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Virginie Joron placée sur une « liste noire » au Parlement européen

La députée européenne Virginie Joron, également présidente du groupe RN à la Région Grand Est, a été placée depuis lundi sur la « liste noire » du Parlement européen. En cause, son voyage en Crimée occupée en juillet 2020 pour « observer » le déroulement du référendum pro-Poutine.

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Virginie Joron placée sur une « liste noire » au Parlement européen

Selon le site spécialisé Euobserver, la délégation de soutien à la démocratie du Parlement européen a mis sur « liste noire », la semaine dernière, huit députés européens et en a sanctionné trois autres au motif qu’ils se sont rendus coupables de « faux voyages d’observation électorale ». Cinq des députés européens mis à l’index sont des Français du Rassemblement national, membres du groupe d’extrême droite « Identité et Démocratie » du Parlement européen. Il s’agit de Virgine Joron, Hervé Juvin, Jean-Lin Lacapelle, Thierry Mariani et Philippe Olivier. Les 11 noms ont été rendus publics lors de la réunion, la semaine dernière, du « groupe de soutien à la démocratie et de coordination des élections » (DEG). Ce groupe d’eurodéputés est notamment en charge de la surveillance et du suivi des élections, au nom du Parlement européen.

Les eurodéputés RN ont été sanctionnés pour s’être vus offrir des voyages luxueux en échange de rapports positifs sur l’organisation et la légalité d’élections-prétextes, sans mandat du groupe ni du Parlement européen, mais en leur qualité d’eurodéputés. Ils se sont rendus en Crimée pour observer un scrutin russe, légitimant ainsi l’occupation de ce territoire ukrainien, et au Kazakhstan. L’inscription sur cette « liste noire » signifie que les députés RN ne pourront plus participer à des missions officielles d’observation électorale au nom du Parlement Européen, au moins jusqu’à la fin de cette année.

Virginie Joron en session plénière à Strasbourg Photo : Parlement européen

Un voyage en Crimée en juillet 2020

Virginie Joron confirme qu’elle s’est bien rendue en Crimée en juillet 2020 pour « observer » le référendum sur la réforme constitutionnelle russe, permettant notamment à Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Rue89 avait détaillé ce voyage : en juillet 2020, les eurodéputés Thierry Mariani, Virginie Joron et Hervé Juvin, ont atterri sur le sol de la capitale de Crimée, annexée par la Russie depuis 2014. Ils sont présentés comme des « experts internationaux », dans une délégation de soixante personnes.

La présidente du groupe RN à la Région Grand Est ne se rappelle pas qui l’a invitée. Selon EUObserver, les eurodéputés du groupe Identité et Démocratie ont été sollicités par un organe consultatif auprès du gouvernement russe. Les observateurs officiels et assermentés, ceux de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) ou de l’Office pour les Institutions Démocratiques et les Droits de l’Homme (ODIHR), n’ont pas été conviés par la Russie.

Contactée par Rue89 Strasbourg, Virginie Joron dénonce cette décision :

« Je n’ai rien à me reprocher, j’ai rempli ma mission de parlementaire qui est de vérifier que la démocratie est respectée. Tout a été déclaré auprès du Parlement européen, nous n’avons rien fait de répréhensible. Et mettre un pied en Crimée n’est pas un crime contre l’humanité. »

Les membres de la délégation RN n’ont noté aucune entorse au processus électoral dans cette région ukrainienne, occupée à la suite d’une invasion par l’armée russe en 2014 et annexée depuis. Le 2 juillet 2020, les Russes ont validé à 77,92% le référendum constitutionnel, un scrutin qui n’a pas été jugé démocratique par l’opposition russe. L’Union européenne a rapidement réagi et a invité la Russie à enquêter sur les irrégularités dénoncées.


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