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À Saint-Louis, les pollueurs de l’eau épargnés, les contribuables sommés de payer

Début mai, l’État a restreint la consommation de l’eau autour de Saint-Louis à cause d’une trop forte présence de polluants éternels. En l’absence de démarche juridique contre les responsables, les riverains et des budgets publics prendront en charge des millions d’euros de dépenses nécessaires.

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À Saint-Louis, les pollueurs de l’eau épargnés, les contribuables sommés de payer
La commune de Saint-Louis, située au sud de l’Alsace, à la frontière avec la Suisse, compte plus de 20 000 habitants.

5 mai 2025. La préfecture du Haut-Rhin restreint l’usage de l’eau courante dans l’agglomération de Saint-Louis. Les concentrations en polluants éternels relevées sont équivalentes à 3,5 fois les valeurs-limites autorisées. Ces molécules très persistantes dans l’environnement, aussi appelées par leur acronyme PFAS, viennent surtout de l’aéroport de Bâle-Mulhouse, qui a utilisé des mousses anti-incendies composées de ces substances jusqu’en 2017. Sur les 60 000 habitants des neuf communes concernées, 3 000 ne doivent plus boire l’eau du robinet : les nourrissons, les femmes enceintes ou allaitantes et les personnes immunodéprimées.

Des personnes non-inclues dans l’arrêté achètent également de l’eau en bouteille, de peur de tomber maladePhoto : Valentine Heitz / Rue89 Strasbourg / cc

En avril et juin 2025, la préfecture du Haut-Rhin a piloté deux réunions d’un comité de suivi de cette contamination. Il s’agit notamment de décider qui va payer les opérations nécessaires pour filtrer l’eau. L’aéroport de Bâle-Mulhouse peut y négocier sa participation à l’amiable. Contacté, par Rue89 Strasbourg, il assure « s’engager activement dans la recherche d’une solution et souhaite aider financièrement ». Mais « le montant exact n’a pas encore été déterminé ».

20 millions d’euros à trouver, pour commencer

Véolia, le délégataire en charge de la distribution de l’eau, se prépare à installer des unités mobiles de traitement par charbon actif, pour 6,5 millions d’euros. L’objectif étant de trouver une solution temporaire pour assainir l’eau. Par la suite, de nouvelles stations seront construites pour 13,5 millions d’euros et disponibles en 2027. Soit une somme totale de 20 millions d’euros hors taxes.

Les contribuables devront-ils payer une partie du montant ? C’est la direction que prennent les négociations entre les potentiels financeurs, presque tous publics : l’État, l’agence de l’eau Rhin-Meuse, la Collectivité européenne d’Alsace, la Région Grand Est, l’aéroport, l’agglomération de Saint-Louis… Seule l’agence de l’eau, financée par une redevance collectée auprès des usagers, a déjà acté d’un montant précis avec un maximum de 1,5 million d’euros. « Elle est pourtant censée faire uniquement de la prévention », déplore Bruno Wollenschneider, président de l’Association de défense des riverains de l’aéroport de Bâle-Mulhouse (ADRA).

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Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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