Lorsque Léa (tous les prénoms des étudiants ont été modifiés) découvre l’archéologie à l’Université de Strasbourg, elle a 19 ans. La jeune étudiante en histoire de l’art est « passionnée » par la matière, dit-elle d’une voix douce et posée, dans un chic café strasbourgeois, un jour de décembre 2024.
« C’était mon rêve, notamment la préhistoire », glisse Léa, en soufflant sur son chocolat chaud. Parmi ses profs, il y a cet archéologue quinquagénaire, assez réputé dans sa spécialité. Il est arrivé peu de temps après Léa à l’Université de Strasbourg, en 2021. Si au début de l’année, Léa est « émerveillée » par cet enseignant, c’est à partir du deuxième semestre que la jeune femme commence à sentir les choses changer. Ce sont d’abord des regards insistants, pendant les cours, puis un tutoiement, et – enfin – une invitation à venir participer à un stage de fouilles, loin de Strasbourg, pendant l’été 2022. Quand elle repense à cette période, la jeune femme l’admet : « J’étais tellement excitée et heureuse à l’idée d’aller faire une fouille, que même si je le trouvais bizarre et insistant, je ne voulais pas y penser. »
Comme ce jour où, dans un escalier et devant les amis de Léa (dont une a confirmé les faits), l’enseignant arrive et passe son bras derrière les épaules de Léa pour lui annoncer qu’elle est prise pour le stage. Ou comme cette manie qu’il a développée, progressivement, de l’appeler « ma petite Léa » devant tout le monde.
Interrogé au sujet de cette étudiante, et de ce harcèlement d’ambiance qu’il a créé, l’enseignant parle d’accusations diffamatoires et nie l’intégralité des faits.
Un sentiment de malaise pendant les fouilles, jusqu’à l’agression sexuelle, niée par l’enseignant
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