
Le centre culturel et social Rotterdam a perdu l’usage de locaux municipaux, utilisés pour une série d’ateliers et de rencontres. La direction dénonce une volonté de nuire de la part de la municipalité, laquelle se retranche derrière une décision collégiale des collectivités financeuses.
Les jeux, les cours d’informatique et les ateliers d’écriture ou de cuisine proposés par le centre culturel et social Rotterdam (CCSR) au 24 rue de l’Yser dans le quartier du Conseil des XV vont devoir trouver d’autres locaux. La Ville de Strasbourg cesse de mettre à disposition du CCSR ces trois appartements de 56 m².
Pour le CCSR, cette décision est une attaque de la municipalité contre cette structure associative qui assure en outre le service périscolaire de l’école élémentaire du Conseil des XV. La majorité de ses activités destinées aux jeunes et aux personnes âgées se déroulent dans ces locaux, répartis en trois espaces : le Carambole, la ludothèque et la salle informatique.
Un agrément perdu et tout s’effondre
Pour la Ville, ces locaux doivent être réattribués à d’autres associations de quartier puisque le CCSR n’a plus d’agrément « Espace de vie sociale ». Le CCSR disposait de cet agrément attribué par la Caisse d’allocations familiales (CAF) depuis 2015 mais en juillet 2022, la CAF a notifié le CCSR qu’il ne serait pas reconduit au delà du 31 décembre 2022. Raison invoquée par la CAF : « la nature des actions menées et du partenariat local ne correspondent pas aux attendus. »
Sous-directeur à la CAF du Bas-Rhin, Frédéric Égelé refuse d’être plus précis :
« Les éléments ont été transmis à l’association, il y a eu des bilans d’étapes, avec des demandes, qui n’ont pas été suivies. La commission d’animation de la vie sociale a pris cette décision après que lui ont été transmis les échanges au sein du comité inter-financeurs, qui concluaient que les conditions d’attribution n’étaient pas réunies. »
Directeur du centre culturel et social Rotterdam, Valentin Berger s’étrangle :
« Je ne sais pas ce qu’on nous reproche. Nous utilisons ces locaux depuis les années 2000, ils sont occupés en permanence et partagés par plusieurs associations qui travaillent dans le quartier. Ils sont animés par des bénévoles et remplissent pleinement leur mission… »
Un dialogue houleux avec la Ville
De son côté, Guillaume Libsig, adjoint à la maire de Strasbourg en charge de la vie associative, relate :
« Suite à la perte de leur agrément, on a rencontré l’équipe du centre Rotterdam en septembre. L’objectif était d’acter leur retrait des locaux rue de l’Yser et de caler la poursuite de l’accueil périscolaire dans l’école du Conseil des XV, qui donne satisfaction. La réunion a été assez houleuse et on n’a pas pu s’accorder sur un compte-rendu. »
Le 6 décembre, la Ville de Strasbourg notifie par écrit la fin de la mise à disposition des locaux rue de l’Yser… au 31 décembre. Un peu rude pour des locaux occupés par le CCSR depuis 2002 ! Le délai a été repoussé au 31 janvier. Guillaume Libsig assure que la Ville peut attendre que le CCSR soit prêt pour déménager, mais il faudra partir :
« J’ai huit associations qui ont besoin de locaux dans le quartier des XV. Ma boussole, c’est l’intérêt général. On ne peut pas laisser des moyens publics à une association qui ne remplit pas les critères de service à la population et refuser à d’autres associations ces mêmes moyens alors qu’elles fournissent les efforts demandés. »
Dans le quartier, c’est souvent l’incompréhension, d’autant que le CCSR mobilise ses adhérents à grands coups d’appels à l’aide en évoquant la lettre de la municipalité de décembre, et pas celle de la CAF de juillet. La maire Jeanne Barseghian (EE-LV) est attendue de pied ferme à la collecte des sapins que le CCSR organise samedi 7 janvier.
Méthode brutale
Nicolas Matt, conseiller départemental du canton (LREM) et conseiller municipal d’opposition, fustige la « méthode » :
« Quels que soient les reproches adressés au CCSR, on ne peut pas leur demander d’abandonner leurs locaux en quinze jours, c’est d’une brutalité inacceptable. Le CCSR œuvre dans le quartier depuis 1962. S’il y a un problème, on en discute mais on n’empêche pas une association d’aider les habitants ! D’où vient cette volonté de détruire ? Si j’avais été présent au comité inter-financeurs de la CAF, jamais je n’aurais voté la fin de cet agrément et on n’en serait pas arrivés là. »
Oui mais voilà, ce jour-là Nicolas Matt était malade, et l’élu de la Collectivité d’Alsace présent, Jean-Louis Hoerlé, a bien voté avec ceux de la Ville de Strasbourg pour la fin de l’agrément. Nicolas Matt indique que le maire de Bischheim a « fait confiance » au dossier instruit par la CAF, qui fait état d’une faible participation aux ateliers du CCSR, mais surtout d’un refus de collaborer avec d’autres associations de quartier.
« Il est possible qu’on n’ait pas pu aller à une réunion ou deux, admet Valentin Berger, mais nous répondons aux besoins des associations qui nous contactent et le taux d’occupation des locaux est tout à fait satisfaisant. »
Un centre social en difficulté
Les difficultés du CCSR ne datent pas d’hier. En 2019, un diagnostic établi par un cabinet extérieur relève que l’association n’a pas de « réel projet à l’égard des jeunes », un manque qui avait été relevé en 2018 lors d’une visite du maire et qui ne semble pas comblé à ce jour. Yaël, qui connait bien le CCSR, résume :
« C’est une structure active et qui répond présente la plupart du temps, mais il y a des secteurs où elle n’arrive pas à proposer une offre suffisante, notamment en direction des jeunes. Mais on aurait pu garder ce qui fonctionne, comme la ludothèque par exemple… Que va devenir ce fonds exceptionnel et très bien entretenu ? On risque de devoir repartir de zéro pour plein d’activités… »
Les locaux rue de l’Yser n’étant pas liés à des postes de travail du CCSR, il ne devrait pas y avoir de conséquences sur l’équipe dirigée par Valentin Berger. Mais ce dernier pointe que les subventions municipales de fonctionnement au CCSR sont en baisse et que cette décision de retrait des locaux pourrait justifier une nouvelle baisse du montant de la subvention…
Il est bien dommage que, dans cette affaire, on ne puisse pas connaître les présumés manquements de l'association CCSR. Est-ce à ce point confidentiel pour que le public ne puisse avoir les éléments à charge et que l'association visée puisse y répondre publiquement?
Par ailleurs, il serait question d'associations qui rempliraient les critères. Mais ont-elles elles-mêmes apporter des preuves de leurs actions? En quoi apporteraient-elles un meilleur service que l'association présente?
Il serait intéressant d'en connaître la nature, le noms de leurs dirigeants et s'ils ont ou non des liens avec les élus de la municipalité. Surtout pour celle qui aura les faveurs de la municipalité. Probablement les élus ont déjà une idée très claire...
Par ailleurs, il semble qu'une pétition circule: 807 signataires une semaine après son lancement, ce qui témoigne plutôt d'un assez bon soutien de la population du quartier et d'un service rendu apprécié...
Par ailleurs, que signifie au moins symboliquement, une facture de 30 € envoyée par la Mairie au CCSR pour occupation des sols suite à la collecte des sapins (acte écologique évident) ?
Nous pensons qu'effectivement il y a des associations "amies" qui sont sur les rangs.
Pour les signatures on en est à 1300 ...
Nous pensons qu'effectivement il y a des associations "amies" qui sont sur les rangs.
Pour les signatures on en est à 1300 ...
2) Nous avons constaté plusieurs contrats de prestations (au moins 5) avec une structure appelée "ECO-CONSEIL" qui a formé Jeanne Barseghian. Des élus réclament de la transparence sur les modalités d'attribution et ... aucun retour ...
3) Plusieurs contrats de prestation pour animer des réunions de démocratie participative dans les quartiers ou pour le Marché de Noël (2 contrats) où là encore y'a pas de clarté ...
Et Merci à Nicolas Matt de vouloir continuer à héberger une association contre l'avis de la CAF alors que ses copains du gouvernement votent des lois pour jeter les pauvres à la rue... quel homme au grand coeur