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Un évêque auxiliaire de Strasbourg soupçonné d’avoir couvert une agression sexuelle

Mardi 13 mai, une enquête conjointe des médias La Vie, La Croix et Famille Chrétienne révèle que des viols et des agressions sexuelles auraient été commis entre 2013 et 2022 au seins des Missions étrangères de Paris. Évêque auxiliaire à Strasbourg, Mgr Gilles Reithinger est accusé de ne pas avoir dénoncé des faits d’agression sexuelle. 

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Un évêque auxiliaire de Strasbourg soupçonné d’avoir couvert une agression sexuelle

Au détour d’une grande enquête des médias La Croix, La Vie et Famille chrétienne, la réputation du diocèse de Strasbourg est indirectement atteinte. Parmi plusieurs affaires, les journalistes révèlent que l’évêque de La Rochelle et de Saintes, Mgr Georges Colomb, est visé par une enquête préliminaire pour « tentative de viol ». L’enquête a été ouverte le 24 mai par le Parquet de Paris suite à un signalement de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) et des MEP (Missions étrangères de Paris). Mgr Colomb était « supérieur général » des MEP, au moment des faits.

L’article révèle que la victime s’était confiée à Mgr Gilles Reithinger, aujourd’hui évêque auxiliaire de Strasbourg, qui n’aurait pas alerté la justice. Il nie avoir fait preuve de laxisme.

« Sa position hiérarchique a noyé l’idée que ça puisse être mal placé »

Les faits présumés remontent aux années 2010, lorsque Nicolas (prénom modifié), jeune Strasbourgeois, logeait dans la maison mère des MEP à Paris (VIIe) au 128 rue du Bac. Là bas, il a retrouvé son ami du lycée, Gilles Reithinger, le vicaire général de l’époque. C’est aussi à cet endroit que Nicolas fait la connaissance de Georges Colomb, qui occupait le poste de supérieur général des MEP. Dans l’hebdomadaire chrétien, il raconte : 

« À chaque passage, je toquais au bureau de Georges Colomb, le supérieur général, que j’avais appris à connaître. S’il était disponible, on partageait un moment autour d’un bon whisky, c’était convivial. J’avais une réelle estime pour cet homme et une relation de confiance. C’était aussi gratifiant d’être reçu ainsi par le supérieur ».

Mais un matin, en 2013, alors que Nicolas aurait été invité par Georges Colomb pour boire un café dans son appartement personnel, celui-ci lui aurait proposé un « massage ». Il explique au journal chrétien avoir accepté la proposition, notamment car « sa position hiérarchique a noyé complètement l’idée même que cela puisse être quelque chose de mal placé ». 

L’agression aurait eu lieu alors que Nicolas était allongé sur le ventre, torse nu. Georges Colomb aurait alors « baissé d’un coup sec son pantalon ». La Vie a recueilli son témoignage :

« Il a plongé sa main entre mes fesses… J’ai bondi et je suis parti en courant. (…) Je ne pouvais me laver, étant sur un salon professionnel. J’ai passé des heures ainsi, à continuellement revivre les événements du matin… Non, vraiment, ce n’est pas ce que je voulais »

Les MEP ont ouvert une enquête en mai pour faire la lumière sur de potentiels abus sexuels commis au sein de leur communauté depuis les années 1950. Photo : Emilie Terenzi / Rue89 Strasbourg / cc

Gilles Reithinger, évêque auxiliaire de Strasbourg, aurait couvert les faits 

Nicolas se serait alors confié à Gilles Reithinger, qui en aurait informé le nonce de l’époque, Mgr Luigi Ventura (rappelé à Rome en 2019 après des faits d’agressions sexuelles pour lesquels il a été condamné). Mais il ignore si celui-ci avait engagé une enquête canonique (enquête interne à l’Eglise). 

À l’époque, Gilles Reithinger n’a pas fait de signalement à la justice. Il plaide face au journaliste qui l’interroge que Nicolas lui aurait simplement parlé d’une proposition de massage, estimant que les faits ne correspondaient pas à une agression sexuelle. Interrogé par La Vie, il s’explique : 

« Il me dit que Georges Colomb lui a proposé un massage, qu’au bout d’un moment il aurait décliné sa proposition, la qualifiant d’indécente, et qu’il serait parti. Il ne me parle pas d’agression ou d’infraction. Je l’ai encouragé à aller voir les autorités, car je n’étais pas à même de qualifier les choses. Ce que j’ai retenu, c’est qu’il s’est senti très mal à l’aise et qu’il était très secoué après ». 

Suite aux révélations, l’évêque Georges Colomb a demandé sa mise en retrait le temps de l’enquête. Il continue de nier les faits qui lui sont reprochés.


#agressions sexuelles

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