Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Strasbourg veut réformer sa démocratie locale et appelle les citoyens à l’aide

Malgré ses conseils de quartier et ses instances de concertation, Strasbourg n’a pas été en mesure d’associer les citoyens aux processus de décision. Le maire Roland Ries lance une opération de refondation de la démocratie locale, devant déboucher sur un « pacte » en octobre.

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Roland Ries à l'écoute, en 2014 (Photo Hiwelo / FlickR / cc)

La démocratie locale, « ce n’est pas simple. » Ce constat est de Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg et il s’y connaît. C’est lui qui, en 2009, avait lancé les « conseils de quartier » (CoQ), pour répondre à une volonté des Strasbourgeois d’être plus associés aux décisions qui concernent leur ville. Mais voilà, partager le pouvoir, c’est difficile pour des élus. Les CoQ ont souvent été instrumentalisés, consultés sur des sujets mineurs, ou bien après que les principales décisions aient été prises.

Résultat : Roland Ries constate « un certain essoufflement » de la démocratie locale à Strasbourg, les conseils de quartiers deviennent déserts. Et pour la relancer, Chantal Cutajar, adjointe au maire de ces questions, a une idée : un « sommet citoyen pour co-construire un pacte de la démocratie locale à Strasbourg. » Rien de moins. L’ambition a été présentée lundi lors d’une conférence de presse, car il faut aller vite. Le sommet doit avoir lieu en octobre, ce qui implique de constituer des groupes de travail en mai pour que leurs membres puissent plancher sur le texte pendant cinq mois, pause estivale comprise.

Pour Chantal Cutajar, la première impulsion de cette nouvelle démocratie locale sera justement l’élaboration de ce pacte, qui sera « co-construit » :

« Ce pacte va engager tous les acteurs de la vie publique. Donc pour l’élaborer, la démarche sera hautement participative. Nous avons identifié une douzaine de sujets à débattre (voir ci-dessous) mais les Strasbourgeois pourront également en proposer d’autres. C’est l’ensemble du dialogue entre les citoyens et les élus qui est à réinventer, les Strasbourgeois veulent être associés plus en amont aux décisions, ils veulent apporter leurs contributions et des réponses à leurs questions. Après le sommet de la démocratie locale en octobre, ce pacte sera présenté au conseil municipal. »

Strasbourg dispose pourtant déjà d’instances de concertation. Outre les consultations sur des dossiers spécifiques (renouvellement urbain, extensions du tramway, parc naturel urbain, réaménagement des quais…), la ville dispose d’une dizaine de conseils de quartier, d’un conseil des résidents étrangers et l’Eurométropole a un conseil de développement. Pour autant, Chantal Cutajar reproche à ces instances de mobiliser les TLM, c’est à dire « toujours les mêmes. »

Roland Ries à l'écoute, en 2014 (Photo Hiwelo / FlickR / cc)
Roland Ries à l’écoute, en 2014 (Photo Hiwelo / FlickR / cc)

« On a du mal à mobiliser les gens »

Un constat partagé par Annick Neff, adjointe au maire pour le quartier du Neuhof :

« Pour les réunions sur le renouvellement urbain, on fait des réunions, on invite les gens à venir nous rencontrer notamment avec des flyers dans les boites aux lettres mais c’est difficile, on a du mal à mobiliser les gens. »

L’enjeu sera donc cette fois de mobiliser les citoyens au delà des habitués des instances de concertation. Pour éviter les découragements, Chantal Cutajar compte sur l’assurance que l’engagement des citoyens sera visible et pris en compte, cette fois :

« Quand une décision est prise, les gens qui n’étaient pas d’accord et qui l’ont exprimé ont pu avoir le sentiment que leur mobilisation n’a pas été utile. Mais là, les citoyens ne seront pas seulement consultés, ils seront appelés à co-construire, à voir comment ensemble, on peut être plus intelligent que tout seul. Quand on permet aux gens de participer, les débats parfois houleux se transforment en discours constructifs. Notre objectif, c’est ça, on est dans un processus qui doit engager une transition démocratique. »

Mais cette méthode de gouvernement ne risque-t-elle pas de tout anesthésier, au nom du consensus ? Roland Ries, qui se souvient d’avoir perdu un référendum sur le passage du centre-ville de Strasbourg en « zone 30 », rappelle :

« Si en 1990 on avait sollicité l’avis de Strasbourgeois sur le tramway, ils auraient peut-être voté contre ! C’est pour ça qu’il faut parfois assumer des choix, être le garant d’une certaine cohérence et c’est pour ça qu’on maintient le tramway à Koenigshoffen, après avoir opté pour qu’il soit sur fer suite aux remarques des habitants. Pour la place du Château, il y a eu un an et demi de concertation et si on avait écouté tout le monde, on aurait eu un effet patchwork… Au final, le projet minimaliste qui a été retenu contente tout le monde. »

Pour Chantal Cutajar, la démocratie locale est « en panne » à Strasbourg comme ailleurs. Une remarque qui a fait tiquer quelques élus présents à côté d’elle lundi (voir notre article). Personne n’a la solution pour refonder le pacte démocratique mais, selon l’élue, l’enjeu principal sera de cette opération sera de faire en sorte que les citoyens sachent à chaque projet exactement ce qu’on attend d’eux.


#Chantal Cutajar

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