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Coop Alsace va déposer le bilan lundi

Coop Alsace, en grande difficulté financière, va déposer le bilan auprès du tribunal de Strasbourg lundi. L’objectif étant de mettre les actifs de la société sous la protection de la justice, pour éviter un démantèlement.

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Coop Alsace va déposer le bilan lundi

Les nuages s'amoncellent au-dessus de la Coop (Photo JFG/ Rue89 Strasbourg)
La Ville de Strasbourg propose 4,5 millions d’euros pour le siège historique de la Coop, qui en espère six. (Photo JFG/ Rue89 Strasbourg)

Henri Ancel, PDG de Coop Alsace, va déposer le bilan de la société devant la chambre commerciale du tribunal de Strasbourg lundi. La décision a été communiquée aux représentants du personnel ce vendredi après-midi lors d’un comité central. Elle a été prise pour préserver l’entreprise, dont la trésorerie ne lui permet plus de faire face à ces échéances, notamment bancaires.

Le tribunal devrait placer Coop Alsace sous observation, avant de décider s’il prononce un redressement judiciaire en vue d’une continuation d’activité, ou une liquidation judiciaire. Coop Alsace en tout cas proposera une période d’observation de six mois avec un plan de continuation, comme l’explique Henri Ancel :

« Le problème, c’est les transactions de départ des anciens salariés que j’estime frauduleuses et pour lesquelles on a porté plainte. Mais certains sont parvenus à les faire homologuer et à nous envoyer les huissiers. J’ai eu jusqu’à 12 notifications une journée et des avis de comptes bloqués ! On ne peut pas continuer comme ça et certainement pas redresser l’entreprise. »

Plus d’argent, les indemnités de départ différées

Les difficultés de trésorerie ont conduit Henri Ancel à différer le versement des indemnités de départ d’une partie des salariés, ceux pour lesquels les transactions ont été validées, comme le montre la lettre ci-dessous, reçue par une ancienne employée ;

Lettre envoyée à certains anciens salariés les avertissant que leurs indemnités ne seraient pas versées à la date prévue (doc remis)
Lettre envoyée à certains anciens salariés les avertissant que leurs indemnités ne seraient pas versées à la date prévue (doc remis)

Pas de rallonge des banques

D’ultimes sollicitations auprès des banques ayant échoué, la direction craignait pour les derniers actifs du groupe, dont le siège historique au Port-du-Rhin. Intéressée, la Ville de Strasbourg qui aimerait en faire son nouveau lieu dédié aux musiques actuelles et aux industries créatives, a refusé de renchérir sur son offre de rachat autour de 4,5 millions d’euros.

Henri Ancel en veut au moins 6 millions :

« Si le tribunal accepte le plan, tous les actes seront cosignés par l’administrateur judiciaire, le commissaire judiciaire et le représentant des créanciers. C’est une garantie que les biens de Coop Alsace ne seront pas bradés. On ne peut pas continuer à vendre des actifs pour financer le prochain plan social… Ces sommes auraient de toutes façons dues être provisionnées auparavant. »

De son côté, Laurent Hobel, délégué syndical FO auprès du CCE, s’inquiète pour la reconversion des anciens salariés :
« Ceux qui sont partis de l’entreprise dans le cadre du troisième plan social bénéficient d’un an d’accompagnement, avec une cellule de reclassement avant de se retrouver devant Pôle Emploi. La mise sous observation risque de ne pas reprendre ces dispositions, ils pourraient très bien être directement mis au chômage. »

De 4500 à 150 salariés

Coop Alsace était encore il y a quelques années un groupe de distribution régional, avec 6 hypermarchés, 22 supermarchés et plus de 180 supérettes alignant plus de 4000 salariés. Aujourd’hui, l’entreprise n’emploie plus que 150 personnes dans une quinzaine de magasins, une boucherie industrielle et une plate-forme logistique. Les hypermarchés et les supermarchés ont été cédés à E. Leclerc entre 2011 et 2013 tandis que le réseau de proximité, 128 magasins, a été vendu à Carrefour.

Administrateur et président du conseil de surveillance, Claude Fussler avait d’ailleurs recommandé cette procédure lors d’une réunion du conseil d’administration mercredi :

« Nous avons fait le constat que la situation financière de l’entreprise ne nous permettait plus de continuer l’activité. J’ai recommandé qu’on se place sous la protection de la justice, faute de quoi on risquait de tout lâcher aux huissiers, façon premier venu, premier servi… »

Le plan de continuation prévoit de conserver une douzaine de magasins de proximité, avec un service renouvelé aux particuliers notamment avec des services de livraison et de réception de commandes passées sur Internet. Mais de nouvelles suppressions d’emplois sont envisagées.


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