

L’ancien petit bois de la route de la Wantzenau a été en partie défriché, les travaux de l’école européenne démarrent cet automne (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Les travaux démarrent cet automne à l’entrée de la Robertsau. La future école européenne de Strasbourg, construite à deux pas du Parlement et de la Cour européenne des droits de l’Homme, coûtera 34,1 millions d’euros aux collectivités alsaciennes, sans compter les aménagements routiers et le terrain. Elle accueillera 50% d’enfants dont les parents sont employés des institutions et 50% de petits Strasbourgeois soigneusement sélectionnés.
C’était, déjà pour Roland Ries, premier adjoint (PS) au maire de Strasbourg en 2001, l’une des conditions du maintien des institutions européennes à Strasbourg. Au début de la décennie 2000, l’actuel sénateur-maire de la ville publiait un rapport à la demande du Premier ministre d’alors Lionel Jospin, insistant sur la nécessité de proposer un cursus scolaire européen aux enfants des fonctionnaires de l’Union européenne, aux employés des institutions satellites du Conseil de l’Europe et des grandes entreprises présentes à Strasbourg.
Navette quotidienne vers Karlsruhe
En 2007, alors que le dossier n’a pas avancé d’un iota, la maire (UMP) de Strasbourg Fabienne Keller fait entendre sa voix auprès du Président de la République Nicolas Sarkozy, qui met à son tour la pression sur le rectorat et le conseil supérieur des écoles européennes. La sénatrice du Bas-Rhin raconte :
« Ne pas avoir d’école européenne à Strasbourg était un reproche qu’on nous faisait souvent. C’était un élément déterminant dans le choix de certains fonctionnaires de s’installer à Strasbourg ou non. A l’époque, une cinquantaine d’enfants faisaient la navette au quotidien entre Strasbourg et Karlsruhe, qui a une école européenne. Il nous fallait proposer une diversité de cursus pour les personnes très mobiles, dont les enfants doivent pouvoir continuer leur scolarité au gré des mutations de leurs parents. »
Volonté politique, oui, mais pas uniquement. Daniel Gassner, directeur de l’école européenne de Strasbourg, installée dans des locaux provisoires depuis la rentrée 2008, tempère :
« Une fois la volonté politique nationale affirmée, la France a dû s’adapter à des règles et des procédures européennes. Le dossier de Strasbourg a été validé en 2007, pour une ouverture en 2008 ».
Raison pour laquelle le siège du Parlement n’avait pas d’école européenne jusqu’alors : le faible nombre de fonctionnaires de l’UE vivant sur place, puisque basés pour la plupart à Bruxelles ou au Luxembourg.

Une voie de desserte pour le chantier a été récemment goudronnée. Elle préfigure l’accès sud à l’école (Photo MM Rue89 Strasbourg)
Une école « agréée » par l’UE, mais financée par la France
« Il a fallu aller très vite », confirme Fabienne Keller, qui, battue au printemps 2008, n’a pas pu inaugurer les locaux provisoires boulevard d’Anvers dans quartier des Quinze. Aller très vite, c’était fermer les yeux sur une réalité : la fin des écoles européennes de « type 1 », écoles historiques créées dans les années 1950, entièrement financées par l’Union européenne, avec des frais d’inscriptions annuels élevés, payés par les fonctionnaires. Daniel Gassner explique :
« Ces écoles de type 1 existent dans 14 villes en Europe. Alors que plus aucune nouvelle école n’était créée, il a été décidé dans les années 2000 de créer un type 2, ou écoles « agréées » par l’UE. Pour les élèves, cela ne fait aucune différence en terme d’enseignement ou d’organisation [ndlr, système à l’allemande ou à l’anglo-saxonne, plus souple que le système français, avec un type d’évaluation différent], mais, voulues par un pays, leur administration et leur financement sont assurés par les moyens publics du pays hôte. »
Conséquence, l’école européenne de Strasbourg, si elle accueille en priorité les enfants des fonctionnaires européens (15%) et des institutions européennes (40%), est financée par l’État français (administration et professeurs, mise à disposition du terrain de la future école d’une valeur de 5 millions d’euros) et par la Ville de Strasbourg (pour l’équivalent de la maternelle et du primaire, soit 17 M€), le conseil général (l’équivalent des 4 années de collège, 9,7 M€) et la Région Alsace (3 années de lycée, soit 7,3 M€).
3 M€ pour les aménagements routiers
En plus de ces 34,1 millions d’euros, auxquels s’ajoute la valeur du terrain (5M€) « offert » par l’État au titre de sa contribution au projet, la ville de Strasbourg met encore au porte-monnaie le nécessaire pour aménager les abords du site. Pour des raisons d’accessibilité et de trafic automobile, 3 M€ seront dépensés par le contribuable strasbourgeois pour assurer la desserte voiture-vélo du nouvel équipement scolaire. Pas plus, pas moins que ce que l’on investit dans les autres écoles, assure Nicole Dreyer, adjointe au maire de Strasbourg en charge des écoles et du quartier de la Robertsau. Voulant couper court à une éventuelle polémique, elle note :
« Comme pour les autres écoles, on a demandé aux enseignants et aux parents de rédiger une cahier des charges avec leurs attentes. On a refusé la salle de spectacle de 500 places, par exemple, pour en créer une de 200 places comme au lycée Kléber. Aucune fleur particulière ne leur a été faite. C’est le même budget que pour les autres écoles, la même recherche de qualité architecturale et environnementale. »
Pour l’élue, rien de plus normal que de financer cet équipement. « 60% des enfants qui y seront accueillis habitent la Robertsau », assure-t-elle. Même si ces enfants sont sélectionnés, selon des critères d’admission stricts, en tout cas pour environ 55% d’entre eux. L’école comptabilise 830 élèves actuellement et pourra accueillir à partir de 2015 (date de mise en service des nouveaux locaux à la Robertsau) jusqu’à 1 200 enfants et adolescents.

L’école européenne de Strasbourg s’installera dans ses nouveaux locaux à la rentrée 2015 (Visuel Auer+Weber, cabinet d’architectes de Munich)

L’école européenne de Strasbourg se composera de trois ensembles, maternelle, primaire et secondaire, avec des interpénétrations entre les niveaux (Visuel Auer+Weber)
« Entre-soi et consommation scolaire »
Le reste, c’est à dire la portion d’enfants dont les parents ne travaillent pas dans les institutions européennes, est soumis à des critères plus flous et validé par une commission d’admission composée de membres du rectorat, de l’école et de l’association des parents d’élèves. Le plus souvent, sont retenus des enfants de couples binationaux, de chercheurs à l’université, de cadres d’entreprises multinationales. Daniel Gassner remarque :
« Les places restantes sont attribuées à toute famille qui souhaite une scolarité européenne pour ses enfants. L’école de Strasbourg est la seule gratuite pour tous ses élèves. Mais attention, on ne vient pas à l’école européenne pour apprendre une langue. Nous avons trois sections linguistiques, francophone (là où les demandes sont les plus nombreuses), germanophone (moins demandée, du fait de la proximité de l’Allemagne) et anglophone. L’inscription dans une section correspond à une langue maîtrisée par l’enfant. Progressivement, des enseignements se font dans la « langue 2″, avec des options que nous choisissons de ne proposer que dans une seule langue. »
Le directeur ne nie pas une forme d' »entre-soi inhérent au principe de l’école européenne », ni une « stratégie et une consommation scolaire » chez certains parents. Mais, note-il, « le choix d’admettre l’enfant se fait sur la profession des parents, pas sur son niveau scolaire ». Contrairement à certaines écoles privées.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur Strasbourg, capitale européenne
Les dirigeants du Mouvement européen – Retinger, le visionnaire Robert Schuman et l’ancien premier ministre belge, Paul-Henri Spaak – étaient tous traités comme des employés par leurs parrains américains. Le rôle des États-Unis fut tenu secret. L’argent de l’ACUE provenait des fondations Ford et Rockefeller, ainsi que de milieux d’affaires ayant des liens étroits avec le gouvernement américain.
http://www.observatoiredeleurope.com/notes/Un-rapport-montre-comment-les-Nazis-preparaient-un-quatrieme-Reich-europeen_b1462128.html
N y avait que peu de monde et maintenant il a autour de 3500 adhérents , pas mal non ? ah et pourriez-vous aussi me citer des passages xénophobes dans ses propos !
Pour ma part j'ai ai suffisamment appris pour me permettre de dire que l’Europe et tout ce qui gravite autour est la plus grande escroquerie organisée.
Seulement à les entendre ceux qui sont contre sont des xénophobes, racistes, antisémites et j'en passe..
vivement que ça change !
j'avais déjà entendu parler de certains privilèges des fonctionnaires, députés etc européens, mais après avoir regardé les 3/4 de la conférence, j'en suis écœuré.. dégouté.
j'invite les européistes convaincus, à leur tour, à visionner, ne serait-ce qu'en partie cette vidéo et ils comprendront la raison pour laquelle demander une école pour leurs enfants et parfaitement abject.
On nous rabâche que les caisses sont vides. Si c'est effectivement le cas pourquoi se projet a été maintenu alors que d'autres ont été abandonnés ?
Et que l'on ne vienne pas dire que c'est parce que l'état à offert le terrain!
Toutes les discussions actuelles ne viennent que du fait que nous (qui, au fait ?) avons deux générations de retard dans la volonté de "faire quelque chose".
post-scriptum : L'intérêt des débats sur rue89 vient de leur bonne tenue, liée à une vraie réflexion des uns et des autres. Les "bouchés" et autres "nigauds" ne sont pas indispensables à mon avis. ;-)
- de thermes et saunas romains à destination des familles des fonctionnaires et députés européens (il fait si froid l'hiver à Strasbourg),
- la mise en place d'un service public gratuit de voitures avec chauffeurs à leur intention spéifique (c'est tellement la galère de se déplacer dans une ville qu'on ne connaît pas!)
- la création d'une école (publique bien sûr) de majordomes (privés bien sûr) afin de fournir à ces personnels européens les services nécessaires à la conciliation d'une vie professionnelle et privée réussie, afin de se décharger des tâches rébarbatives (gérer la maison de 300m au golf de la Wantzenau, s'occuper du lavage hebdomadaire de la Porsche Cayenne, emmener les enfants en Porsche Cayenne jusqu'à la nouvelle école publique européenne, etc.).
Attention: celles et ceux qui se moqueront de moi se verront opposer un argument massue qui les renverra à leur incompréhension crasse de la réalité actuelle: amélioration de l' A.T.T.R.A.C.T.I.V.I.T.E.
Qu'on se le dise...
;o)
(Il faudrait juste demander comment le 34 est devenu 40 en l'espace de deux ans, mais dans les dépenses publiques, c'est habituel.)
Par contre, la demande d'enseignement bilingue précoce (quelle que soit la langue associée au français) est de plus en plus forte. Il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Allez, buonanotte
Ça confirme mon idée que, une fois de plus on s'est fait baiser par le couple UMPS.
Vivement que ça change!
Ils se peut qu un départ des institutions Européennes de Strasbourg favorisent l élection des amis de R Grossmann ; Il se peut aussi que ce départ annonce un déclin irréversible de la Capitale Européenne; Mais pour gagner un fauteuil on est prêt a tout …n est ce pas !!!
A côté de 5 miliards € par an plus les autres avantages (bus,santé voyage déménagements ............ pour les RMI'tes qui pour une grande partie fraude au noir.C'est rien
En plus vous êtes à la ramasse. Taper sur les RMIstes et les chômeurs c'est so 2011, époque Sarkozy. À présent c'est la faute des Roms.
Seront admis de droit :
A. Les enfants du personnel des institutions européennes communautaires
Pour les autres enfants, au cas où le nombre de candidatures serait supérieur au nombre de places disponibles, les candidatures seront examinées dans l’ordre de priorité suivant:
B1. Les enfants du personnel des institutions et organisations européennes et internationales autres que les institutions communautaires(Conseil de l’Europe notamment), enfants des personnels de l’école européenne de Strasbourg;
B2. Les enfants du personnel des représentations diplomatiques et consulaires des états membres de l’Union Européenne, des états européens non membres de cette Union et des autres états;
B3. Les enfants de familles résidant à Strasbourg ou à proximité de façon non permanente et pour lesquels une poursuite de scolarité dans un système scolaire autre que le système français est envisagée. Dans cette catégorie, priorité aux enfants dont l’un ou l’autre des parents exerce ses activités professionnelles à l’international dans des organismes de recherche ou d’enseignement supérieur, dans des entreprises;
B4. Les enfants ayant comme langue maternelle unique ou partagée une langue européenne autre que le français;
B5. Les enfants dont la famille a un projet de mobilité européenne ou pour lesquels la famille souhaite une éducation conforme à l’esprit des écoles européennes.
cependant, comme indiqué dans d'autres articles, les autorités publiques de notre région laissent dormir dans la rue des familles avec 6 enfants, et ce, malgré le fait que des organisations sociales proposent des solutions gratuites, qui sont refusées par l'administration...
superbe projet, bravo nos chers élus!
mais bon, je suis qu'un roturier...
Dommage la suppression d'un commentaire de JL, je trouvais ça interessant, meme si un peu redondant avec ce qu'il dit déjà plus bas.
Ils se peut qu un départ des institutions Européennes de Strasbourg favorisent l élection des amis de R Grossmann ; Il se peut aussi que ce départ annonce un déclin irréversible de la Capitale Européenne; Mais pour gagner un fauteuil on est prêt a tout …n est ce pas !!!
La question c'est qui paie et qui profitera des équipements.
"Le directeur ne nie pas une forme d’ »entre-soi inhérent au principe de l’école européenne », ni une « stratégie et une consommation scolaire » chez certains parents"
c'est pas nouveau mais ça interpelle quand même.
"Pas plus, pas moins que ce que l’on investit dans les autres écoles, assure Nicole Dreyer" : le titre de l'article laisse supposer le contraire. Il y a moyen de faire un petit complément d'étude, "Rue89 Strasbourg"?
Comme à votre habitude vous avez raison Pierre, ne changez rien.
beurck !
Ca ne vous gêne pas ce "fait du prince"? incroyable ... Sans honte sans vergogne... Que cela soit une école privée cela ne me choquerais pas mais alors que ces privilégiés du parlement qui émargent a des salaires avantages défrayement hors norme profitent de l'école de la république rien que pour eux les autres 50% je ne m'inquiète pas pour eux ils font partie de la diaspora européenne ça m'écœure
Si c'est le cas alors j'applaudis. Si c'est au premier degré qu'il faut le prendre, alors désolé mais expliquez moi en quoi les enfants extérieurs qui seront sélectionnés pour compléter les effectifs sont vraiment représentatifs des "jeunes d'europe" ???
L'Europe est de tendance libérale et a beaucoup contribué à la casse de nos services publics (libéralisation de l'énergie, des transports, serrages de vis pour réduire les déficits publics conduisant à des dysfonctionnements de plus en plus sérieux dans les hôpitaux par exemple, etc.) mais pour EUX (les fonctionnaires plutôt bien payés de cette institution), le financement public de cette école, qui va peser sur l'endettement de la ville, ne pose aucun problème bien entendu!
Deux poids, deux mesures... et une certaine idée de "l'élitisme" qui se dégage de ce genre d'école. Choquant.
J'espère que vous êtes endurant et avez le coeur bien accroché cher ami, car notre valse n'est pas prête de se terminer ! ;-)
Justement, les enfants de l'école européenne qui ne parlent pas français... ne vont pas l'apprendre ! Ils iront en section anglophone ou germanophone selon leur langue maternelle. Ne pas s'intégrer à la langue du pays d'accueil est la raison d'être des écoles européennes. (Mais pourquoi ceux qui parlent français vont en section francophone plutôt que dans une école française ordinaire ? ça c'est une autre histoire.) Ceci dit, beaucoup de familles étrangères font un autre choix et profitent de leurs quelques années à Strasbourg pour apprendre le français.
Quant aux écoles françaises dont "bénéficient" les français de l'étranger, il faut quand même signaler que les parents payent entre 5 et 10.000 euros par enfant et par an selon le pays. (Comme - tiens, tiens - dans les autres écoles européennes... sauf Strasbourg.)
(Je confirme que le prix de cette construction est normal pour un bâtiment scolaire de cette taille. Et les contribuables locaux peuvent être contents du choix du terrain puisqu'il a été offert par l'état semble-t-il.)