
Après l’opération antidrogue, des Elsauviens soulagés : « Les dealers ont le monopole de mon immeuble »
Au cours d’une importante opération antidrogue, les forces de l’ordre ont interpellé 20 personnes à l’Elsau dans la matinée du 11 février. Policiers, gendarmes et membres du Raid ont saisi des produits stupéfiants et de l’argent.
« Ça fait 45 ans que j’habite ici, je n’ai jamais vu une telle intervention », s’étonne Josiane Sattler, habitante du quartier de l’Elsau. A partir de 6 heures du matin, mardi 11 février, les forces de police ont mené une importante opération « anti-stupéfiants » dans le sud-ouest de Strasbourg. Près de 200 policiers, gendarmes et autres membres de l’unité d’élite du Raid ont interpellé 20 personnes. Ils ont aussi saisi des produits stupéfiants « en quantité » ainsi que des sommes d’argent « conséquentes », selon un communiqué de la police nationale du Bas-Rhin.

Impliqués dans des trafics de stupéfiants, les 20 individus ont été identifiés par une cellule spécialisée de la police nationale du Bas-Rhin dans le cadre d’une enquête préliminaire.
« Psychologiquement, je ne supporte plus »
Josiane Sattler voit ces interpellations comme « une bonne chose » : « À chaque coin de rue, il y a des vendeurs de drogue. On ne sait même plus où marcher. » Au milieu des immeubles, quatre gamins s’apprêtent à quitter le quartier en voiture. L’un d’eux se marre : « Il reste plus personne de 16 à 20 ans dans le quartier, on est les derniers ! »
Les Elsauviens sont les premiers à pâtir de ce trafic de stupéfiants. Sabrina (le prénom a été modifié) habite dans un immeuble de la rue Cranach. Un individu y a été interpellé ce matin. Selon cette mère de famille, les résidents du bloc subissaient régulièrement des menaces de la part des trafiquants, ainsi que la dégradation des parties communes. Sabrina raconte :
« Je travaille du matin, je n’ai pas vu l’intervention. Mais mon fils de 15 ans a tout vu. Il fallait que ça vienne…Ils dealent et fument dans les caves de l’immeuble. Ils nous regardent de travers dans le hall. Ils ont pris le monopole de l’immeuble. Psychologiquement, je ne supporte plus la situation. J’étouffe. »
Menacés dans leur propre immeuble devenu un « débarras », plusieurs Elsauviens de la rue Cranach avaient porté plainte, dont une pour menace de mort, il y a plus d’un an.

L’opération a été menée avec le renfort des brigades d’intervention de Strasbourg et de Metz et les antennes du RAID à Strasbourg et à Nancy. Au total, 170 policiers et 12 chiens (dont certains de la police allemande) ont été mobilisés.
Les interpellations et saisies de drogues ont pris fin vers 9h30. En fin de matinée, des camionnettes de la gendarmerie sécurisaient toujours une partie du quartier, entre les rues Martin Schongauer et Mathias Grünewald.
Les trafics recrutent d'autant plus facilement que les perspectives d'insertions sont réduites. La lutte efficace commence donc par l'école.
L'échec scolaire mine les quartiers en alimentant les trafics, l'exclusion et les incivilités. Pourtant une française, Céline Alvarez expérimente à nouveau avec succès en Belgique une méthode qui nécessite peu de moyens pour enrailler l'échec scolaire. Un résumé en vidéo https://vimeo.com/315209315
Cela nécessite l'engagement de la ville pour assurer un poste d'ATSEM par classe de maternelle contre 0,6 actuellement, pour les former et pour adapter l'aménagement des classes. Cela suppose la collaboration avec l’Éducation Nationale dont les enseignants trouvent une amélioration de leur condition de travail dans cette méthode. En savoir plus https://drive.google.com/open?id=1iRBrnwc66xsDSPW583jGh-6EVJVgzb9d
Vous vous doutez quand même qu'en agissant aujourd'hui au niveau des maternelles, on va pas beaucoup résoudre les trafics de drogue du moment...
Il y a un temps pour les analyses sociologiques, les projets pédagogiques et autres démarches participatives, et un temps pour le retour à l'état de droit, non ?