Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Alimenter les fêtes grâce au soleil, la quête d’un DJ strasbourgeois

Programmateur et DJ strasbourgeois, Philippe Pollaert cherche à concilier son amour des soirées et de la musique amplifiée avec les contraintes écologiques de l’époque. Après deux années d’expérimentations, il lance un financement participatif pour créer une offre de plateau technique mobile alimenté par le soleil.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Alimenter les fêtes grâce au soleil, la quête d’un DJ strasbourgeois

De quoi a-t-on besoin pour faire la fête ? D’un peu de musique, d’un peu de bière… En tant que quadragénaire franco-allemand, Philippe Pollaert est assez pragmatique sur la question. Mais un truc le gêne cependant : pour envoyer du son, il faut du courant électrique et pour tirer des bières fraîches, idem.

De plus en plus conscient des impératifs écologiques et du catastrophique bilan carbone de n’importe quel événement festif, Philippe Pollaert, aka DJ Phil, programmateur et régisseur, a mis au point un concept de platines mobiles alimentées à l’énergie solaire :

« J’ai un système qui permet de faire tourner des platines, des enceintes, un frigo et une tireuse à bières grâce à l’énergie solaire puis sur batteries. Selon l’ensoleillement, je peux tenir six à huit heures. L’énergie n’est pas le plus gros poste d’un bilan carbone d’un festival ou d’une soirée, ce sont les déplacements liés aux artistes et aux techniciens. Donc en se limitant à des artistes locaux, plein d’événements peuvent devenir éco-responsables en utilisant ce système. »

La disco mobile permet d’installer des événements à l’extérieur Photo : doc remis

French touch

Philippe Pollaert est un peu rêveur. Mais il est déterminé à apporter sa contribution à un effort qui serait partagé par toute la filière. Son système, développé par Mobilvolts à Séranon dans les Alpes-Maritimes avec des panneaux solaires construits par Voltec à Dingsheim-sur-Bruche, est encore expérimental. Il a été testé pendant plus d’un an avec son association, Genau. L’objectif est désormais de proposer des prestations à des événements plus importants, via une entreprise appelée We R Solar, grâce à une version plus puissante du système :

« Les fabricants d’enceintes et d’amplificateurs améliorent la consommation de leurs composants. Avec mon deuxième système, je peux tenir toute une journée avec suffisamment de son pour un millier de personnes. Pour la restauration, les traiteurs pré-cuisent aussi leurs plats, ce qui permet de consommer moins d’énergie sur place. Si on s’y met tous, on pourrait parvenir à un festival à zéro émission carbone d’ici un an ou deux. »

Le système de disco mobile est complètement autonome Photo : Doc remis

Pas de soutien des banques classiques

Dans cette aventure, Philippe Pollaert a mis un peu de sa poche et bénéficie du soutien de Mobilvolts, qui a fourni le premier système en prêt, dans le cadre d’un apport en industrie à l’entreprise. Pour le second système, qui coûte environ 50 000€, Philippe Pollaert négocie un emprunt auprès de banques privées et de la Banque publique d’investissements, mais il doit mettre en caution ses biens personnels. Un dossier de financement participatif a été refusé par la plateforme Okoté, qui abonde pourtant les contributions en argent public pour des projets dits « engagés ».

Dans cette galère de structuration, Philippe Pollaert a donc lancé un financement participatif classique afin de constituer sa trésorerie de départ :

« Je suis allé voir la banque dans laquelle j’ai mes deux comptes familiaux depuis 30 ans et ils n’ont même pas voulu m’ouvrir un compte de dépôt du capital de départ ! Je ne comprends pas bien pourquoi c’est si difficile, alors que mon carnet de commandes est plein pour toute la saison… C’est pourquoi j’ai lancé un petit financement participatif : l’objectif est de vendre des prestations en avance pour constituer un fonds de roulement. »

La disco mobile déployée au Phare citadelle en juin 2021 Photo : doc remis

Une prestation de location oscille autour de 1 000€, sans compter le tarif du DJ. Un tarif que Philippe Pollaert estime très compétitif :

« Pour ce prix, un organisateur d’événement a toute sa technique gérée et n’a pas besoin d’autorisations administratives complexes pour se brancher sur le secteur. En outre, il peut valoriser cette éco-responsabilité dans le bilan de son événement. C’est l’avenir ! »

Le système de Philippe Pollaert sera utilisé durant tout l’été pour des animations sur la Route des vins d’Alsace, et le DJ organise également quelques événements champêtres pour danser tout en profitant du soleil couchant en Forêt-Noire.


#culture

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

#Philippe Pollaert
Plus d'options