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Des Strasbourgeois brillent sur l’iPad avec Bande à Part, un mag cinéma

Bande à Part est un magazine de cinéma sur iPad, la tablette d’Apple. Fondé par deux Strasbourgeois, Fouzi Louahem et Anne-Claire Cieutat, Bande à Part a été récompensé aux Digital Magazine Awards et choisi par Apple parmi les meilleures applications de 2013. Pas mal pour un début. Rencontre avec les fondateurs, qui ont toujours le nez dans le guidon.

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Anne-Claire Cieutat et Fouzi Louahem, deux cofondateurs strasbourgeois de Bande à Part (doc remis)

Anne-Claire Cieutat et Fouzi Louahem, deux cofondateurs strasbourgeois de Bande à Part (doc remis)
Anne-Claire Cieutat et Fouzi Louahem, deux cofondateurs strasbourgeois de Bande à Part (doc remis)

Alors que la presse n’en finit pas d’être en crise et que les plans sociaux se succèdent chez les éditeurs, voilà un exemple rafraîchissant de la transformation numérique des médias. Après un premier numéro en février 2013, Bande à Part s’est hissé mois après mois parmi le top des magazines numériques français. En novembre, les Digital Magazine Awards sacrent Fouzi Louahem, l’un des fondateurs, meilleur designer de l’année et proclament la publication comme « meilleure sortie de l’année ». Puis en décembre, c’est Apple qui distingue Bande à Part comme l’une des meilleures applications de 2013 en France.

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Un an sans souffler

Fouzi Louahem et Anne-Claire Cieutat, rédactrice-en-chef et cofondatrice, n’en reviennent pas du chemin parcouru. Alors qu’ils répondent aux quelques questions de l’auteur de ces lignes, tout se passe comme s’ils s’accordaient pour la première fois une pause sur leur parcours. Car depuis qu’ils ont décidé de se lancer dans la création d’un magazine mensuel sur tablettes en mars 2012, c’est peu dire que leurs week-ends et leurs soirées se sont évaporés. Fouzi Louahem explique la génèse :

« J’ai fait de la télé, de la presse écrite et du web… mais aucun de ces médias ne pouvait combiner à la fois l’exigence de l’écrit, l’intérêt des vidéos et une narration graphique et artistique. Quand les premiers magazines sur iPad sont apparus, je me suis rendu compte que j’étais au croisement des compétences nécessaires pour publier un tel objet. Et j’ai rencontré Anne-Claire, qui cherchait elle aussi de nouvelles formes d’écriture et de récit. »

Les deux cofondateurs ne sont pas des inconnus à Strasbourg. Fouzi Louahem est graphiste, réalisateur, journaliste et il a travaillé notamment pour Alsace 20. Quant à Anne-Claire Cieutat, elle est journaliste spécialisée dans le cinéma et a collaboré à France Bleu Alsace, Poly, les DNA et Rue89 Strasbourg. Elle revient sur l’ambition de Bande à Part :

« Le magazine est aussi artistique que son sujet, on veut se coller à l’exigence que les auteurs ont pour leurs films. On raconte des histoires en soignant les textes, les photos… Et surtout, on prend du temps, on demande à nos interlocuteurs, que ce soit Alain Chabat ou Benoit Poelvoorde de participer avec nous à la création d’un objet culturel. Et ça marche, certains sont séduits et nous consacrent toute une journée, ajoutent leur talent à nos idées… et ça donne une interview de Chabat en Dr Maboul ou la publication de storyboards interactifs, jamais publiés ailleurs, voire des sons inédits, comme le dernier enregistrement d’Arletty… »

Équipe quasi-bénévole pour le lancement

L’équipe se constitue d’une dizaine de pigistes, de photographes et surtout de quatre graphistes triés sur le volet, installés à la Meinau à Strasbourg.

Après un démarrage autour de 2 000 exemplaires téléchargés, Bande à Part voisine autour des 10 000 téléchargements depuis la rentrée, selon les deux fondateurs qui indiquent qu’il y aurait au moins deux lecteurs par téléchargement.

Les magazines étant gratuits, le modèle économique repose sur la publicité. Elle est vendue assez chère aux producteurs de films qui peuvent insérer dans le magazine des kits et des bandes-annonces, visibles hors connexion. Par ailleurs, l’entreprise, les Editions du Bout des Doigts, produit pour d’autres clients des applications pour iPad, en utilisant les mêmes compétences que pour Bande à Part, qui sert aussi de vitrine.

La planche contact de Pascal Bastien, photographe de presse strasbourgeois, est un rendez-vous régulier de BàP (doc remis)
La planche contact de Pascal Bastien, photographe de presse strasbourgeois, est un rendez-vous régulier de BàP (doc remis)

20 000€ par numéro

Chaque exemplaire coûte environ 20 000€ à produire. Pour l’instant, à part les graphistes salariés, personne ne se paie et les contributeurs ont été invités à participer à cette aventure en pariant sur la rentabilité future du magazine, que Fouzi Louahem prévoit pour le printemps 2014 :

« Nos projets pour 2014 sont d’abord de fidéliser notre lectorat, en continuant à le surprendre et de le développer. En 2013, trois magazines numériques sur le cinéma ont disparu. Nous voulons d’abord prouver que nous sommes là pour durer. Puis nous allons développer notre notoriété, via les partenariats, avec certains films et certains rendez-vous cinématographiques. Et on sortira une version du magazine pour les tablettes Android, via le kiosque de Google dès qu’il sera disponible pour la France. »

Fouzi Louahem concède que son seul regret est la distance avec ses lecteurs, distance maintenue par Apple qui se garde l’essentiel de la relation client. Néanmoins, Bande à Part dispose d’une page Facebook et d’un site web, sur lequel les anciens numéros sont consultables dans une version dégradée mais compatible avec la souris.

Aller plus loin

Sur iTunes : télécharger l’application Bande à Part


#Anne-Claire Cieutat

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