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Exclue en 2018, l’association Alis-Unli remporte sa première victoire à une élection de représentants de locataires

Le dégagisme frappe aussi les associations traditionnelles de défense des locataires. Pour la première fois, Alis-Unli arrive en tête des élections de représentants des locataires du bailleur social Habitation Moderne #Strasbourg #Logementsocial

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Exclue en 2018, l’association Alis-Unli remporte sa première victoire à une élection de représentants de locataires

Le dégagisme frappe aussi les représentants de locataires. Dans la matinée du 11 octobre, l’association de locataires Alis-Unli a remporté les élections du bailleur social Habitation Moderne, suite à l’annulation du scrutin de l’année précédente. Avec 46,35% des voix, Alis-Unli enverra une élue au conseil d’administration (CA) du bailleur social jusqu’en 2022. Carima Lizad, habitante de Koenigshoffen, surveillera la gestion et les orientations d’Habitation Moderne et y défendra les intérêts des locataires. La prochaine réunion du CA est prévue pour le 17 octobre.

Alors que la participation a été sensiblement similaire à 2018, c’est un revers pour les formations traditionnelles telles que la Confédération Syndicale des Familles (CSF, 19,39%), la Confédération Nationale du Logement (CNL, 18,98%) et l’association Consommation Logement et Cadre de Vie (CLCV, 15,25%). Seule la CSF disposera d’un représentant en conseil d’administration de Habitation Moderne, pour Micheline Luis. Avec un score supérieur à 10%, la CLCV et la CNL pourront néanmoins participer aux conseils de concertation locative. Cette instance peut aussi servir à la défense des locataires.

Résultats des élection d’octobre 2019

AssociationScoreÉlus
Alis 46,35% ; (679 voix)1
CSF 19,39% ; (284 voix) 1
CNL18,98% ; (278 voix) 0
CLCV15,25% ; (224 voix) 0

Le dépouillement s’est tenu ce vendredi au siège du bailleur social, après 10 jours de vote par correspondance ou en ligne. La séance s’est tenue sous le regard d’un huissier.

Alis compte avant tout questionner l’organisme sur la question des charges.

Réaction de Hmida Boutghata, président de l’association de défense des locataires Alis-Unli, qui a remporté sa première élection le vendredi 11 octobre.

La CSF obtient un siège, alors qu’elle n’en avait pas eu l’année d’avant. Son président dans le Bas-Rhin, Edmond Wolff tempère son résultat :

« On a repris le flambeau pusiqu’on avait pas d’élu. Mais cela est secondaire car Habitation moderne est une société d’économe mixte et les voix des représentants des locataires n’y sont que consultatives. Ce qui compte c’est de continuer de travailler dans les conseils de concertation locative et d’obtenir un meilleur logement pour les locataires. On se demande comment les plus pauvres pourront continuer à se loger avec la financiarisation du logement social et la hausse des charges locatives. On continuera notre travail sur le terrain et en pied d’immeubles comme on a toujours fait depuis des décennies. »

Edmond Wolff, à l’issue des résultats

Pour la CLCV 67, qui perd son siège acquis en 2018, Daniel Bonnot est plus sévère envers l’association Alis :

« La démagogie l’a emporté. Alis promet de raser gratis. Ils ont siégé 4 ans à CUS Habitat et je ne connais pas leur bilan. On verra dans 3 ans. »

Daniel Bonnot, à l’issue des résultats

Le représentant de la CNL, qui perd aussi un siège obtenu en 2018, a refusé toute discussion dès que nous nous sommes présentés, bien avant les résultats.

Une annulation en mai

En mai, le tribunal d’instance avait annulé les élections d’Habitation moderne d’octobre 2018, car le dépouillement n’avait pas été public. Ce recours était la conséquence d’un différent qui oppose la jeune association des locataires indépendants de Strasbourg (Alis) et le bailleur social de la Ville de Strasbourg.

L’association Alis n’avait pas pu concourir aux élections des représentants de locataires suite à une modification de la « loi Égalité et Citoyenneté » de 2016. Les nouvelles conditions imposaient à la formation locale une affiliation à une organisation représentative nationale. Ces critères avaient été ajoutées au code de la construction et de l’habitat (CCH) par Philippe Bies, alors député du Parti socialiste et rapporteur de la loi pour la partie logement social. Ce 11 octobre, Philippe Bies a présidé le dépouillement qui a duré plus de 3 heures. L’élu strasbourgeois a dû faire preuve de patience pour déminer les questions, remarques et quelques tensions entre associations. Le résultat n’a pas été contesté à l’issue de la séance.

Pour Alis, cette nouvelle législation était une manœuvre de Philippe Bies visant à exclure cette jeune association des conseils d’administration des bailleurs sociaux. Pour respecter ces nouvelles obligations, l’association s’est rapprochée de l’Union nationale des locataires indépendants et de l’association de consommateurs Famille de France.

La 3è élection pour Alis

Jusque-là, Alis avait participé à une élection en 2014 où elle avait fini 3è (22,16%) chez CUS Habitat (devenu Ophéa) et obtenu un représentant comme les 3 autres associations historiques. Lors des élections de 2018, le bailleur social du Conseil départemental du Bas-Rhin, la Sibar, avait de son côté autorisé Alis à concourir. L’association avait recueilli 13% des voix, pas assez pour obtenir un représentant, mais assez pour être considérée comme « représentative » et participer aux conseils de concertation locative. CUS Habitat s’était opposée à la participation et l’élection avait été jugée conforme par le tribunal administratif de Strasbourg.


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