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Tribune : Peugeot et l’automobile en Alsace, l’urgence du virage écologique !

Trois élus écologistes alsaciens, dont Alain Jund, adjoint au maire en charge de l’urbanisme à Strasbourg, plaident pour que l’industrie automobile alsacienne amorce un changement d’orientation. Pour ces élus, le plan social auquel est confronté PSA aujourd’hui résulte d’un manque de vision stratégique sur la place de la voiture dans la société d’aujourd’hui.

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Tribune : Peugeot et l’automobile en Alsace, l’urgence du virage écologique !

L'usine PSA à Mulhouse emploie 8500 salariés (Document PSA)

TribuneLe séisme provoqué par l’annonce de 8 000 suppressions de postes chez PSA ainsi que la fermeture de son site d’Aulnay a été brutal. Il est certainement sans précédent pour l’industrie automobile dans notre pays.

A Peugeot Mulhouse, 273 départs sont programmés mais il convient d’y rajouter les 1 500 emplois déjà perdus au cours de ces 3 dernières années sur ce site de PSA, il s’agissait principalement d’intérimaires. Et ceci sans compter les emplois indirects plus difficiles à quantifier.

En Alsace plus qu’ailleurs, le secteur de l’automobile a fait les grandeurs d’une époque avec ses modèles fétiches, sa fierté ouvrière, ses combats collectifs et son rayonnement bien au delà des frontières nationales.

Mais trois décennies d’erreurs industrielles stratégiques ont amené les automobiles Peugeot et PSA en particulier à développer leurs entreprises (et donc les emplois qui y étaient liés) au regard d’un héritage familial à court terme. Bien loin d’une démarche responsable autour d’une planification à plus long terme à organiser autour de productions utiles favorisant l’emploi et l’avenir de la planète.

A cette absence de stratégie industrielle se sont ajoutées trois décennies de vacuité des pouvoirs publics qui ont injecté des sommes souvent colossales au gré des plans de restructuration qui s’égrènent depuis les années 80.

Aux baladurettes et autres jupettes se sont succédées les primes à la casse et les aides à l’achat sans conditions comme si l’obsolescence programmée d’un modèle constituait l’avenir de l’entreprise. Les aides publiques, à coup de milliards frisant parfois le gâchis, se sont faites sans contreparties, sans conditions sinon celle d’éteindre provisoirement quelques incendies sociaux en formation.

Pour les écologistes, il n’est pas trop tard pour inverser la vapeur à condition d’élaborer une vision à long terme de ce secteur économique.

Mais dans l’immédiat, Europe Ecologie les Verts Alsace s’oppose à ce « plan de restructuration » de la direction de PSA et demande une réorientation complète de la politique industrielle du secteur de l’automobile (et notamment PSA) garantissant l’emploi et favorisant une réelle transformation écologique de ces activités autour de 4 axes majeurs.

La réindustrialisation écologique

C’est d’abord la sortie urgente du modèle « tout diesel ». Il est spécifique à l’industrie automobile française et à Peugeot en particulier. Près de 70 % des voitures vendues dans notre pays sont « dieselisées ». Ce modèle, basé sur un marché saturé, est une impasse. Impasse pour la santé publique (l’Organisation Mondiale de la Santé vient de le rappeler) mais impasse pour l’emploi car ces modèles sont aujourd’hui quasiment inexportables.

C’est ensuite une stratégie industrielle pour le secteur automobile qui prenne lucidement en compte les défis de l’automobile au niveau planétaire. Cela passe par le développement de véhicules sobres, à coût d’achat et d’usage (carburant) modéré, à vitesse limitée et adaptée à la réglementation, à encombrement réduit et qui correspondent mieux au partage nécessaire de l’espace, à la raréfaction des énergies fossiles et des ressources naturelles nécessaires à leur fabrication.

C’est également une politique de qualification et de formation des salariés permettant de valoriser les potentiels et les savoir faire des personnels. Cette mobilisation des compétences sera utile pour des possibles conversions planifiées vers d’autres productions (transports collectifs, industrie des énergies alternatives…) liés à la diversification nécessaire des outils de la mobilité.

C’est enfin, une politique fiscale écologique favorisant les véhicules sobres en consommation et peu émetteurs de gaz à effet de serre qui serait un levier garantissant l’emploi local durable soucieux de la santé et de l’environnement.

L’avenir durable du site de Peugeot Mulhouse, de General Motors à Strasbourg et de l’industrie automobile en général, ne pourra pas se satisfaire de mesures à court terme sous peine de nous retrouver dans la même configuration que la sidérurgie il y a quelques décennies. Elles devront s’articuler avec une évolution structurelle lucide et responsable. Il faut aujourd’hui assurer l’avenir de cette activité et des emplois pour les salariés de cette branche qui globalement représente près de 10 % des emplois industriels de notre région.

Alain Jund, Alison Ober, porte-parole d’EELV
et Djamila Sonzogni, conseillère régionale


#Alain Jund

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