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À Strasbourg, une association étudiante alerte sur l’inefficacité des prépas privées en médecine

Plus de la moitié des étudiants en santé passent par une prépa privée, sans garantie de réussite. À Strasbourg, Lise Cucchi, ancienne présidente d’une association d’étudiants en médecine, alerte sur le manque d’efficacité de ces cursus onéreux.

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À Strasbourg, une association étudiante alerte sur l’inefficacité des prépas privées en médecine
Faculté de médecine de Strasbourg.

À Strasbourg comme ailleurs, une majorité d’étudiants et étudiantes en médecine suivent des cours préparatoires privés. Mais ces cursus onéreux sont-ils efficaces ? Pour répondre à cette question, l’Association amicale des étudiants en médecine de Strasbourg (AAEMS) a enquêté entre avril 2024 et janvier 2025. Les résultats de l’étude ont été publiés lundi 12 mai. Selon les statistiques produites, l’inscription en cours préparatoires privés n’induit pas de hausse significative des résultats.

« Les étudiants vont en prépa privée par sécurité. Ils n’ont pas de preuve que ça marche. »

Lise Cucchi, ancienne présidente de l’AAEMS

À l’origine de cette étude : Lise Cucchi, ancienne présidente de l’AAEMS et étudiante en cinquième de médecine à Strasbourg. L’idée de cette enquête lui est venue à la suite de plusieurs journées de portes ouvertes à la faculté de médecine : « Tous les lycéens qui venaient nous voir se posaient la question de s’inscrire à des cours préparatoires privés », témoigne Lise Cucchi. Face à cette interrogation récurrente, l’étudiante a voulu proposer une réponse claire et fondée sur des statistiques : « Les étudiants vont en prépa privée par sécurité. Ils n’ont pas de preuve que ça marche mais personne ne veut rater une opportunité d’améliorer ses résultats. »

Pour produire une mesure précise de l’efficacité des prépas en médecine, Lisa Cucchi a sollicité le docteur Nans Florens. Chercheur en physiologie à la faculté de médecine Strasbourg, le médecin est habitué des enquêtes quantitatives en santé. Il a accepté d’accompagner l’étudiante dans la réalisation d’un questionnaire qui porte sur le nombre d’élèves concernés par ces cursus privés, leurs motivations, les modalités des cours… et surtout les résultats des étudiants concernés. Diffusé nationalement, le sondage a recueilli plus de 3 900 réponses d’étudiants en santé à travers la France, dont plus d’un tiers dans la région Grand Est.

Des cursus chers et inefficaces

Au terme de l’enquête, deux tiers des étudiants déclarent avoir eu recours à des cours préparatoires privés dans l’espoir d’augmenter leurs chances de réussite. Ces cursus privés coûtent cher, en moyenne 6 000 euros par an en incluant les frais universitaires, selon l’Association nationale des étudiants en médecine de France. D’après l’étude lancée par l’AAEMS, environ 80% des inscrits dépensent plus de 1 000 euros par an dans ces formations et plus de 15% des concernés déboursent plus de 5 000 euros par an.

Malgré ces investissements importants, les étudiants avec prépa privée sont moins bien classés que leurs camarades sans cursus privé en première année. L’enquête révèle que le rang médian des étudiants ayant eu recours à une prépa privée se situe à la 83e place. Le rang médian des étudiants sans prépa privée se trouve à la 76e place.

À partir de leur deuxième année d’étude, 94,4% des étudiants sans prépa ont une note supérieure à 14/20, contre 95,8% avec un accompagnement par un organisme privé. « L’un des enseignements majeurs de l’enquête est que le recours massif aux prépas privées n’améliore pas significativement les résultats académiques des étudiants en santé », indiquent les auteurs de l’étude.

Des alternatives gratuites trop peu connues

Les organismes privés derrière ces prépas exercent aussi une forte pression psychologique sur les étudiants. Plus de la moitié des étudiants sondés déclarent avoir été « fortement incités » à y souscrire. Le phénomène d’imitation joue ensuite un rôle clé : « Il y a d’abord un lobbying très important des organismes. Puis il y a le fait que la majorité des étudiants s’inscrivent en prépa privée. Chacun s’inquiète de perdre des chances s’il ne fait pas de même », explique Lise Cucchi.

L’étudiante en médecine tient à rappeler qu’une alternative gratuite existe à Strasbourg : le tutorat. Organisé par des étudiants expérimentés, il propose du soutien pédagogique (examens blancs, séances de révision) mais aussi des moments de détente, comme des séances de sport. Ce dispositif, encadré par l’université, reste pourtant peu visible face aux campagnes publicitaires des organismes privés. Au terme de l’enquête menée par l’AAEMS, Lisa Cucchi incite donc les étudiants et étudiantes intéressées à se rendre sur le compte Instagram du tutorat santé à Strasbourg.


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