
Alors que des manifestations pro et anti-mariage homo sont annoncées ce week-end dans plusieurs villes de France dont Strasbourg, deux élus socialistes strasbourgeois, Mathieu Cahn et Philippe Bies, vont plus loin que le gouvernement et prennent position en faveur de l’adoption et de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de même sexe.
Depuis 220 ans en France, le mariage est un statut civil pour le couple. Il peut paraître étrange que des élus progressistes proposent de permettre à des couples de même sexe d’avoir accès à cette forme traditionnelle de reconnaissance de la famille. Certains libertaires d’ailleurs, y compris chez les homosexuels, refusent le mariage qu’ils considèrent comme « hétéronormé ». Des conservateurs a contrario n’hésitent pas à considérer l’égalité des droits comme une revendication communautariste. Clairement, il ne s’agit de proposer aux couples homosexuels ni de rentrer dans une quelconque « norme », ni de satisfaire une revendication communautariste mais bien de pouvoir leur faire bénéficier de la loi commune à tous. Le droit de se marier, c’est aussi la liberté de ne pas le faire.
Alors, à ce stade du débat, et avant l’examen du projet de loi par les parlementaires en janvier prochain, nous souhaitons nous adresser à ceux qui doutent encore, qu’ils soient de droite, de gauche, du centre ou d’ailleurs. Il y a des évolutions législatives qui paraissent évidentes quand on regarde la société telle qu’elle est et non telle qu’on voudrait qu’elle soit. Des hommes aiment des hommes, des femmes aiment des femmes. Ils et elles vivent en couple. Ils et elles sont croyants, non croyants, de toutes professions, paient des impôts, certains créent même des emplois, ce sont peut-être vos enfants, vos frères, vos sœurs, vos voisins, ou encore vos collègues de travail. Ces couples n’ont pas les mêmes droits que les autres et pourtant leur amour n’a pas moins de valeur. Cette injustice, quand on est républicain et laïque, on ne peut plus la tolérer. Nous disons bien laïque, car, même si notre vision de la vie trouve parfois aussi son sens dans la religion, s’agissant du mariage civil, il convient de se positionner en tant que citoyen. C’est ce que font la plupart des croyants, et même certains religieux, contrairement à ceux qui prétendent parler en leur nom…
Arrêter l’hypocrisie
Il en va de même de ce qui découle directement du mariage, à savoir l’adoption. Il faut sur ce sujet mettre un terme à l’hypocrisie. Aujourd’hui, près de 300 000 enfants grandissent dans des familles homoparentales en France. Des études ont démontré qu’un enfant ayant grandi avec des parents de même sexe n’a pas moins de chance de s’épanouir. Pourtant, seuls les couples hétérosexuels et les célibataires peuvent demander un agrément en vue d’adopter un enfant. L’idée est de permettre aux couples homosexuels de pouvoir demander cet agrément. L’adoption est prononcée par un juge. Cette disposition, protégeant l’enfant, ne changera pas.
Enfin, sur la procréation médicalement assistée, dite PMA, ou plus communément l’insémination artificielle, celle qui fait finalement le plus débat, y compris à gauche, il convient de rappeler que ce n’est rien d’autre que ce qui est permis en France aux couples hétérosexuels stables, mariés ou pouvant justifier de leur vie commune. Les problèmes de fertilité dans ces couples peuvent provenir aussi bien d’une stérilité masculine que d’une stérilité féminine. La société les aide alors à réaliser leur projet parental, celui d’avoir un enfant. Pour ces couples, personne n’oserait dire qu’il s’agit là d’un caprice ou d’un projet égoïste, qui aurait pour seul objectif de satisfaire leur besoin d’enfant au détriment des droits de celui-ci. Alors, oui, il faut sans attendre permettre aux couples de femmes de bénéficier de cette assistance au projet parental parce que leur projet vaut bien celui d’un couple hétérosexuel.
Sérénité juridique porteuse d’avenir
Nous avons aujourd’hui le recul nécessaire. Des pays comme l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas ou encore le Danemark ont fait le choix du progrès depuis des années. La France serait- elle moins progressiste, plus conservatrice et plus inégalitaire ? Nous ne le croyons pas. Faudrait-il repousser une réforme sociétale parce que les réformes économiques seraient plus urgentes ? Non plus.
C’est bien parce que nous sommes en temps de crise économique, avec toutes les inquiétudes et les incertitudes qu’elle génère, qu’il nous paraît plus que jamais utile de reconnaître les différentes formes de familles existantes et de leur permettre de vivre dans une sérénité juridique porteuse d’avenir.
Nous soutiendrons la loi proposée par le gouvernement mais nous souhaitons aussi aller plus loin parce que le progrès dans ce domaine ne dépend que de nous, parce que l’égalité des droits ne peut plus pas attendre, parce qu’elle est le fondement de notre engagement politique au service de toutes et tous.
Philippe Bies, député du Bas-Rhin
Mathieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg chargé de la lutte contre les discriminations
Y aller
Lecture du projet de loi et discussion avec les associations LGBTI, ce samedi 17 novembre 2012, à 14h à 16h sur le parvis de la Place de la Cathédrale à Strasbourg. Par ailleurs, une soixantaine de Strasbourgeois participera à la « manif pour tous » contre le mariage homo à Paris dimanche 18. Un départ groupé est prévu en car, dimanche à 5h du matin sur le parking du PMC (40€).
vous voulez en faites dire que pour l'education il faut "un papa et une maman" .
si vous refusez ce "droit" aux couples homos il faut aller au bout de la logique et placer les enfants de veufs et veuves ( ou de famille mono parental) dans des orphelinats puisqu'il ne seront pas elevés par un " papa et une maman".
ensuite oui aujourd'hui les couples se marient par intérêt et alors !c'est bien la société qui nous y obligent puisque sinon un couple n'a pas les même droits.
donc oui il faut offrir ces droits à tous les couples, puisqu'on parle de droits et pas de morale
( l'emmerdant avec la morale c'est que c'est toujours celle des autres)
Une obligation vient normalement du sujet (sinon on parle de contrainte en français).
Sinon je trouve votre raisonnement stupide : on est contraint de se marier pour avoir les mêmes droits que les gens mariés, mais on est aussi contraint de rester célibataire pour avoir les mêmes droits que les gens célibataires, on est contraint de divorcer pour avoir les mêmes droits que les gens divorcés…
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0049089X12000610
15 000 adultes américains âgés de 18 à 39 ans ont été sélectionnés de façon aléatoire pour répondre à la question « Est-ce que l’un de vos parents biologiques a eu, entre votre naissance et l’âge de vos 18 ans, une relation amoureuse avec quelqu’un de son propre sexe ? ». 175 ont répondu que c’était le cas pour leur mère et 73 pour leur père. Un échantillon complémentaire de plus de 2700 personnes représentatives de la population américaine a ensuite été établi. Tous en ensuite ont passé un entretien approfondi portant sur 40 critères sociaux et émotionnels. Ils ont été classés huit groupes en fonction de la structure familiale au sein de laquelle ils ont grandi (famille composée d'un père et d'une mère mariés depuis la naissance ; parents non mariés ou famille recomposée ; famille mono-parentale ; père ayant eu une relation amoureuse avec un homme ; mère ayant eu une relation amoureuse avec une femme ; divorce tardif ; autres).
Le groupe dont les réponses sont les plus préoccupantes est celui des personnes dont la mère a eu une relation amoureuse avec une femme. A titre d’illustration, ce groupe :
- connaît un taux de chômage de 28% (20% pour celles dont le père ayant eu une relation amoureuse avec un homme, 14% pour celles ayant eu un père et une mère mariés depuis la naissance, et 8% pour celles ayant des parents non mariés ou une famille recomposée)
- a eu récemment des pensées suicidaires à hauteur de 12% (24% pour celles dont le père ayant eu une relation amoureuse avec un homme, 10% pour celles ayant des parents non mariés ou une famille recomposée, et 5% pour celles ayant eu un père et une mère mariés depuis la naissance)
- a déjà été infidèle à hauteur de 40% (25% pour celles dont le père ayant eu une relation amoureuse avec un homme, 32% pour celles ayant des parents non mariés ou une famille recomposée, et 13% pour celles ayant eu un père et une mère mariés depuis la naissance)
- a subi des abus sexuels par ses parents ou par un autre adulte à hauteur de 23% (6% pour celles dont le père ayant eu une relation amoureuse avec un homme, 12% pour celles ayant des parents non mariés ou une famille recomposée, et 2% pour celles ayant eu un père et une mère mariés depuis la naissance)
L’étude passe en revue les études antérieures sur le sujet et met en relief le fait qu’elles ont été réalisées sur la base des déclarations des parents par rapport leurs enfants ou leurs adolescents et non sur la base des déclaration des intéressés, qu’elles ont porté sur de tout petits échantillons (44 personnes ayant eu un parent homosexuel pour l'échantillon le plus important), qui plus est sélectionnés au travers de lieux de rencontre ou de supports de presse dédiés aux personnes homosexuelles. L'étude met en garde prudemment en garde contre une exploitation politique de ses propres résultats en soulignant les limites de toute analyse statistique et la nécessité d'approfondir et d'actualiser cette analyse.
Ça j’aime beaucoup dans une analyse sociologique, dans beaucoup d’autre cas les gens interprètent directement ce qu’ils veulent interpréter sans réfléchir sur l’échantillon choisi, sa taille, sa représentativité statistique…
Merci pour cette analyse
C’est déjà le cas, les personne homosexuelle peuvent se marier avec une personne majeure, non-mariée et de sexe opposée. Les hétérosexuels non plus n’ont pas le droit de se marier avec un personne du même sexe (ni avec un mineur sans l’accord des responsables, ni avec une personne déjà mariée)
>«Ces couples n’ont pas les mêmes droits que les autres et pourtant leur amour n’a pas moins de valeur.»
L’égalité devant la loi est un principe fondamental (qui est respecté), mais ce n’est pas non plus l’uniformité des droits (cf. M. Jean-Marc Ayrault)…
>« il convient de se positionner en tant que citoyen. C’est ce que font la plupart des croyants, et même certains religieux, contrairement à ceux qui prétendent parler en leur nom…»
Scoop! M. Bies sait que les responsables religieux ne parlent pas en tant que citoyens ! (pourquoi? ne sont-ils pas citoyens? certains sont plus citoyens que d’autres?)
>«près de 300 000 enfants […] Des études»
{{refnec}}, il faut savoir que ces études sont plutôt réalisées au pifomètre (échantillon statistiquement non-représentatif, chiffres stagnant depuis près de 15 ans, choix des critères douteux, définition de «famille homosexuelle» variable…)
>«Nous avons aujourd’hui le recul nécessaire.»
Laissez donc des citoyens dire «nous n’avons pas aujourd’hui le recul nécessaire»
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Pauvre M. Bies…
J’aimerais aussi ajouter qu’on ne se marie pas par amour, mais avec un projet de vie tout entier : «Le mariage est l’acte public et solennel par lequel un homme et une femme s’engagent l’un envers l’autre dans la durée, devant et envers la société, pour fonder ensemble un foyer.»
Le mariage est quelque chose de beau et de grand, ce n’est pas parce que certaines personnes se marient seulement pour payer moins d’impôts ou bien s’engagent de multiples fois après de multiples divorce que le mariage doit évoluer, il faudrait simplement que les gens qui ne veulent pas se marier ne se marient pas (quelle idée d’aller voir le maire pour se promettre des choses qu’on sait qu’on ne va pas tenir…)
(voir cet intéressant site de vieux réac : http://www.justice.gouv.fr/justice-civile-11861/mariage-civil-12133/ )
A l' heure de la parité, pourquoi refusons-nous la complémentarité de l'homme et de la femme dans l'éducation d'un enfant...
Il est vrai qu'il est très douloureux de ne pas pouvoir se donner notamment en ayant et en élevant des enfants....Mais n'y a -t-il pas d'autres façon de rendre sa vie féconde en étant généreux d'une autre façon .....