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Le conseil municipal se transforme en joute sur la campagne présidentielle

Malgré un ordre du jour plutôt léger, le conseil municipal de Strasbourg a donné lieu à quelques joutes oratoires, dernière semaine de campagne présidentielle oblige. Les noms des nouvelles rues de Hautepierre ont été l’occasion pour la majorité et l’opposition de comparer leurs différences de culture.

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Le conseil municipal du 8 décembre 2011. (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

Conseil municipal
Le conseil municipal du 8 décembre 2011.

Le premier tour de l’élection présidentielle est dans quelques jours et cela s’est senti au conseil municipal de lundi 16 mars. Comme un élu l’a analysé à l’issue du conseil : « Aujourd’hui, c’était à qui va déraper le premier ». Aussi les échanges ont été très vifs, mais ont pris ancrage sur des questions subsidiaires comme les noms des rues de Hautepierre, une subvention à l’Odyssée de 3000€ ou une sculpture, dont le principe avait déjà été voté.

Presque tous les points à l’ordre du jour ont été adoptés sans vote en début de séance. Roland Ries, maire de Strasbourg, s’en est même ému quand il s’est agi de voter sur un avis sur le Plan de déplacement urbain, un important dossier de la municipalité sur lequel le maire aurait sans doute apprécié d’échanger quelques arguments. Le point n’a pas été retenu par l’opposition, tant pis.

Des noms de rue qui « hiérarchi[sent] les cultures » ?

La nouvelle dénomination de certaines rues du quartier de Hautepierre ont été l’occasion des premiers échanges entre la majorité et l’opposition. Cette dernière, par la voix de Bornia Tarall, estimant « discriminants » les nouveaux noms (rue Cabichon, parc du Chat perché, chemin Robin des bois, parc Sinbad…). Fabienne Keller, élue UMP d’opposition, a eu ses mots :

« Sous-couvert de démocratie participative, vous avez enfermé les habitants de Hautepierre dans une sous-culture. »

Bing. Et voilà, le dérapage. Mathieu Cahn a immédiatement embrayé :

« Mme Keller, vous faites une hiérarchie des cultures comme d’autres font une hiérarchie des civilisations. »

Le bilan de Nicolas Sarkozy dans les banlieues, les propos sur le Kärcher, l’élite et le peuple, qui est l’âne Cabichon, Walt Disney, la princesse de Clèves… Il faudra deux heures au conseil municipal pour se sortir de ce débat et retrouver les affaires de la ville.

Les jeunes et le  TJP

Une interpellation de Robert Grossmann, qui se demandait si le TJP (Théâtre jeune public) doit abandonner le mot « jeune » dans sa dénomination, comme nous l’écrivions le 23 mars, a ramené un peu de sérénité dans l’enceinte. L’ancien maire délégué de Strasbourg a été seul à porter ce débat face au maire, lequel a semblé découvrir que le TJP souhaitait s’affranchir de sa programmation centrée sur les jeunes :

« Je suis d’accord avec M. Grossmann quand il dit qu’il est attaché à la philosophie de départ du TJP. Il me semble important d’amener, physiquement, les jeunes à la culture et au spectacle vivant. La Ville est le premier bailleur de fonds du TJP, si le directeur souhaite changer de politique, il serait bon qu’il nous en informe. »

Daniel Payot, l’adjoint en charge de la culture, avait pourtant détaillé auparavant dans sa réponse à Robert Grossmann que le TJP souhaitait poursuivre et achever sa transformation en scène nationale spécialisée autour du spectacle de marionnettes, qu’il est le seul à porter en France. Il semble que le maire et son adjoint doivent encore s’accorder sur cette question, et en toucher deux mots au directeur du TJP, Renaud Herbin.

Le Racing à nouveau au centre des débats

Après une rapide évocation des suites données à l’affaire Benamran, le conseil municipal s’est achevé sur l’évocation de la situation du Racing, évidemment, dont plus aucun élu, de l’opposition comme de la majorité, ne sait quoi penser aujourd’hui… Jean-Emmanuel Robert, conseiller UMP d’opposition, a semblé prendre fait et cause pour Frédéric Sitterlé dans le conflit qui oppose l’investisseur alsacien aux dirigeants de l’association du Racing :

« Celui qui est amené à mettre de l’argent dans le Racing doit avoir les pleins pouvoirs. Il doit pouvoir choisir des personnes de confiance (…) et ses fournisseurs. Il doit avoir un droit de regard sur les dépenses de l’association, puisqu’il est le garant de sa dette. Je commence à en avoir assez d’entendre sans cesse parler des « historiques ». Cette association fonctionne actuellement en consanguinité et c’est ce qui l’étouffe. »

Reconnaissant que le feuilleton du Racing commençait à lasser, Alain Fontanel, adjoint en charge des finances, a répondu que les possibilités d’action de la Ville dans ce dossier étaient limitées :

« Nous ne pouvons intervenir dans le fonctionnement de l’association, ni dans celui de la SAS ou SASP (la structure de Frédéric Sitterlé, ndlr). Nous avons rempli nos engagements en subventionnant le centre de formation et la location du stade, ce qui a permis au club de continuer et d’être aujourd’hui en position de remonter en CFA. Désormais, soit Frédéric Sitterlé poursuit son projet de reprise, soit le club et sa marque sont à vendre. Dans tous les cas, la municipalité est déterminée à assurer la continuité du club et que sa dynamique sportive ne soit pas brisée. »

Alain Fontanel a par ailleurs annoncé que la ville allait conduire un audit indépendant sur les comptes de l’association.
Le prochain conseil municipal se préparera avec les élections législatives en tête… Voilà qui promet !

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