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Tribune : Thomas Risser (PS) à la défense des rythmes scolaires

Thomas Risser tient à défendre la réforme des rythmes scolaires en réponse aux tracts distribués par Fabienne Keller, candidate UMP à la mairie de Strasbourg, à la sortie des écoles. Pour cet enseignant et militant socialiste, des revendications de parents et d’enseignants sont légitimes, mais l’essentiel est d’alléger les journées des enfants.

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Dans une école primaire (Photo Petit Louis / FlickR / cc)

Dans une école primaire (Photo Petit Louis / FlickR / cc)
La question des locaux est un point de crispation de la réforme des rythmes scolaires (Photo Petit Louis / FlickR / cc)

TribuneMme Keller , candidate UMP aux élections municipales strasbourgeoises, fait flèche de tous bois concernant les rythmes scolaires, espérant ainsi donner du… rythme à sa propre campagne. Elle entre ainsi dans une opposition frontale à une réforme dont elle ne maîtrise pas les enjeux. Il est inconvenant de faire une récupération aussi éhontée d’un problème pédagogique aussi sérieux.

Il ne faut pas oublier que l’actuelle réforme des rythmes fait suite à une autre réforme des rythmes : celle que Xavier Darcos avait imposé par décret et sans concertation, la semaine de 4 jours en 2008. Avec seulement 144 jours de classe sur 365 jours, les journées étaient surchargées, provoquant confusion, stress, et échec.

Une modification de ces rythmes était donc nécessaire, et sur ce point, contrairement aux affirmations de la candidate, il y avait un consensus entre le corps enseignant, le corps médical, et les parents. La CAF et l’État ont mis de l’argent sur la table pour faciliter le passage à la réforme. Certes, on pourrait souhaiter davantage, mais l’essentiel est que le fond mis en place pour 2013 est pérennisé en 2014.

Un mécontentement légitime

D’ailleurs, ne nous leurrons pas, cet argent l’UMP ne l’aurait pas mis. Les 80 000 postes d’enseignants supprimés entre 2007 et 2012 en témoignent, comme le contre-budget établi par l’UMP cette année : s’il était au gouvernement, le parti de Jean-François Copé diminuerait le budget de l’Education Nationale. Cette instrumentalisation indigne doit donc cesser.

Le mécontentement des parents et des enseignants se fonde sur des raisons très éloignées de cette démagogie. Que veulent les parents ? Plus de concertations, des bilans de la réforme, des repères pour leurs enfants un peu perdus quand il s’agit, dans le même lieu, de passer d’un cours encadré par un enseignant à une activité où les règles diffèrent. Ces revendications sont légitimes et peuvent être entendues.

Que veulent les enseignants ? Plus de logique dans les changements nécessaires : avant de changer les rythmes, en principe on change de pédagogie, et on change de programmes. On a commencé par les rythmes, et ensuite entrepris la refonte des programmes. La réforme de la pédagogie manque encore. Au moins, ces chantiers sont-ils en cours.

La valse des locaux pose problème

 

Les enseignants demandent à ce qu’on réfléchisse à la gestion des locaux, de manière à ce que les activités des animateurs et des enseignants ne se télescopent plus. L’obligation qui leur est faite de quitter les locaux quand commence le périscolaire les prive de temps informels qui leur permettaient de discuter avec les parents, sans l’aspect un peu brusqué que peut avoir une convocation : une solution simple doit être aménagée. Ils demandent aussi le maintien des temps partiels pour ceux qui le souhaitent, c’est légitime. Ils demandent en outre à ce qu’une revalorisation de leurs salaires accompagnent les charges nouvelles de travail qui s’imposent dorénavant à eux. La réponse est entre les mains du ministre.

A Strasbourg, avoir choisi d’attendre la rentrée 2014 pour la mise en place de cette réforme est équilibré et cohérent. Il est nécessaire de réunir les acteurs et de planifier les différentes options possibles. C’est ce qui est en train de se faire. Réussir le pari du péri-scolaire peut être une bonne chose si de véritables activités éducatives peuvent émerger dans de bonnes conditions matérielles, et encadrées par des personnels qui ne soient pas eux-mêmes précarisés. C’est sur ce terrain là que Mme Keller pourrait faire des propositions constructives, au lieu d’encourager de folles rumeurs et d’espérer paniques et affolement.

Thomas Risser
Enseignant

Membre du bureau fédéral du Parti Socialiste du Bas-Rhin


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