Jeudi 12 juin, dans l’écrin du « jardin » de la Haute école des arts du Rhin à Strasbourg, une quarantaine d’artistes professionnels, intermittents, ou d’autres salariés du secteur de la culture, se sont réunis pour créer le collectif « Culture en lutte – Alsace ».
L’assemblée a débuté par un rappel des raisons d’être du collectif. « Se rencontrer, partager nos constats et réfléchir ensemble à ce que pourrait être, et ce qu’on pourrait faire avec ce collectif », a introduit Justine Siret, auteure et animatrice de la séance. Ce soir-là, pas de scène ni de projecteurs. Juste des chaises de jardin et des colères partagées.
Entre cachets et RSA
Première prise de parole, premier constat amer : pour beaucoup, vivre de son art relève de l’exploit. Amélie, danseuse et chorégraphe depuis dix ans, raconte :
« Depuis cinq ans, ma pratique professionnelle se complique d’année en année : je m’inscris parfois comme danseuse plutôt que comme chorégraphe. C’est moins bien payé, mais ça me permet d’être recrutée. »
Cet échange d’expérience s’est répété en petits groupes au début de la soirée, ce qui a permis à des artistes souvent isolés de rencontrer d’autres personnes confrontées aux mêmes problèmes. Parmi les questions liées aux revenus, le statut d’intermittent a rapidement émergé. S’il est salué pour sa souplesse, les artistes auteurs, illustrateurs ou plasticiens en sont exclus. Quant au Revenu de solidarité active (RSA), il impose depuis janvier à ses allocataires quinze heures hebdomadaires d’activité bénévole, sous peine de sanctions. Dans l’assemblée, plusieurs personnes en dépendent et ont dénoncé devoir désormais exécuter gratuitement des tâches étrangères à leur art.
Deana Kolencikova, auteure, performeuse et photographe, confie :
« Le métier d’artiste est encore trop romancé. Mes amis croient que je passe mes journées à voyager ou à griffonner deux-trois pages mais je passe des journées et des soirées à travailler sur mon ordinateur, pour faire avancer mes projets, comme dans n’importe quel emploi. »
« Bijou », organisateur d’événements culturels, se sent isolé face aux organismes :
« Dès que je veux signaler un changement de situation, je tombe sur des standards téléphoniques et des réponses toutes faites, souvent déconnectées de la réalité du métier d’artiste. »
Démarrage en douceur
Pour affirmer sa présence, Culture en lutte – Alsace mise d’abord sur une visibilité numérique , avec un compte sur Instagram. Le collectif prévoit d’intervenir dans les salons professionnels et d’initier des rencontres directes avec le grand public. Des collaborations avec d’autres associations culturelles sont également à l’étude. Les membres de Culture en lutte doivent se retrouver jeudi 26 juin à 18h30 à la Maison Mimir, pour lancer les premières « initiatives opérationnelles ».



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