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Cinq familles sans-abri hébergées dans des tiny-houses à la Robertsau

Cinq familles sans-abri de Strasbourg ont été hébergées dans des micro-maisons mises en place par la Ville de Strasbourg dans une cour de la Robertsau. Ce dispositif leur permettra de stabiliser leur situation pendant deux ans.

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Cinq familles sans-abri hébergées dans des tiny-houses à la Robertsau
Les tiny-houses ont une durée de vie d’une vingtaine d’années.

Rue de la Carpe-Haute à la Robertsau sur une grande place bétonnée, des enfants courent autour de petits bâtiments en bois en ce début de soirée du lundi 14 avril. En face, un trio de musiciens célèbre avec des musiques folkloriques l’installation de cinq familles, quelques jours plus tôt, dans ces « tiny-houses » ou « micro-maisons ».

Jeanne Barseghian, maire (Les Écologistes) de Strasbourg, a rappelé les chiffres concernant le sans-abrisme. Le 115, le numéro du Service d’accueil d’urgence, enregistre chaque semaine les demandes d’hébergement en urgence de 800 à 900 personnes dans le Bas-Rhin.

Ces cinq maisonnettes, appelées Bulles d’air, ne régleront donc pas ce problème mais elles s’ajoutent aux solutions dites « intercalaires » mises en place par la Ville de Strasbourg, des logements publics ou privés vacants. Dans un communiqué de presse, la municipalité revendique la création de 600 places d’hébergement « pour un usage social » depuis 2020.

La Ville a investi 330 000 euros pour installer ces micro-maisons, dont 90 000€ seront consacrés à L’Étage, une association en charge du suivi social des cinq familles. Le groupe KS, une société de BTP, a fourni 70 000 euros en mécénat pour cette opération. Derrière les maisonnettes en bois, se cache un box de sanitaires car les micro-maisons ne sont pas reliées au réseau d’eau courante. Floriane Varieras précise « qu’il aurait fallu enterrer les tuyaux de 40 cm au moins pour éviter les gelées, ce qui rallongeait l’installation d’au moins quatre mois et ajoutait 75 000 euros de travaux. »

Les maisons ne pourront rester que deux ans rue de la Carpe-Haute.Photo : Lucile Vitrac / Rue89 Strasbourg / cc

Une situation très précaire pour les familles

Ces tiny-houses ont pour but d’accueillir des familles dont les enfants sont scolarisés dans les établissements de la ville. Les familles bénéficiaires ont été identifiées par les écoles et les associations qu’elles fréquentent, elles seront suivies par L’Étage, car certains habitants de Bulles d’air n’ont pas la situation administrative requise pour travailler. L’Étage leur permet par exemple d’apprendre le français en faisant du bénévolat.

Certaines familles de Bulles d’air courent toujours le risque d’être frappées d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Floriane Varieras admet que certains bénéficiaires pourraient disparaître du jour au lendemain et rappelle que l’hébergement « ne règle pas tout pour les familles ».

Les familles pourront bénéficier de ces mini-logements pendant deux ans. Puis les micro-maisons seront déplacées, une nécessité réglementaire qui permet à la Ville d’éviter de déposer un permis d’aménagement.

Des micro-maisons construites en France

Chaque logement, construit par Hekipia, est équipé d’une cuisine et deux chambres séparées. Tamara, géorgienne de 43 ans, ne cache pas son soulagement. Le 23 avril 2024, elle a été expulsée de son logement Ophéa avec ses deux enfants, Luka, 7 ans, et Sésile, 8 ans. « Depuis, on a tout le temps changé d’hébergement. Ici au moins, je ne serai pas expulsée et mes enfants peuvent jouer dans la cour. Il y a du chauffage et on dort bien », précise Tamara qui s’inquiète de devoir changer d’école. « La direction de l’école de Cronenbourg, c’est comme ma deuxième famille », dit-elle

Dans la famille d’Alfred, Albanais en France depuis quatre ans, la distribution des lits s’est faite dans l’enthousiasme. Alkeb, 4 ans, le plus grand a eu le lit mezzanine, son frère Alsi, 3 ans, et sa sœur Aléa, 27 mois, dorment dans les lits du dessous.

Si la situation n’est pas optimale pour les familles, des habitants de la Robertsau présents lundi se sont montrés volontaires pour faciliter leur intégration. Ainsi Irène Weidmann propose de créer une bibliothèque dans un petit bâtiment de la cour appelé « réfectoire » et d’apporter des vêtements pour un futur nourrisson.


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