La température devrait atteindre -8°C à Strasbourg dans la nuit du mardi 22 janvier au mercredi 23. Comme le seuil des -5°C est atteint, la Préfecture du Bas-Rhin annonce par communiqué l’activation du « 2è niveau » du Plan hiver pour les sans-abris. Cette situation ouvre 174 places supplémentaires dans les structures déjà existantes (hébergement collectifs ou hôtels). Par ailleurs, les horaires des accueils de jour sont étendues pour ne pas mettre de personnes dehors et la veille des secours est intensifiée.
Sujet au conseil la veille
Le sujet s’était immiscé dans l’hémicycle du conseil municipal du 21 janvier. Interpellé par son adjoint Philippe Bies, le maire Roland Ries (PS) avait répondu qu’il tenait un gymnase à disposition mais que la Préfecture a répondu que « ce n’était pas indispensable ». Il a ajouté que le fonctionnement d’un tel lieu relevait ensuite de l’État. Roland Ries s’était engagé à « relancer » le préfet, mais il n’y a pas eu d’ouverture dès lundi soir. Le maire avait évoqué que des places étaient mobilisables par la préfecture dans les hôtels ou l’ancien hôpital militaire Lyautey, ce qui va dans le sens du communiqué de ce mardi 22 janvier.
Cet effort supplémentaire porte à 501, le nombre places temporaires prévues dans le cadre du « plan hivernal » qui début chaque 1er novembre. Elles s’ajoutent au parc de 9 051 places dans le Bas-Rhin disponibles toute l’année. Dans ce total, 3 106 sont prévues pour les demandeurs d’asile et 6 050 sans distinction de situation (en règle ou non, Français ou étranger).

Un nombre d’appels qui interroge
La Préfecture indique en outre que 55 demandes d’hébergement ont été adressées au 115 dans la nuit de lundi à mardi. Elle estime donc que les 174 places devraient dès lors permettre de mettre à l’abri ces personnes-là. Cet ordre de grandeur tranche avec ceux connus il y a deux ans, de plusieurs centaines (200 à 500 selon les soirs et les sources). Selon une source proche du 115, le nombre d’appels serait en fait de 300 appels pour cette nuit du 21 au 22 janvier. Le chiffre de 55 correspondrait aux personnes signalées directement par les différents maraudes. À cela s’ajoutent donc de nombreux appels spontanés d’individus qui expriment un besoin, mais ne sont pas toujours comptabilisés comme sans-abris, notamment quand ils ont une solution de repli.
Une analyse que partage Syamak Agha Babaei, vice-président de l’Eurométropole en charge de l’habitat et conseiller municipal strasbourgeois :
« Pour l’État, les seules personnes à la rue sont celles signalées au 115 par les maraudes. Elles font un travail exceptionnel, mais elles ne peuvent pas tout voir. Ce n’est pas dans les habitudes de l’État d’ouvrir plus de places que nécessaire. Ces 174 places sont une bonne nouvelle car c’est plus qu’un gymnase comme nous le proposions à la Ville, mais il faut aller plus loin si nécessaire. Et surtout, il faudrait enfin sortir d’une gestion au thermomètre que tout le monde déplore. »
C’est seulement si les températures atteignent -11°C qu’un gymnase serait alors réquisitionné directement par le préfet. Meteo France ne prévoit pas une telle évolution dans le Bas-Rhin.
Pour le groupe La Coopérative / Generation.s des places supplémentaires peuvent-être trouvées via les bailleurs sociaux et les autres communes de l’Eurométropole.
Proposons que les logements et locaux vacants de CUS Habitat et Habitation Moderne soit mobilisés sans délais pour mettre à l’abri; et que la métropole comme les communes voisines soient solidaire et impliquées au même niveau que Strasbourg #CMStras @rue89stg_live @dnatweets 2/2
— La Coopérative Sociale Ecologique et Citoyenne (@CooperativeStbg) January 21, 2019
Le communiqué complet
Les prévisions météorologiques prévoient des températures ressenties comprises entre -8°C et 2° dans les prochains jours.
Pour faire face à cette dégradation des conditions climatiques, Jean-Luc Marx, préfet de la région Grand Est et du Bas-Rhin a décidé d’activer le niveau 2 du plan hiver :
- 174 places d’hébergement d’urgence supplémentaires sont mobilisables dès ce soir (en structure collective ou dans le dispositif hôtelier). Ce niveau de mobilisation permettra de mettre à l’abri les personnes sans domicile fixe actuellement en demande (55 demandes adressées au 115 la nuit dernière) ;
- l’amplitude horaire des accueils de jour est étendue pour éviter la rupture avec l’hébergement de nuit ;
- les équipes de maraudes qui tournent tous les soirs de la semaine en hiver renforcent leur vigilance ainsi que les services de secours circulant sur la voie publique : Police et Gendarmerie (17), Sapeurs-Pompiers (18) et SAMU (15).
Le Préfet du Bas-Rhin rappelle combien il est important que toute personne en situation de détresse dans l’espace public soit signalée au 115, service d’appel d’urgence gratuit.
L’hébergement des plus fragiles est un enjeu majeur de la solidarité nationale pour lequel les services de l’État sont particulièrement mobilisés localement.
Du 1er novembre 2018 au 31 mars 2019, le plan hivernal vient renforcer les dispositifs d’hébergement ouverts toute l’année au profit du public en grande précarité et de demandeurs d’asile. Dans le Bas-Rhin ce parc, constitué de 9051 places, a augmenté de plus de 50 % en quatre ans. Au plan départemental, l’État mobilise 56,2 M € pour financer ces places.
En complément, le dispositif hivernal s’articule autour du renforcement de la veille sociale, qui s’appuie sur quatre accueils de jour, l’intensification des maraudes et la mobilisation de places d’hébergement d’urgence exceptionnelles et temporaires qui s’ouvrent au fur et à mesure en fonction des situations identifiées et justifiant une mise à l’abri. Ces dernières se fermeront progressivement entre le 31 mars et le 30 avril 2019. Au 22 janvier, 501 places temporaires sont mobilisées dans le cadre du plan hiver.
En cas de grand froid, l’État, en relation avec les collectivités territoriales et tout particulièrement avec la ville de Strasbourg, mobilisera des capacités de mise à l’abri en gymnase.
Afin de prévenir les dangers sanitaires auxquels s’exposent des personnes à la rue, les équipes mobiles (maraudes) de Médecins du monde, de l’Ordre de Malte, du CCAS de Strasbourg, des Restos du cœur et de la Croix rouge sont en lien constant avec le SIAO/115.
Le plan hiver : les différents niveaux d’activation
Dans le Bas-Rhin, le plan hiver est construit sur 3 niveaux dont le déclenchement s’apprécie au regard d’un ensemble de circonstances locales particulières (nombre de demandes, vulnérabilité des personnes sans domicile fixe, etc) :
1er niveau : veille saisonnière
Mise à l’abri des personnes les plus vulnérables et signalées par les maraudes
2ème niveau : avertissement froid
Les températures ressenties sont comprises entre – 5°C et -10°C : des places supplémentaires sont mobilisées.
3ème niveau : alerte grand froid
Les températures ressenties sont comprises entre – 11°C et -17°C : le préfet réquisitionne un gymnase.



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