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Déchets ménagers dans la CUS : le tri comme (presque) seul remède

Bennes à ordure, bacs à compost, déchèterie… Les modes de récupération des quelques 200 000 tonnes de déchets produits chaque année dans la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) sont multiples. Dans ce domaine, la collectivité tente d’améliorer la collecte en affinant le tri au maximum, pour pouvoir, derrière, valoriser au mieux ces déchets. A demi-mot, elle conseille en parallèle d’en réduire la quantité à la source.

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Déchets ménagers dans la CUS : le tri comme (presque) seul remède

Un Strasbourgeois = 400 kilos de déchets par an (Photos MM)

C’est le troisième opus de notre rubrique « comment être écolo à Strasbourg » : après les Amap et le transport, les déchets. Dans la CUS, on produit aujourd’hui 400 kilos de déchets par an et par habitant, soit deux fois plus qu’il y a 50 ans ! Alors comment trier au mieux ces monceaux de déchets, comment les recycler, voire même… ne pas les produire ? D’abord, ce qui apparaît comme l’alpha et l’omega, c’est le tri sélectif.

Bien ancré dans les mentalités locales, on le connaît depuis près de 10 ans à Strasbourg : ce sont les fameuses poubelles jaunes et bleues, que l’on trouve dans les locaux à poubelles et les cours d’immeubles dans presque tous les quartiers des communes de plus de 10 000 habitants. Dans les plus petites villes de la CUS, les riverains peuvent déposer leurs papiers et bouteilles plastiques dans des « conteneurs d’apport volontaire ».

25% de « refus de tri » dans les poubelles jaunes

Si la poubelle bleue peut à peu près tout contenir, n’est pas expert en poubelle jaune qui veut. Il n’est pas inutile en effet, pour ne pas entrer dans les statistiques du « refus de tri » (25% du contenu des poubelles jaunes aujourd’hui, contre 10% à leur lancement au milieu des années 2000…), de lire les affichettes collées dessus. Grosso modo, vous pouvez jeter dans les poubelles jaunes des bouteilles et flacons plastiques – 31 millions triées en 2002 – mais pas ceux ayant contenu de l’huile de moteur ou des produits toxiques, les sachets, films plastique, polystyrène, barquettes d’emballage plastique, couches culottes, les barquettes et pots de yaourt. On peut y mettre aussi les papiers et cartons et briques alimentaires – 13 000 tonnes en 2002 – mais pas les mouchoirs jetables, essuie-tout, papier peint, le papier calque, le papier carbone, les papiers/cartons très salis par des graisses, de l’essence, de la peinture, journaux sous film plastique.

Dans la poubelle bleue des « ordures ménagères », on peut jeter les métaux (boîtes de conserve) ou les déchets organiques (épluchures…), qui peuvent être également valorisés via le compostage (voir plus loin). Les objets encombrants (cadre de vélo, sommier…) mais aussi les huiles de vidange ou de frigo, les batteries automobile ou l’électroménager doivent être amenés en déchetterie. La destinée du verre est quant à elle toute tracée puisqu’il doit être déposé dans les conteneurs d’apport volontaire estampillés « verre » (ceux avec les trous ronds et qui sentent fort la vinasse…).

Une des méthodes de récupération du verre préconisée : la consigne (MM)

Que deviennent ensuite les déchets une fois collectés ? Le contenu des poubelles bleues : direction l’usine d’incinération. Celui des poubelles jaunes est trié à nouveau, puis part dans des usines papetières ou autres pour être recyclé. Même topo pour le verre. Restent les déchets « verts », épluchures, coquilles d’œuf, feuilles… Une solution est préconisée et fait de plus en plus d’adeptes à Strasbourg, c’est le compostage. Sur le site Strasbourg.eu à la rubrique « collecte des déchets », on apprend :

« Ce processus de décomposition, qui génère une diminution de 3 à 10 fois le volume initial, permet d’obtenir, après 6 à 12 mois, un produit comparable au terreau qui contient, en plus, des nutriments pour les plantes : c’est le compost. »

Là, deux options : soit vous vous procurez un bac à compost, que la Ville peut vous aider à acquérir à hauteur de 40€ (et non plus 30€ comme indiqué sur le site qui n’est plus à jour depuis octobre 2011), à installer dans votre jardin ou sur votre balcon, soit – c’est là la nouveauté depuis 2010 – vous adhérez à une association de quartier qui gère des bacs à compost.

Des bacs à compost sont disponibles à certains horaires et certains jours, notamment ici, place Arnold (MM)

Au centre-ville, l’Association des habitants des quartiers Bourse-Esplaned-Krutenau (Ahbak) a lancé ce principe fin 2009-début 2010. Joséphine de Boisséson, qui a initié l’installation des bacs place Sainte-Madeleine, explique comment tout a commencé :

« L’idée d’installer des bacs vient de nous. Nous les avions demandés dès la création du jardin, car un jardin sans compost, ça nous semblait incongru. Il a fallu un peu de temps à la Ville pour les réaliser : ce sont les menuisiers de la ferme Bussière qui les ont conçus. (…) Ils ont ensuite été installés par des agents de la Ville sur la place à la fin d’année 2009. Nous les avons utilisés à partir de janvier 2010 avec pas mal de succès. Un troisième composteur a été installé récemment pour permettre aux gamins de l’école de venir composter. Depuis les composteurs de Sainte Madeleine, quand un jardin partagé se créé, la convention que propose la Ville prévoit toujours un composteur, dans le cadre d’un potager urbain collectif (PUC). C’est le cas par exemple au Lombric Hardi (Neudorf). »

Elle poursuit :

« Je crois que les bacs à compost doivent d’abord être une demande des habitants. Mais que sans l’accompagnement de la Ville, cela ne pourrait pas se faire. Si la Ville souhaitait installer des composteurs place de Zurich par exemple, elle pourrait se heurter à des plaintes des voisins, craignant que cela serve de banc la nuit, qu’il y ait du bruit autour et des odeurs. Et comment trouver des personnes prêtes à s’en occuper ? Non, il faut que cela vienne des habitants pour que cela fonctionne. »

Concernant le profil des utilisateurs, la jeune femme remarque encore :

« Ils ont une sensibilité à la terre. Soit ils ont grandi avec un jardin et un tas de compost et étaient frustrés de ne pas avoir ça en ville. Soit ils n’ont pas connu le tas de compost derrière la maison, mais s’y mettent pour des raisons environnementales. Dans ces deux catégories, il y a des jeunes et des vieux. »

Les dépôts en déchèterie plus encadrés

En parallèle du développement du compostage, la collectivité teste beaucoup de choses pour délester nos poubelles d’un maximum de déchets. C’est ce qu’affirme en tout cas Caroline Barrière, élue chargée de ces questions à la CUS, qui confie :

« A Strasbourg, on expérimente en permanence dans le domaine de la gestion des déchets. Par exemple, on a remarqué un « refus de tri » de 90% dans certains quartiers. Là, on se sert de la poubelle jaune comme d’une deuxième poubelle bleue. C’était le cas par exemple au Port-du-Rhin. Alors en janvier, on a retiré les poubelles jaunes et on les a remplacées par des conteneurs d’apport volontaire directement en pied d’immeuble. Et ça marche : ils sont remplis à 60 voire 100% et on ne relève plus que 5% de défaut de tri. Ne trient que ceux qui souhaitent. L’enseignement qu’on en tire, c’est que l’on ne peut pas appliquer partout la même recette, il faut adapter le dispositif en fonction des secteurs. C’est un peu de la haute couture ! »

D’ici le mois de juin, la CUS va lancer ou mettre en lumière d’autres tests. Et notamment la récupération des déchets verts (feuilles…), qui encombrent les poubelles bleues et ne peuvent pas intégrer les bacs de compostage. Caroline Barrière reprend :

« A Vendenheim et Lampertheim, on a mis en place des petites plateformes où l’on peut ramener ce type de déchets. Ils sont ensuite broyés par un agriculteur local qui peut les valoriser sur son exploitation. Notre autre grand chantier, c’est l’accompagnement des usagers dans les déchèteries. D’ici quelques semaines, nous allons renforcer les équipes pour que l’usager soit guidé dans son tri, et nous allons installer une barrière à la déchetterie de la Vigie pour gérer le flux au mieux et éviter que des professionnels utilisent ces déchetteries réservées aux particuliers. »

Les réflexes pour limiter la production de déchets

La CUS mène aussi des campagnes de sensibilisation au tri et au recyclage dans les écoles et indique « quelques réflexes simples pour diminuer la quantité et la toxicité de (n)os déchets ». Parmi eux, boire l’eau du robinet plutôt que de l’eau conditionnée, éviter les produits suremballés, privilégier ceux en vrac, prendre un panier/cabas pour faire ses courses, éviter les produits jetables (lingettes, coton, couches…), etc. Sur le site de la CUS, on retrouve aussi ce slogan : « Le déchet le plus facile à valoriser est celui qu’on ne produit pas ».

La semaine prochaine, lundi 4 juin, Caroline Barrière présentera par ailleurs un nouveau site de sensibilisation au compostage à proximité du centre administratif. Lieu de formation destiné dans un premier temps aux agents de la collectivité qui souhaitent s’initier au compostage, ce site sera ensuite ouvert au public sur inscription, à l’occasion de stages organisés par le maître composteur de la CUS.


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