
Deux réunions publiques en visioconférence précèderont les débats budgétaires réglementaires en janvier. Dix participants choisis au hasard travailleront avec les élus sur les prix de certains services publics à Strasbourg et dans l’Eurométropole.
« On part de quelque chose de modeste, ce n’est pas un débat d’orientations budgétaires avec un vote et on a vite rectifié pour parler de débat citoyen sur le budget ». À quelques jours de deux réunions publiques sur les futurs budgets de la Ville et de l’Eurométropole, Syamak Agha Babaei avance prudemment : « On ne veut pas générer des frustrations issues d’attentes qui ne pourraient pas être satisfaites », complète le premier adjoint à la maire de Strasbourg, en charge des Finances.
Les deux jeudis soirs, les 14 et 21 janvier, viseront surtout à informer le grand public : que sont les budgets de fonctionnement, obligatoirement à l’équilibre, et d’investissement ? À quoi sert la dette ou quelles sont les rentrées d’argent possibles ? Plus subtil, qu’est-ce qu’une épargne brute ou une capacité de désendettement ? Des termes financiers techniques qui reviennent chaque année dans le débat et pourtant difficile à appréhender, y compris pour les élus.
Cinq citoyens de Strasbourg, cinq de l’Eurométropole
Mais l’annonce du jour de Syamak Agha Babaei vient du tirage au sort d’habitants et d’habitantes pour la suite. Cinq citoyens de Strasbourg, puis cinq autres de l’Eurométropole seront sélectionnés aléatoirement à l’issue des deux soirées en ligne (18h-20h), pour un volet davantage participatif.

Ces dix citoyens et citoyennes travailleront avec la nouvelle commission des finances, co-présidée par le conseil municipal et communautaire d’opposition Alain Fontanel (LREM) et l’adjointe à la maire Christelle Wieder, sur les tarifications des services publics la Ville et de l’Eurométropole. Là encore, difficile pour le citoyen non-spécialiste de savoir ce qui relève de la Ville, par exemple la cantine scolaire ou le stationnement, ou de l’Eurométropole comme les piscines ou les médiathèques.
Le but est notamment de les faire plancher sur la question des barèmes familiaux des tarifications progressives. D’éventuelles modifications interviendraient ensuite pour le budget 2022.
Les dates clés
- 14 janvier : réunion publique sur le budget de la Ville en visioconférence sur participer.strasbourg.eu de 18h à 20h
- 21 janvier : réunion publique sur le budget de l’Eurométropole en visioconférence sur participer.strasbourg.eu de 18h à 20h
- 25 janvier : débat d’orientation budgétaire au conseil municipal de la Ville de Strasbourg
- 29 janvier : débat d’orientation budgétaire au conseil de l’Eurométropole
- Lundi 22 mars : vote du budget de la Ville de Strasbourg
- Mercredi 24 mars : vote du budget de l’Eurométropole.
« Imaginer la complexité »
La municipalité n’a pas encore tranché si le mandat des 10 habitants durerait un an ou six ans. C’est à la commission de décider s’ils préfèrent favoriser le renouvellement ou valoriser l’incontournable travail de formation de ces citoyens lors de la première année.
Après l’épisode de la Convention citoyenne pour le Climat, dont les propositions les plus ambitieuses n’ont pas été suivies par le gouvernement, la méthode du tirage au sort de citoyens fait débat. Le gouvernement a pourtant réédité ce mode de sélection pour un suivi de la campagne vaccinale. La municipalité écologiste a-t-elle identifié les écueils suite à cette expérience ? « Probablement pas, je pense qu’on va apprendre en faisant. Il n’y a pas de doctrine établie si ce n’est de s’appuyer sur le triptyque élus, agents de collectivité et citoyens », répond Syamak Agha Babaei. Le principal objectif selon lui est que des Strasbourgeois arrivent à « imaginer la complexité de la décision publique ».
Deux mois entre le débat et le budget
Du côté des deux hémicycles, les débats d’orientation budgétaire (DOB) obligatoires se tiendront fin janvier, avec trois scénarios. Le premier budget de la municipalité sera adopté le lundi 22 mars à la Ville, puis le 24 mars à l’Eurométropole. Cet écart de deux mois est plus long qu’au mandat précédent. L’habitude précédente, moins de 3 semaines entre le jour du DOB et l’envoi du futur budget aux élus, « ne permettait pas un vrai débat », estime Syamak Agha Babaei, ancien membre des deux précédentes majorités.
La municipalité compte rééditer et approfondir ces « débats citoyens » pour les futur budgets. Syamak Agha Babaei espère qu’avoir une année complète de préparation permettra de faire en sorte que le travail participatif soit « mieux préparé ».
Et tout porte à penser qu'il s'agira d'un tirage au sort... de préférence.
Seront donc sélectionnés-ées les copains et copines de nos chers dirigeants.
Tout ça au final pour quoi?
---> projeter l'illusion d'une participation citoyenne aux décisions.
Ca y est, les citoyen.ne.s sont convié.e.s à deux visioconférences « pédagogiques » lors desquelles nous seront expliqués les principes des budgets municipaux puis communautaires. Comme si ces principes différaient entre l’un et l’autre, comme si « la complexité » était substantiellement porteuse de sens. Comme s’il n’existe pas en ligne des dizaines de cours sur les finances publiques locales ...
Ce n’est pas des frustrations que ce recul génère en moi, c’est un tout petit peu de colère et beaucoup de tristesse.
Je n’imaginais pas que notre exécutif municipal (je ne me fais guère d’illusion sur l’exécutif métropolitain) allait confirmer si vite les propos attribués à Charles Pasqua sur « les paroles qui n’engagent que celles et ceux qui les écoutent ».
Allez à lire M. Agha Babaei dans un an ça ira mieux... comment cela pourrait aller mieux alors que vous disposez des pouvoirs depuis juillet ?
Vous nous expliquerez un processus d’évolution jeudi ? À défaut, votre perspective pourrait être très vite qualifiée d’enfumage grossier.
Car vos propos à l’égard des citoyens.ne.s pour justifier la marche arrière concrètement avèrent une confiscation d’un pouvoir que la Maire a signifié publiquement souhaiter co-construire. Revenir sur cette parole décrédibilise la parole de notre première magistrate. Et c’est très grave sans autre explication que celle de faire de l’ensemble des citoyen.ne.s des novices.
Par ailleurs, vous, auxquels il revient de réfléchir et d’élaborer les budgets connaissez l’importance du suivi des évolutions dans l’année mais aussi pluriannuelles durant le mandat et au-delà.
Retenir 10 personnes pour travailler durablement ces questions sans autre contrepartie que la reconnaissance publique est une gageure sans nom et vous le savez bien. Strasbourg a connu suffisamment de dispositifs participatifs pour que vous puissiez abuser de crédulité à ce propos. Qui aurait envie de travailler bénévolement sur de tels sujets ? Peut-être des personnes qui comme vous disposent déjà de ressources substantielles ! Une autre confiscation possible donc !
Dès-lors, je ne donne pas cher de votre dispositif à l’emporte-pièce pour donner le change sur une politique qui, à cette heure au mieux balbutie, au pire continue celle de vos prédécesseurs (la place de M. Fontanel dans l’article est de ce point de vue « questionnante »), et donne très peu à voir d’évolutif à ce jour.
Je serai donc maintenant plus enclin à dénoncer les mensonges par omission qu’une quelconque bonne fois dans les propos des élus dont informé l’article.
Je garde cependant en tête les principes d’apprentissage de l’erreur que cet exécutif a mis, aussi, au cœur de ses principes d’action et écouterai patiemment les informations et échanges qui se tiendront lors des visioconférences.