler le public, composé de beaucoup d’habitués, de « jeunes parfois traînés de force », après que la fréquentation ait chuté ces dernières années :

« Aller chercher les personnes qui ne viennent pas, n’est pas toujours la priorité dans certains théâtres. On ne chasse personne, bien au contraire, mais on voudrait des salles plus mélangées. »

Pour cela, les habitudes vont changer : plus de places dans les salles, des pièces doivent rester plus longtemps à l’affiche, au minimum deux semaines, voire trois semaines, une programmation moins classique. Mais les changements ne s’arrêtent pas à l’organisation interne du théâtre.

Une « autre saison » de 40 rendez-vous gratuits par an

Pour réussir cette reconquête de publics, le directeur souhaite implanter une programmation alternative, à destination des personnes qui ne fréquentent pas le TNS. Une volonté issue de son expérience aux commandes du théâtre de Saint-Denis, où il constatait que le public dans la salle ne correspondait pas aux personnes dans la rue. Des lectures, discussions et représentations gratuites composeront cette saison :

« C’est l’occasion pour des personnes qui se désintéressaient du théâtre, ou qui n’ont pas les moyens, de redécouvrir cet art. Le prix ne sera plus une contrainte. »

La première année, les rendez-vous seront majoritairement dans les locaux du TNS, mais les années suivantes l’autre saison aura vocation a se dérouler dans les différents quartiers de la ville. Le programme sera dévoilé en septembre 2015.

Plus de diversité et moins de sexisme au TNS

Mais le désir de plus de diversité ne s’arrête pas au public. Dans le recrutement, le directeur veut sélectionner des étudiants originaires de différents milieux parmi les quelques 1 000 candidats qui se présentent aux concours, pour seulement 25 places par promotion. Sur les planches, Stanislas Nordey veut qu’en fin de saison, autant de femmes que d’hommes se soient produits. Il estime que le sexisme est un tabou dans le monde du théâtre :

« Ce ne sera jamais dit en public, mais quand une femme a des responsabilités, on dit encore beaucoup en coulisses que c’est parce qu’elle est une femme et que c’est pour la parité. »

Dans la programmation, moins de pièces classiques qui « assurent la saison », mais prendre des risques avec des textes contemporains et des metteurs en scène peu connus. Il promet aussi des acteurs de renoms, « qui ne sont pas venus depuis longtemps à Strasbourg ».

Le nouveau directeur aimerait que les groupes scolaires s’intéressent davantage aux nouveautés et non seulement au patrimoine théâtral, ce qui peut participer au désintérêt de certains jeunes publics. Il rappelle que les textes contemporains s’inspirent des textes anciens et deviendront parfois des classiques. Il annonce cependant que Les liaisons dangereuses seront à l’affiche l’an prochain.

Metteurs en scène, mais aussi acteurs et auteurs associés sur les 5 ans

Pour travailler dans la longueur, Stanislas Nordey s’entourera d’artistes associés sur l’ensemble des cinq ans. Des metteurs en scène bien sûr, mais aussi des acteurs et des auteurs. Il souhaite par exemple que le public puisse retrouver certains acteurs entre cinq et huit fois durant son quinquennat. Pour les auteurs, si leurs textes ne sont pas interprétés, des événements avec l’Université ou les collectivités territoriales mettront en avant leurs écrits.

La plupart de ces artistes associés sont déjà connus. Parmi eux : Thomas Jolly, Christine Letailleur, Anne Théron, Lazare, Dominique Reymond, Claude Duparfait, Falk Richter, Nicolas Bouchaud ou Émmanuelle Béart. La liste des noms connus est disponible ici. Stanislas Nordey Nordey présentera la saison 2015/2016 les 9 et 10 juin.

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