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« Ils veulent intimider les femmes qui s’informent », nouveau tag anti-IVG contre le Planning familial à Strasbourg

Un message contre le droit à l’avortement a été tagué devant les locaux du Planning familial de Strasbourg dans la nuit du 21 au 22 mars. C’est la deuxième fois en deux semaines que l’association subit une telle attaque.

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« Ils veulent intimider les femmes qui s’informent », nouveau tag anti-IVG contre le Planning familial à Strasbourg

Dans la nuit du 21 au 22 mars 2023, un collectif contre le droit à l’avortement a taggué la chaussée devant l’entrée des locaux du Planning familial de Strasbourg. L’association et ses militantes y accompagnent les personnes qui souhaitent avoir recours au droit fondamental de mettre fin à une grossesse.

Après un tag similaire et au même endroit lors de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, c’est le second tag de ce type en deux semaines. La présidente du Planning Familial du Bas-Rhin Alice Ackermann s’inquiète de la multiplication des menaces et autres désinformations contre l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Interview.

Rue89 Strasbourg : Comment avez-vous découvert ce nouveau tag ?

Alice Ackermann : On a découvert le tag ce matin en ouvrant nos locaux. C’est le même type de tag qui avait été fait pour la journée du 8 mars. Il est situé devant notre entrée, prend toute la chaussée et il est écrit de manière à ce que les personnes qui sortent du planning le lisent.

Le message « IVG = violence faite aux femmes » taggué devant le Planning familial tagué le 8 mars 2023. Photo : remise

« Une intimidation de nos militants »

Ils veulent intimider et stigmatiser les femmes qui se renseignent ou souhaitent avorter. C’est aussi une désinformation, puisqu’ils assimilent l’avortement à une violence. C’est enfin un message pour le planning, une intimidation de nos militants. Pour nous, il s’agit d’un délit d’entrave à l’IVG.

Qu’avez-vous ressenti en voyant ce second tag anti-choix en deux semaines ?

On se dit que la lutte pour le droit à l’avortement est loin d’être terminée alors que c’est un droit humain et fondamental, qui ne doit pas être remis en question malgré ces attaques. C’est notre rôle au Planning d’assurer un tel accès sans stigmatisation, violence ou agression. On est toujours dans la même dynamique de défense de ce droit qui n’est jamais acquis.

Cela me met aussi en colère. C’est insupportable que des bénévoles puissent se sentir en insécurité. On refuse que cela puisse arriver, et plus largement que les personnes qu’on accueille puissent avoir peur de venir.

« On n’est pas seules »

En même temps, on a réagi rapidement on s’est toutes appelées pour se soutenir entre militantes du Planning. Depuis notre communiqué, on reçoit énormément de messages de soutien. Malgré les attaques, il y a une majorité de la population qui est là et bien présente pour nous soutenir. Ça fait du bien de sentir qu’on n’est pas seules.

Alice Ackermann est présidente du Planning Familial du Bas-Rhin. Photo : remise

Ces attaques sont-elles régulières ?

On a été attaqué en 2020. Des tags réalisés sur notre plaque d’entrée avaient pour but de couvrir le logo, le nom et les horaires du Planning, en période covid. Et puis là, ça s’accélère ces deux dernières semaines, on en a eu deux d’affilée. Je suis au Planning familial depuis huit ans, et il n’y avait rien eu de tel pendant mes 5 premières années. On voit bien qu’il y a une tension qui monte de l’extrême droite sur la question de l’avortement.

Y a-t-il d’autres obstacles à l’accès à l’IVG aujourd’hui ?

On avait fait une campagne à Strasbourg sur le délit d’entrave à l’IVG par le numérique. Des personnes qu’on reçoit témoignent du fait que lorsqu’elles font des recherches google ou sur les réseaux sociaux, elles tombent souvent sur des contenus sponsorisés par des associations et comptes anti-choix qui profitent d’une zone grise légale qui permet d’utiliser les réseaux pour désinformer. On avait alerté la procureur sur ce qu’on considère comme un délit d’entrave.

Un faux numéro vert

Je suis une ancienne membre du bureau national. À Strasbourg, nous assurons la ligne téléphonique du numéro vert d’information concernant l’avortement. Pendant le covid, nous avons constaté que de nombreuses femmes tombaient sur un faux numéro vert qui les culpabilisait et les désinformait. Nous nous sommes mobilisées auprès de gouvernement pour que ce phénomène cesse. D’une manière générale, nous devons être très attentives à cette problématique du référencement.


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