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À Strasbourg, les cyclistes visés par des amendes minorées

Strasbourg va tester à partir de novembre des « amendes minorées » à 45,60€ pour les cyclistes en infraction. Une dizaine d’infractions au Code de la route sont concernées, dont le refus de priorité aux piétons. L’objectif est de rendre les contraventions plus acceptables par les cyclistes, mais aussi plus systématiques.

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À Strasbourg, les cyclistes visés par des amendes minorées

Place Kléber, bientôt zone d’infractions ? (Photo Strasbourg Cycle Chic)

Lorsqu’un cycliste strasbourgeois passe au rouge à vélo, il risque sa vie mais rarement la contravention applicable : de 90 à 750€, certains agents menaçant même (malgré la loi) de retirer 4 points du permis de conduire. Et tous les cyclistes verbalisés par les forces de l’ordre ont connu le quart d’heure de négociation sur ces points à ne pas retirer parce qu’on est à vélo, sur le niveau de l’amende, etc. Mais à partir du 2 novembre, c’est fini ce flou !

Lundi matin, le maire Roland Ries était accompagné du procureur de la République Patrick Poirret et du préfet de région Pierre-Etienne Bisch pour présenter une expérimentation nationale à Strasbourg : des amendes spécialement conçues pour les cyclistes. Strasbourg voulant être (et rester) la ville du vélo, elle pouvait bien être la première à délivrer des amendes spéciales ! Une dizaine d’infractions de 4e catégorie au Code de la route sont concernées, passer à un stop sans marquer l’arrêt, téléphoner au guidon, refus de priorité… Il en coûtera 45,60€ aux cyclistes contrevenants, 57€ s’il ne paie pas dans un délai d’un mois.

Pour la Ville, ce changement de ton vis à vis des cyclistes est rendu nécessaire par l’accidentologie. Selon le service des accidents constatés (Sirac), un cycliste est impliqué dans un choc sur quatre à Strasbourg. Et surtout, le nombre d’accident entre cyclistes et piétons est resté stable (9 par an depuis 10 ans), alors que les autres types d’accidents ont diminué (voir le détail ici).

Pour Fabien Masson, directeur du Cadr 67 (Comité action deux roues), cette expérimentation va dans le bon sens, car elle fait évoluer le Code de la route vers un code de la rue :

« On voit aujourd’hui que le Code de la route n’a pas suivi les évolutions des modes de déplacements. En même temps qu’on réaménage la ville pour favoriser les déplacements doux, la législation doit suivre. Elle doit organiser l’harmonie entre tous les modes de déplacement. Ces amendes minorées feront peut-être réfléchir les contrevenants, ce qui leur évitera un éventuel accident. »

Rue des Grandes Arcades, la cohabitation entre cyclistes et piétons est parfois tendue (Photo Strasbourg Cycle Chic)

Geoffroy Weibel, président de l’association Bretz’selles, n’est pas aussi optimiste :

« Adapter les amendes à la pratique du cyclisme va dans le bon sens, mais j’aurais préféré que ce soit accompagné par d’autres dispositions d’un code de la rue. Parce que malgré nos efforts, on ne voit toujours rien venir de ce côté là… On va sanctionner les gens alors qu’on n’a pas redéfini les règles de la circulation en ville, c’est dommage. Ainsi, verbaliser les cyclistes qui ne mettent pas un pied à terre lorsqu’ils traversent une route sur un passage piéton me paraît irréaliste. »

Car peu de gens le savent, mais les cyclistes sont censés mettre pied à terre lorsqu’ils traversent sur un passage piéton. Comme l’a récemment remarqué un cycliste strasbourgeois, la bande verte n’est là que pour « indiquer qu’il y a une piste cyclable de l’autre côté« . Comment feront alors les policiers aux carrefours ? Ils risquent de pratiquer comme à chaque fois qu’il s’agit de durcir la politique vis à vis des cyclistes : verbaliser pendant une semaine et passer à autre chose ensuite.

Mode d’emploi du vélo à Strasbourg

Pour Vincent Longy, auteur du blog « Strasbourg Cycle Chic« , il ne faudrait pas que ces amendes plus systématiques viennent décourager la pratique du vélo :

« Dans certaines zones, c’est vrai que la cohabitation entre piétons et cyclistes est tendue : grand’rue, place Kléber, rue des Grandes Arcades, autour de la cathédrale… Je ne vois pas comment vont procéder les policiers pour verbaliser parce que dans ces zones, les cyclistes n’ont parfois pas d’autre choix que d’être contrevenants. Ce sont les infrastructures qui ne suivent pas. Et on sait qu’un cycliste sur deux qui s’est fait voler son vélo est perdu. Si on retrouve la même proportion pour les cyclistes verbalisés, on risque de mettre un sérieux coup au développement des déplacements doux dans cette ville. »

Attention, des policiers seront très probablement en faction au croisement du pont du Corbeau dans les prochains jours… Vérifiez vos éclairages et vos freins.


#transports

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