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À 69 ans, il est condamné pour vente de stupéfiants : « Cela ferait sourire s’il n’y avait pas toute cette misère »

Vendredi 15 septembre, un homme de 69 ans a été jugé pour vente de stupéfiants au tribunal judiciaire de Strasbourg. Lors d’une descente, la police a retrouvé plus de deux kilos de cannabis dans son appartement qu’il partage avec son fils de dix ans.

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À 69 ans, il est condamné pour vente de stupéfiants : « Cela ferait sourire s’il n’y avait pas toute cette misère »

Maachou rentre dans le box des prévenus entouré par deux policiers. Cet après-midi du vendredi 15 septembre, il est le plus vieux de tous, plutôt âgés d’une vingtaine ou trentaine d’années. Avec ses petites lunettes, sa chemise à carreaux et sa démarche lente, l’Algérien de 69 ans détonne. La semaine précédente, lors d’un repérage de la brigade anticriminalité (BAC) dans le quartier gare-Laiterie, le chien renifleur « stups » a foncé sur la porte de Maachou au quatrième étage. Dans l’appartement, les policiers y ont trouvé plus de 2,2 kilogrammes de résine de cannabis et quatorze grammes d’herbe. Dès le début de l’audience, le sexagénaire avoue avoir vendu des stupéfiants. Mais il jure se fournir uniquement dans les cachettes des jeunes dealers de son quartier.

« Une situation humaine compliquée »

Ancien manutentionnaire, le vieil homme vit avec son fils de dix ans. Sa mère a quitté le domicile quand l’enfant n’avait que trois mois. Lorsque le juge lui demande : « Pourquoi vous vendez de la drogue ? » Maachou lui répond : « J’y arrive pas avec le petit ». Le père ajoute que sa retraite de 900 euros et les 600 euros d’aides financières de la Caisse d’allocations familiales ne suffisent pas à payer son loyer de 300 euros, ses charges et l’éducation de son enfant. L’avocat de Maachou, Me Éric Lefebvre, souligne la situation précaire du vieil homme face au juge :

« Je vous renvoie à un point sur la réalité pécuniaire de monsieur : quand on lui demande ce qu’il faisait de cet argent, il disait que c’était pour payer la cantine de son fils. On voit une personne qui paie uniquement le nécessaire, il n’y a rien de superflu. On est dans le cas d’une personne qui vit au jour le jour et qui n’a quasiment pas d’enrichissement personnel. »

Loin du portrait d’un trafiquant chevronné, Me Lefebvre insiste sur l’amateurisme de son client. En plus de son téléphone personnel, Maachou avait un téléphone « business » pour échanger exclusivement avec ses clients. Naïvement, il l’avait sur lui en permanence et signait ses messages de son propre nom.

Surnommé « Monsieur Moustache »

Selon le compte-rendu de l’enquête repris par le juge tout au long de l’audience, plusieurs clients ont désigné Maachou comme leur dealer depuis un an. Dans son appartement, les policiers ont aussi trouvé tout le matériel nécessaire au conditionnement des stupéfiants (balance, couteau, cellophane). Enfin, l’activité du vieil homme a aussi suscité des menaces. Des lettres menaçantes – « tu vas bientôt mourir », « arrête de vendre » – ont aussi été retrouvées au domicile de Maachou. Pour Me Lefebvre, le retraité avait « repris le commerce de quelqu’un. »

En fin d’après-midi, le président du tribunal Louis-Albert Devillairs a déclaré Maachou coupable de vente de stupéfiants. Le père de 69 ans s’en sort avec quatorze mois d’emprisonnement avec sursis et 1 500 euros d’amende.


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