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Pierre Chaput : « Django Reinhardt sera une pépinière artistique ancrée au Neuhof »

Futur directeur de centre culturel Django Reinhardt au Neuhof, Pierre Chaput se donne huit mois pour installer son projet avec les acteurs du quartier. Rencontre avec un homme pressé.

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Pierre Chaput : « Django Reinhardt sera une pépinière artistique ancrée au Neuhof »

Pierre Chaput : "Il y a un besoin de structuration de la filière des musiques actuelles à Strasbourg" (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Pierre Chaput : « Il y a un besoin de structuration de la filière des musiques actuelles à Strasbourg » (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

La nouvelle équipe du centre culturel Django Reinhardt, dans le quartier du Neuhof à Strasbourg, aimerait pouvoir proposer un week-end d’inauguration fin janvier. C’est ambitieux. Mais c’est à l’image du projet porté par son nouveau directeur, Pierre Chaput, 32 ans, ancien de l’Ogaca, une association qui aidait les artistes à structurer leur projet économique.

Car le projet porté par l’association BeCoze et choisi par la municipalité tire dans toutes les directions : Django Reinhardt sera une scène des musiques actuelles bien sûr, mais aussi un instrument de coopération entre les associations du quartier, un outil pour la professionnalisation et la diffusion des groupes locaux, une salle de cinéma, un lieu d’exposition, un bar… Pour Rue89 Strasbourg, Pierre Chaput détaille son projet.

Rue89 Strasbourg : Quand va démarrer le nouveau Django Reinhardt ?

Pierre Chaput : « La délégation de service public débute le 1er janvier. Dans les faits, nous sommes déjà au travail avec la Ville pour que la transition se passe bien, on récupère les notices techniques, on vérifie l’état des équipements, ce genre de choses. On a rencontré les associations du Neuhof mardi et on le refera régulièrement car on a envie d’inscrire la structure dans un réseau de partenaires. On démarrera doucement pendant les huit premiers mois de l’année qui vient et en septembre, j’espère, nous pourrons proposer notre première saison. »

Qu’est-ce qui a séduit le jury dans votre projet selon vous ?

« Notre projet répond à plusieurs besoins. D’abord, nous avons l’ambition de répondre à un besoin dans le secteur des musiques actuelles. Il y a un manque pour les groupes issus de la scène locale, au moment où ils pourraient devenir professionnels. Nous allons y répondre avec plusieurs programmes, comme des résidences et des programmes d’accompagnement.

« Ce n’est pas la population qui manque d’art et de culture mais l’inverse »

Ensuite, la problématique des publics, et notamment ceux qui sont éloignés de la culture, me tient à coeur. Je considère que ce n’est pas la population qui manque d’art et de culture mais l’inverse. Il faut aller à la rencontre et ouvrir le lieu un maximum, avant et après les événements, en faire un endroit où l’on se sente bien.

Et je garde bien à l’esprit que Django Reinhardt est issu de la politique de désenclavement urbain. Un pilier très important de notre projet concerne la médiation urbaine, avec Mourad Mabrouki qui vient du Point d’O à Ostwald. Il y a 14 écoles et 2 collèges près de Django Reinhardt et nous irons aussi voir les lieux où la culture est difficile d’accès, dans l’univers de l’insertion ou du handicap par exemple… »

Pierre Chaput : "Nous devons nous inscrire en réseau avec toutes les associations du Neuhof" (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Pierre Chaput : « Nous devons nous inscrire en réseau avec toutes les associations du Neuhof » (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

BeCoze est plutôt connu pour son savoir-faire dans l’événementiel. Comment concilier ça avec une politique culturelle de proximité ?

« Il ne faut pas tout confondre. C’est vrai que BeCoze est une association très douée dans la communication mais l’équipe que nous installons est entièrement nouvelle. J’ai une expérience dans la gestion des projets culturels, j’ai travaillé dans les quartiers comme chargé de médiation, au nord de Marseille notamment. Mourad Mabrouki connaît très bien ces questions également et Benoit Van Kote est un programmateur reconnu. On a vraiment une bonne équipe, avec une légitimité et un vrai projet.

« On travaillera autant avec la culture qu’avec la direction de la proximité »

Mais on ne va pas se contenter de ça. On prévoit de rencontrer tout le monde dans le quartier, d’aller sur les marchés et de travailler autant avec la culture qu’avec la direction de la proximité, ou les réseaux d’éducation prioritaire. C’est dans notre cahier des charges mais c’est surtout une nécessité, un souci d’efficacité. On ne pourra pas fonctionner si on n’est pas inscrits pleinement dans le Neuhof. Nous aurons un « conseil artistique » qui sera composé d’acteurs du quartiers et d’acteurs culturels. »

« Inviter les habitants à participer au processus de création »

Comment aller vous participer à la structuration de la filière des musiques actuelles ?

« Django Reinhardt sera une véritable pépinière artistique. Nous allons proposer aux groupes de louer les locaux pour un prix modique, afin qu’ils se frottent à la scène et qu’ils puissent progresser. Nous accueillerons des résidences de 10 jours à trois semaines pour des formations qui sont en phase d’émergence. Et dès septembre, nous prévoyons d’héberger 4 à 6 groupes, pendant 12 à 18 mois, afin de les accompagner dans leurs démarches artistiques et entrepreneuriales. Par exemple, nous leur proposerons les services d’un tourneur s’ils n’en ont pas, etc.

En outre, nous aurons aussi une résidence de création, où les habitants seront invités à partager et à participer au processus d’écriture artistique. »

Qu’est-ce qu’on trouvera à Django Reinhardt ?

« Nous allons proposer un « mix artistique », ouvert aux cultures populaires, urbaines ou émergentes. On passe de la musique du monde à la musique des mondes, en gardant une large place pour la scène locale. Mais nous proposerons aussi des rendez-vous cinéma, des conférences et nous accueillerons une exposition dans le patio. Et puis nous organiserons aussi des Master Class avec les artistes que nous accueillerons, à destination des écoles. Mais on va aussi sortir du centre culturel, on ira dans les rues avec les artistes pour des déambulations ou des happenings. Au final, il sera bien clair dans l’esprit des Strasbourgeois qu’il « se passe des trucs au Neuhof ».

Quels sont vos moyens de fonctionnement ?

On a établi un budget d’environ 450 000€ pour 2016, dont 300 000€ sont apportés par la Ville de Strasbourg. Un sponsoring privé doit compléter les recettes. En rythme de croisière, on espère atteindre 25 à 30% d’autofinancement par la billetterie, la location des salles et le bar. Notre délégation de service public est cadrée par une convention d’objectifs et de moyens, avec des objectifs qui seront régulièrement vérifiés.

Vous allez vous retrouver en plein au milieu des luttes d’influence entre Alain Fontanel et Philippe Bies, comment vous allez gérer ça ?

On ne fait pas de politique, tout le monde est le bienvenu pour travailler avec nous. On veut croire que notre projet a été retenu parce qu’il était le meilleur, et par pour régler des comptes. Il y avait d’ailleurs des représentants d’autres collectivités locales et de l’État dans le jury.


#association BeCoze

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