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Un tiers-lieu ouvrira en mars 2026 dans l’ancien hôpital Lyautey au Neuhof

Comment faire rayonner un quartier populaire sans l’embourgeoiser ? C’est le défi que tentent de relever la Cybergrange et NHF Cité d’arts et de cultures avec l’ouverture en mars d’un tiers-lieu pensé avec les habitants.

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Le bâtiment d'honneur de l'ancien hôpital Lyautey accueillera le tiers-lieu Le Pixel dès mars 2026.
Le bâtiment d’honneur de l’ancien hôpital Lyautey accueillera le tiers-lieu Le Pixel dès mars 2026.

L’ancien hôpital militaire Lyautey, situé à l’angle de l’avenue du Neuhof et de la rue des Canonniers, s’apprête à connaître une nouvelle vie. Désaffecté depuis 2008, ce site de 2,3 hectares, ancienne caserne d’artillerie construite en 1907, accueillera un collège, des logements, des espaces verts et un tiers-lieu.

C’est dans le « bâtiment d’honneur » que ce dernier, nommé Le Pixel, ouvrira ses portes le 2 mars 2026. La Ville de Strasbourg a désigné les lauréats de l’appel à projets pour la gestion de ce tiers-lieu de 400 mètres carrés : deux structures déjà bien implantées dans le quartier ont été retenues : la Cybergrange et NHF Cité d’arts et de cultures. Leur mission : animer ce nouveau tiers-lieu avec une programmation culturelle et des espaces ouverts pour apprendre, développer des projets et se rencontrer.

Côté budget, le fonctionnement du tiers-lieu est estimé à 100 000 € par an. La Ville de Strasbourg finance la majeure partie (60 000 €) via un marché public mis en place pour la gestion du lieu. Les porteurs du projet comptent également sur une subvention (demandée) de 30 000 € de la Région Grand Est et prévoient de générer 10 000 € grâce aux activités. Une équipe de neuf personnes, issues des deux structures, travailleront sur place en parallèle de leurs missions actuelles, et un poste de coordination a été créé.

Le Pixel sera hébergé dans l’ancien « bâtiment d’honneur », numéroté « 2 » sur l’affichage public du projet.Photo : Ville et Eurométropole de Strasbourg.

Musique et numérique au cœur du projet

L’école de musique du quartier était à l’étroit dans les locaux de l’Espace Django. « Nous avions une soixantaine d’élèves en 2007. En 2025, nous en accueillons 250, détaille Laetitia Quieti, directrice de l’école de musique du centre socio-culturel du Neuhof. Le quartier évolue, on aimerait proposer des choses qui répondent aux envies des habitants. » Les musiques traditionnelles et le jazz manouche vont se délocaliser dans ce nouveau lieu et se rapprocher ainsi du Polygone. Le lieu doit accueillir en outre des projets de danse et de théâtre.

« On procède beaucoup par expérimentations, en concertation avec les habitants », explique Jérôme Tricomi, directeur de la Cybergrange. Cette association a été créée en 2019 pour gérer un tiers-lieu à destination du Neuhof et de la Meinau. Avec le Pixel, elle en gère désormais quatre dont Le Shadok à la presqu-île Malraux, le Repaire et Secondes au Neuhof.

Le nouveau tiers-lieu proposera, entre autre, des ateliers de réparation et de fabrication (fablab).Photo : La Cybergrange

« Tu viens parce que tu veux apprendre quelque chose et tu ressors avec quelque chose que tu n’avais pas imaginé ! », ambitionne Jérôme Tricomi en fin connaisseur des tiers-lieux et défenseur du partage des savoirs.

Mais le défi de relier le Neuhof au reste de la ville reste de taille, malgré des dizaines d’années de politiques de la ville en ce sens. Situé en bordure d’un quartier populaire, le Pixel pourrait permettre de faire collaborer des acteurs du quartier avec des grandes écoles et des institutions culturelles. « Quand les jeunes d’ici vont au musée ou au théâtre, ils ont l’impression d’aller voir la culture des autres », constate Jérôme Tricomi. Au Pixel, l’objectif est d’allier l’ensemble des pratiques culturelles, y compris les mangas et les jeux vidéo. Il précise :

« L’idée n’est pas de ramener des choses dans le quartier, on n’y croit pas. Mais plutôt de faire rayonner le territoire à l’extérieur, créer des rencontres, être prêt à se modifier par la culture numérique, le design… Il doit y avoir des pas des deux côtés. »

La Cybergrange a déjà expérimenté les outils numériques et des tiers-lieux pour accompagner des jeunes de quartiers populaires.Photo : La Cybergrange

Un lieu évolutif

Concrètement, le tiers-lieu comprendra un grand espace convivial avec une cafétéria suffisamment grande pour accueillir une restauration à midi, en partenariat avec un restaurateur du quartier qui reste à confirmer, des espaces dédiés aux jeux vidéo, ainsi que des concerts et des spectacles.

« On laisse de l’espace pour que les habitants puissent aussi proposer leurs événements, que ce soit pour un cours de couture ou un temps de bien-être… » Une partie sera dédiée aux musiques traditionnelles et au jazz avec l’école de musique. Une dernière partie accueillera une salle de création musicale assistée par ordinateur, une salle de découverte du numérique et un « fablab » (un atelier pour fabriquer des trucs, NDLR). La programmation, trimestrielle et évolutive, mêlera l’offre du lieu, des ateliers et les propositions des habitants.

« J’aime montrer que l’on peut transformer le territoire grâce à des projets associatifs », s’enthousiasme Jérôme Tricomi. Puis il se demande : « Mais comment créer un lieu de vie qui soit beau et qui rayonne sans embourgeoiser ? » Une question pour l’instant sans réponse.


#Neuhof

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