
Suite aux révélations de Rue89 Strasbourg sur l’état de l’usine d’incinération de Sénerval, le président de l’Eurométropole a réagi en soutenant la direction de l’installation.
Les révélations sur les dysfonctionnements de l’incinérateur du Rohrschollen ont fait réagir le président de l’Eurométropole Robert Herrmann (PS), ce mercredi 25 septembre. Lors d’une conférence de presse, l’élu strasbourgeois a spontanément répondu à plusieurs points de notre enquête. Il a repris les éléments du directeur de l’installation, Thierry Provendier, sans émettre de critiques sur la maintenance insuffisante de l’infrastructure, qui appartient à l’Eurométropole. Ainsi, Robert Herrmann a insisté sur le respect du calendrier de redémarrage :
« Le réseau de chaleur est aujourd’hui inerte partout. La mise en service doit se faire sous deux jours (le 27 septembre, ndlr). Il n’y a a priori pas de difficulté. Concernant l’alimentation de l’entreprise Punch en vapeur, c’est en cours de mise en service. Pour l’électricité, la convention prévoit une mise en service le 30 septembre. »
Robert Herrmann, lors d’une conférence de presse du 30 septembre
Vapeur, du vide
Selon Robert Herrmann, l’usine de levure SIL Fala serait alimentée en vapeur depuis fin juillet. Le président de l’Eurométropole a assuré qu’un constat d’huissier le prouvait. Les documents en question ont été transmis le 3 octobre. Concernant le client SIL Fala, « il est acté que SENERVAL n’a pu délivrer la quantité de vapeur prévue au contrat, à savoir 267 MWh sur 24 heures, faute de consommation de la part de SIL FALA. »
Selon une source interne à l’Unité de Valorisation Energétique, de la vapeur a bien été envoyée à ce client… mais elle a connu une interruption due à des canalisations trouées…
Le deuxième document envoyé par l’Eurométropole de Strasbourg confirme l’alimentation en eau chaude de Punch Powerglide par Sénerval.
L’usine Lesaffre Culinary devrait aussi être alimentée par l’incinérateur. Mais une responsable de la communication a indiqué que son entreprise est seulement « en discussion pour un contrat de fourniture de vapeur industrielle. » Autrement dit, l’usine d’incinération n’a pas encore fourni d’énergie à cette entreprise et un accord doit encore être trouvé pour lancer l’alimentation en vapeur. Pourtant, le dossier de presse distribué lors de la visite en août affirmait que « l’unité alimente de nombreux clients bénéficiaires dont Lesaffre Culinary Strasbourg. » Fake news.
Des travaux, encore des travaux
Précision utile de Robert Herrmann : face aux poteaux et aux murs délabrés, les travaux de bétonnage seront pris en charge par le groupe Séché. Le président de l’Eurométropole a aussi déclaré que la réhabilitation d’un étage de l’usine, pour y réinstaller bureaux et vestiaires, n’avait pas été porté à sa connaissance.
Un lourd contexte de licenciements
Robert Herrmann estime que ces révélations sont le « fruit d’amertumes », notamment de la part de « l’ancien délégué du personnel » cité dans l’article. Dans le contexte social très tendu de l’usine, « neuf licenciements disciplinaires et deux pour inaptitude ont été prononcés, auxquels s’ajoutent cinq ruptures conventionnelles. » En tout, c’est un tiers de la masse salariale de l’entreprise qui a quitté l’incinérateur.
Le président de l’Eurométropole a aussi insisté sur le fait que ces départs ont eu lieu « sous le regard de la direction du travail », pour signifier qu’ils ne sont pas abusifs. Dans un second volet de notre investigation sur l’incinérateur, nous reviendrons sur cette période houleuse, émaillée de 36 arrêts-maladie déclarés entre mars et avril 2018.
« Pas de difficultés majeures »
Ainsi, le président de l’Eurométropole continue de défendre l’opération de remise en l’état des trois fours :
« Aujourd’hui, l’usine récupère la totalité des déchets strasbourgeois et de territoires en dehors de l’Eurométropole. Sans cette usine, le seul détournement de déchets coûte 70 millions d’euros. Comme dans toute usine, il peut y avoir des choses plus compliquées que d’autres, mais nous n’avons pas eu connaissance de difficultés majeures. »
L’usine d’incinération n’est pas à l’ordre du jour du conseil de l’Eurométropole du vendredi 27 septembre, mais peut faire l’objet d’une question d’actualité.
Suite au tome 1 sur le GCO, l’auteur offre à la lecture des passionnés de la révolution industrielle et des calamités qu’elle entraîne son deuxième opus.
Sa retraite, tout à fait provisoire durant l’été lui a permis de développer un style hyper conservateur original sur son deuxième centre d’interêt, la sécurité. Après les attentats du marché de Noël, il s’est engagé à agir contre les personnes à la rue et la mendicité.
Il revient dans ce nouvel ouvrage de la rentrée politique à ses fondamentaux. Sur qu’il trouvera un écho attendus des fans de l’économie carbonée.
Il se chuchote dans les milieux informés (selon la définition de Coluche) qu’un nouvel ouvrage se prépare. Il s’inspirerait de l’épopée d’Atilla et porterait l’idée « où je passe l’herbe ne repousse pas mais la c’est pour de vrai ! ».
Nous recommandons pour éviter de tout perdre quelques lectures éclairées du rapport du GIEC par exemple.
Combien de dioxydes et autres produits cancérigènes l’usine d’incinération de Strasbourg laisse-t-elle échapper ? Nul ne le sait exactement : ni l’exploitant ni les autorités chargées de veiller sur la santé des habitants. Seule certitude, le cœur de l’outil strasbourgeois se dégrade. Le carnet de quart en témoigne : le nombre d’incidents de chaudières a atteint 90 en 2013. Du 1er janvier au 20 mars 2014, la CGT en totalise encore 15. En mai 2013, les salariés avaient fait grève et obtenu la promesse d’un investissement de trois millions d’euros dans l’année pour moderniser les chaudières. Promesse non tenue. Du coup, ils se sont remis en grève, à l’appel de la CGT, le 21 mars pour protester contre leurs conditions de travail, exiger des mesures de sécurité, obtenir des hausses de salaires. Depuis vingt-sept jours, l’usine est à l’arrêt.
Trois années plus tard, la belle image s’effrite. Avec l’aide de subventions publiques, Sénerval a investi 13,7 millions d’euros dans un réseau de chaleur inauguré en décembre 2013. Mais la modernisation des chaudières installées en 1974 a été repoussée. Un seuil critique est atteint pour les électrofiltres chargés de dépoussiérer les fumées de combustion. Ils subissent la vétusté des chaudières et s’encrassent.
Postées par la CGT, des vidéos, visibles sur l’Humanité.fr, montrent des ouvriers s’activant, en décembre 2013, sous des nuages de cendres. Leurs combinaisons ne sont pas adaptées à ces travaux, ni leurs masques. Pourtant, le 2 décembre 2013, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) d’Alsace avait mis en demeure Sénerval de ne plus exposer les salariés au « risque chimique ».
Sénerval reconnaît des pannes à répétition, mais prétend qu’elles ne menacent pas la santé des ouvriers. Difficile à croire quand des ouvriers sans protections adaptées évoluent dans des nuées de cendres chargées de dizaines d’éléments cancérigènes qui n’ont pas été traités. Quant aux fumées qui s’échappent par la cheminée, c’est l’inconnue. Certes, comme l’exige la réglementation, Sénerval adresse à la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) des moyennes mensuelles d’émissions de polluants. Mais celles-ci masquent des pics d’émissions qui concentrent des produits dangereux sur un laps de temps court.
Plus grave, les mesures de la pollution n’intègrent pas les émissions qui surviennent pendant que les fours connaissent des dysfonctionnements. Pendant ces périodes, les fours continuent d’émettre des polluants, mais au lieu que les fumées de combustion passent par la cheminée, elles empruntent un deuxième circuit d’évacuation dans lequel elles ne sont pas traitées. Présent sur tous les incinérateurs, ce circuit alternatif n’est bizarrement pas expliqué dans la réglementation qui autorise pourtant soixante heures d’indisponibilité annuelle des mesures de traitement des fumées. Et rien ne limite les quantités de polluants émis durant ces périodes d’indisponibilité. Facile alors pour un exploitant d’incinérateur d’afficher un respect formel des normes quand celles-ci excluent des mesures une bonne partie des pollutions. « C’est un peu comme casser le thermomètre », résume Atef Labben, délégué syndical CGT. Il en découle une conclusion dérangeante : à ce jour, personne ne sait exactement combien de polluants sont émis par l’usine d’incinération de Strasbourg.
fr.scribd.com rapport expertise Senerval
https://fr.scribd.com/document/341972661/Rapport-d-expertise-Senerval
https://fr.scribd.com/doc/217108533/Senerval-mise-en-demeure-de-la-Direccte
https://fr.scribd.com/document/221111156/Senerval-Point-d-Etape-140417
https://fr.scribd.com/document/220026377/A14-733-SENERVAL-2014-Note-de-synthese-pdf