
Jeudi 6 janvier, la police aux frontières est intervenue au gymnase Branly à Strasbourg, où des SDF sont abrités dans le cadre du plan grand froid. Une quinzaine de personnes ont été emmenées en car à Bouxwiller, dans une structure qui vise à les reconduire à la frontière. Le collectif Pas d’enfant à la rue dénonce cette pratique des autorités qui « transforme des dispositifs d’hébergement d’urgence en piège ».
Depuis Noël, le gymnase Branly est réquisitionné pour les personnes sans-abri dans le cadre du plan grand froid. Il peut accueillir 80 personnes. Selon le collectif Pas d’enfant à la rue, constitué de parents d’élèves et d’enseignants en lien avec plusieurs familles abritées dans ce gymnase, il doit rester ouvert au moins jusqu’au 11 janvier. Mais au matin du jeudi 6 janvier, la police a réveillé les bénéficiaires du dispositif d’accueil pour contrôler leur situation administrative.

Selon trois témoins, une quinzaine de personnes ont été emmenées dans un car affrété par la police aux frontières. Elles ont été redirigées vers un centre d’hébergement à Bouxwiller. D’après les associations, cette structure permet d’organiser les retours à la frontière, mais les personnes qui y sont placées restent libres. Cécilia Quintiliani, infirmière scolaire et membre du collectif Pas d’enfant à la rue, est arrivée sur place peu après 7h. Elle raconte :
« Il y avait un car, un fourgon de gendarmerie et des voitures de la police nationale qui sécurisaient le site. Les personnes ont été triées selon leur situation administrative avec des bracelets de couleur. Un bracelet vert signifie que les personnes sont en situation irrégulière. Elles m’ont expliqué que la police a essayé de leur faire signer un papier qui autorise la préfecture à les reconduire dans leur pays d’origine. Heureusement, elles ont refusé. Ensuite, elles ont été emmenées au centre de Bouxwiller. Les personnes qui ont un bracelet rouge peuvent rester au gymnase. »

« Ces pratiques sont violentes »
Delphine Bernard est membre de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) et du collectif Pas d’enfant à la rue. Également en lien avec des familles, elle s’insurge de la tentative des policiers de faire signer des papiers qui autorisent la reconduite à la frontière :
« Le gymnase Branly est censé être un dispositif de solidarité. Quel est le message que la préfecture envoie à ces familles précaires ? Elles risquent de ne plus oser venir s’abriter dans le gymnase malgré le froid. Ces pratiques sont violentes, elles traumatisent les enfants. Il y a vraiment une volonté, de la part de la préfecture, d’expulser des familles. Elle transforme les dispositifs d’hébergement d’urgence en pièges. »

Au moment d’écrire ces lignes, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas encore communiqué sur l’opération. Les forces de l’ordre ont quitté le site vers 10h. Lors de la précédente évacuation du gymnase Branly le 16 décembre, plusieurs familles avaient été emmenées au centre de Bouxwiller. Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites Roues, explique :
« Nous logeons en ce moment une famille iranienne qui a refusé de retourner en Iran et qui est partie de Bouxwiller le 4 janvier. Nous sommes aussi en contact avec une famille tchétchène, qui avait été emmenée à Bouxwiller le 16 décembre. Eux ont signé les papiers pour être reconduits dans leur pays d’origine. Ils n’en pouvaient plus et ont renoncé à rester en France. Mais on ne connait pas tout le monde et comme la préfecture ne communique pas, c’est très difficile de savoir exactement ce qu’il se passe là-bas. »
Peut-on encore longtemps tolérer ces manquements d'humanité ? "Piéger" ainsi des humains dans un lieu pour en envoyer ensuite un certain nombre dans une instance qui a pour objectif de les convaincre de repartir dans leur pays d'origine. Est-cela le nouveau sens de l'adage républicain : liberté-égalité-fraternité ?
M Dupond est un jeune homme entreprenant et enthousiaste. Il souhaite monter une petite entreprises de repassage de chemises dans un pays lointain et s'embarque pour ce faire. Nous saluons en lui le bel esprit de l'expatriation, qui va porter nos belles couleurs dans des coins reculés...
M Dupont est est un jeune homme entreprenant et enthousiaste. Il souhaite monter une petite entreprises de repassage de chemises dans un pays lointain et s'embarque pour ce faire. Nous déplorons en lui sa qualité de migrant, ses mœurs douteuses et l'image déplorable qu'il amène avec lui.
M DuponD est français.
M DuponT est sénégalais.
Traitons les migrants comme des expatriés, ce qu'ils sont. Voyons-les comme cela au lieu de dresser sur leur route toutes sortes d'embûches, d'humiliations, de risques insensés...
Et tirons partie de cette force qui nous rejoint.
Avons-nous choisi de refuser l'évacuation en septembre 1939?
Avons-nous choisi l'exil en " zone libre"?
Nous n'avons pas gardé la mémoire de ces drames dans nos gènes?
Cette histoire n'a donc jamais eu lieu?
Elle ne nous enseigne rien ? Sauf le repli sur un "soi" qui reste impossible à définir puisqu'il est en permanante transformation.
"L’évacuation totale de la zone frontalière d’Alsace et de Moselle sur une dizaine de kilomètres de profondeur est ordonnée. Plus de 600 000 Alsaciens et Mosellans sont contraints de partir, en emportant le strict minimum, laissant derrière eux maisons et biens. Ils sont dirigés vers des départements d’accueil comme la Charente, la Vienne, la Dordogne …
Cet exode durera jusqu’à juillet 1940, date à laquelle les évacués sont rapatriés par les autorités allemandes."
Emmanuel Levinas éclaire le tragique de la rencontre avec l' autre, en le fondant dans le fait d'être " le gardien de son frère", celui qui se trouve poussé à ne pas se reconnaître lui même et à être réduit à un " non-être" et à vivre un "non-sens"...
J’espère que vous respecté scrupuleusement toutes les règles de droit….
au moindre écart vous partirez évidemment de vous même, histoire être en accord avec vous même.