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Affiches et cuisine panafricaines au Jabiru Café

Au cœur du quartier de la Krutenau se niche le Jabiru Café, enseigne de la cuisine et des cultures panafricaines. En 2022, le café et des étudiants de la Haute École des Arts du Rhin ont collaboré sur un projet d’affiches. Elles sont exposées depuis le 14 novembre dans la salle du restaurant.

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Affiches et cuisine panafricaines au Jabiru Café
Quelques unes des douze affiches réalisées par les élèves de la HEAR, exposées au Jabiru Café.

Ouvert depuis 2019 au milieu des maisons à colombages de la Krutenau, le Jabiru Café a fait du panafricanisme son concept. Ce terme désigne un espace géographique ayant une parentalité historique avec les cultures du continent africain, qui s’étendent au-delà de ses frontières. Loin de réduire leur diversité, il s’agit plutôt de les mettre en avant, tout comme leur influence dans nos sociétés, hier comme aujourd’hui. 

En novembre, le plat mis en avant est le « hudut », une préparation à base de lait de coco, origan et bananes plantains, issu de la culture Garifuna – un peuple issu du métissage d’esclaves noirs naufragés au large de Saint-Vincent, et des populations autochtones.

Le Jabiru café, situé rue de Zurich dans le quartier de la Krutenau, expose des affiches créées par des étudiants de la HEAR.

De l’assiette à l’affiche : 12 suggestions, 12 affiches

En 2021, une collaboration est imaginée entre les professeurs de la section « Illustration » de la Haute école des arts du Rhin (HEAR) et Gilles Dolatabadi, gérant du Jabiru. Un projet est présenté aux étudiants de 3e année pour que des petits groupes réalisent 12 affiches qui illustrent les thèmes des douze « suggestions du mois » de l’année 2021-2022.

Sur chacune des douze affiches, on retrouve le titre de la thématique mensuelle, le nom du plat ainsi que le texte historique. Mais surtout, on peut y voir des illustrations sérigraphiées qui représentent les histoires de ces plats.

Échanges culinaires, artistiques et historiques

Les étudiants ont pu goûter les différents plats et ont eu accès à de nombreux éléments : listes de mots et de visuels, descriptions historiques et échanges avec les salariés du restaurant. 

« Pour les artistes, ça a été l’occasion de découvrir des cultures différentes. J’ai pu partager nos connaissances via ces douze thématiques et eux m’ont partagé un peu sur leurs pratiques artistiques et la manière dont ils ont travaillé ensemble. »

Gilles Dolatabadi, gérant du Jabiru Café.
Affiches réalisées par les étudiants de la HEAR dans le cadre du projet avec le Jabiru Café.

La question de la légitimité à illustrer des histoires de peuples dont ils et elles ne sont ni originaires, ni spécialistes a été soulevée par une des étudiantes de la HEAR. Pour Gilles Dolatabadi, l’important est d’exposer les faits, de continuer à faire exister cette mémoire pour en respecter le souvenir. « Ces histoires dérangent, elles sont souvent borderline » analyse le gérant du Jabiru Café, « parce qu’elles parlent d’esclavage, de guerres et de religions, des sujets trop peu abordés en France métropolitaine ». En mai 2022, au Jabiru Café, la suggestion du mois était justement en lien avec l’abolition de l’esclavage en Martinique et en Guadeloupe. 

D’autres thématiques abordent le métissage issu des déplacements (souvent forcés) de populations. Ces récits de l’histoire mondiale peuvent croiser des histoires singulières, quelquefois locales. Ce fut le cas avec le thème « Romance et Casamance » qui mettait à l’honneur Fatou Diome, romancière strasbourgeoise et sénégalaise. Les affiches permettent de faire perdurer sur les murs du Jabiru ces récits multiples.


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