
Cherchez l’erreur. Hier, dimanche 7 avril, le référendum sur la fusion des trois collectivités alsaciennes a capoté. La droite et les écolos étaient pour. La gauche était majoritairement contre. Mais à Strasbourg, qui a voté en faveur du Conseil unique à 70,95%, tout le monde trouvait des motifs de satisfaction. Le PS, parce le non l’emportait régionalement, l’UMP, l’UDI et EELV, parce que le oui s’imposait localement.
A Strasbourg, dire que le référendum pour ou contre la fusion des conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin et de la région Alsace n’a pas passionné les foules est un euphémisme. Seuls 27,22% des électeurs se sont déplacés. Ils ont voté « oui » à 70,95% (soit 18,73% des inscrits), « non » à 29,04% (7,66% des inscrits).
Deux camps se côtoyaient hier au rez-de-chaussée de la Maison de région à Strasbourg, commentant les résultats, reportant les responsabilités de l’échec du référendum sur le dos des uns ou les autres, de préférence (mais pas systématiquement) dans le camp adverse.
Pour l’UMP, « le PS n’a pas été entendu »
Dans la foule, papillonnent de nombreux élus et militants politiques, alsaciens et strasbourgeois. Parmi eux, l’on croise les trois prétendants de droite à la tête de liste aux municipales de 2014 dans la capitale alsacienne. Jean-Emmanuel Robert et Fabienne Keller (UMP), François Loos (UDI) et leurs équipes, ont fait campagne pour le « oui ». Si elle regrette le plantage alsacien du référendum, l’ex-maire de Strasbourg et sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller est satisfaite des résultats strasbourgeois. Pour elle, ils sont le signe « de la faible influence du PS, qui a fait campagne pour le « non », sur la population ». Elle ajoute :
« Malgré une campagne d’affichage importante, malgré le fait que Roland Ries a annoncé qu’il voterait blanc, le « oui » l’emporte massivement à Strasbourg ! Si l’abstention est importante, dans les mêmes niveaux que pour des cantonales, elle s’explique en partie par une vraie perte de confiance et un discrédit des politiques après l’affaire Cahuzac. »
Un argument également brandi par Philippe Richert, président du conseil régional UMP et artisan du projet de fusion. Cette abstention n’a – bien sûr – rien à voir avec la complexité de la réforme proposée, la méconnaissance ou le désintérêt des Alsaciens pour leur fonctionnement institutionnel, l’incapacité des promoteurs du projet à désamorcer les craintes ou à fédérer les forces vives…
Le conseiller municipal de Strasbourg et conseiller régional UMP Pascal Mangin est quant à lui très sévère à l’égard du maire socialiste de la capitale alsacienne :
« Je trouve le comportement du sénateur-maire très en-deçà de l’enjeu. Le fait qu’il n’ait pas pris clairement position interpelle sur sa capacité à prendre des décisions. Je note aussi que les Strasbourgeois ont largement adhéré [ndlr : 18% des inscrits…] à la proposition d’évolution institutionnelle. Si ce n’est pas directement une mise en cause de l’équipe municipale, force est de constater que le PS, qui a appelé à voter non, n’a pas été entendu. »
Les écolos estiment avoir convaincu
Toujours pour le camp du « oui », les écologistes strasbourgeois voient aussi le verre à moitié plein. Outre Alain Jund, adjoint au maire EELV en charge de l’urbanisme, pour qui les résultats strasbourgeois sont « le seul motif de satisfaction » du référendum, Marie-Dominique Dreyssé, autre adjointe EELV en charge des questions sociales et conseillère générale du canton Gare, veut croire que « peut-être, les écolos ont convaincu ». Elle regrette néanmoins :
« Le temps de campagne a été largement insuffisant, le sujet était extrêmement compliqué et des arguments ont circulé, notamment dans les milieux syndicaux, sur un détricotage du droit national. Et puis la position du PS en Alsace, comme le symbolise celle de Roland Ries qui s’est un peu réfugié derrière cette problématique du siège, a été le flottement. »
Le PS du Bas-Rhin fier de ses positions « courageuses »
S’ils « ne crient pas victoire », les socialistes du Bas-Rhin trouvent tout de même matière à se féliciter. Paul Meyer, conseiller municipal PS de Strasbourg, rappelle :
« Moins d’un Strasbourgeois sur quatre a voté « oui ». On ne sabre pas le champagne pour autant, même s’il fallait du courage pour faire cette campagne du « non » alors que les sondages donnaient le « oui » largement gagnant. Dans la perspective des municipales, ce n’était pas évident… »
Pernelle Richardot, adjointe au maire PS de Strasbourg et conseillère régionale, qui a porté la voix du « non » dans de nombreux débats ces dernières semaines, analyse quant à elle :
« A Strasbourg, la gauche est allée voter à reculons, voire ne s’est pas du tout mobilisée. Ceux qui voudraient extrapoler demain [et faire de ce résultat un désaveu de l’exécutif en place] se trompent. Il s’agit d’une sur-mobilisation de l’électorat UDI et UMP et pas l’inverse. »
Le Parti de gauche avait « raison depuis le début »
Jean-Claude Val, co-secrétaire du Parti de gauche du Bas-Rhin, présent hier soir à la Maison de la région lui aussi, résumait les résultats en une phrase : « Nous avions raison depuis le début, on ne marche pas impunément sur le peuple ».
De façon générale, les partisans du « oui » estimaient hier que l’Alsace en prend, avec ce refus de la fusion, « pour 20 ans d’immobilisme ». Quand ceux du « non » revendiquaient la reprise de discussions sur « l’évolution nécessaire de nos institutions locales dans le cadre des débats sur l’acte III de la décentralisation » (Philippe Bies, député PS du Bas-Rhin).
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : le Haut-Rhin refuse la fusion alsacienne
Il ne dit pas non à l'Europe mais à une certaine Europe !
"De façon générale, les partisans du « oui » estimaient hier que l’Alsace en prend, avec ce refus de la fusion, « pour 20 ans d’immobilisme ». Quand ceux du « non » revendiquaient la reprise de discussions sur « l’évolution nécessaire de nos institutions locales dans le cadre des débats sur l’acte III de la décentralisation » (Philippe Bies, député PS du Bas-Rhin)."
Deux remarques si tu le permets :
1/ Quant à la prestation artistique : rien à dire sur les rimes. Tu me donnes les mêmes et je te fais le sens contraire. Par contre, toutes justement ne sont pas claires sur le sens politique, non...????
2/ C'est bien parce que, comme tu dis, que le contenu politique "reste le même" qu'il n'y a pas de réelle prise de position politique.
Ergo !!!!
C'est donc l'alsacianité des Alsaciens qui fait ce qui ne convient pas ?
Alors il aurait fallu demander de voter aux Bretons, non ?
Mais peut-être que la bretonnité des Bretons ne convient pas non plus?
Alors où est ton argument ?
Que les Alsaciens sont des cons ?
J'aurais eu le même de la même mauvaise foi dans le résultat inverse.
P.S. Attention à l'écho quand tu enregistres de la musique ! Mets un techno son... !
Il y a tout d'abord eu un grand manque de clarification de ce que voulait construire nos élus.
Entre les électeurs qui pensaient que nos élus voulaient plus d'autonomie par rapport à Paris et ceux qui pensaient dans le Haut Rhin qu'ils seraient sous le joug du Bas Rhin (avec Charles Buttner qui a lui-m*eme exprimé cette crainte au début des tractations) et, avec en tête, un Gilbert Meyer, maire UMP de Colmar grand chantre du "non" ayant joué "personnel" en vue des municipales, comment Philippe Richert pouvait-il avoir confiance en un grand déplacement des électeurs pour le "oui" ?
Kennel et Richert on perdui leur bébé alsacien.... Par méconnaissance de l'intensité de la méfiance de l'électorat haut-rhinois.
Je pense à la boulangère médiatique de Kintzheim (68) qui doit jubiler derrière son comptoir !!
Les citoyens aussi sont déconnectés des obligations d'une démocratie, s'il n'y a rien a gagne tout de suite, les gens en ont plus rien a foutre.
Mettre tout sur le dos des politiques n'a pas de sens non plus.
Si le peu d'explications fournies par les politique pour ce référendum par les politiques, c'est bien leur faute. Par exemple, un document qui montrait un comparatif financier entre les 2 situations, l'actuelle et ce qui nous était proposé aurait été le bienvenu !! Entre autres ...
Avec moins de 1000€ par mois, je ne peux pas m'abonner aux DNA ou à L’Alsace pour voir les insertions dans ces médias. Le peu d'informations télévisuelles ne me donnait rien de clair non plus...
Les chroniqueurs politiques déploraient ce manque d'informations claires tout autant.
Donc, on ne peut rien reprocher aux électeurs !
Il faut que tous comprennent à quel point leur campagne a été nulle. Le fait de ne pas chercher un accord entre PS 68 et 67 est un exemple révélateur (et je ne parle même pas des 3 affiches collées par le PS strasbourgeois, ni du courage politique de Ries avec son "p'tête ben qu'oui, p'tête ben qu'non). Quant aux partisans du oui, ils ont fait le strict minimum, dans un laps de temps beaucoup trop court. Des tas de gens ne savaient même pas pour quoi voter parce que mal informés !
Puis les conservateurs haut-rhinois et leur peur de Strasbourg, qui domine de fait déjà la région, quelle bonne blague... Quand ils auront en face d'eux le mastodonte Strasbourg-eurométropole, sans le contrepoids de la CTA, ils regretteront peut-être ce non, mais tant pis pour eux...
Des maires aux députés, les élus UMPS/Verts/Centristes ont été totalement désavoués alors qu'ils avaient tout mis en œuvre pour arracher le "oui". On constate aujourd'hui le fossé grandissant entre ces élus et le peuple, une grande défiance à l'égard de la classe politique alsacienne. Partout où les ténors politiques s'étaient engagés dans le Haut-Rhin, le "non" l'emporte!!!! Et dans le Bas--Rhin, les 25% d'inscrits ne sont pas atteints!!!
Le FN avait fait de nombreuses propositions sur le sujet, nous avions toujours été dans une logique de réflexion. À aucun moment nous n'avons été entendu.
L'arrogance et le mépris affichés par les petits barons locaux est sidérant. Comme d'ailleurs le comportement des élus socialistes strasbourgeois qui n'ont jamais rien proposé sur le sujet.
Aujourd'hui il faut enfin se mettre au travail. Regroupons déjà les agences économiques et touristiques, faisons travailler les services des 3 collectivités et les élus sur des dossiers phares pour notre région, un seul journal pour les 3 collectivités, supprimons les doublons dans les financements de projets,....... Nous avons maintenant la possibilité enfin de travailler ensemble, d'organiser, de concentrer notre énergie sur des projets intelligents, efficaces et utiles pour notre région.
La priorité devra être de faire moins mais mieux. Les Alsaciens exigent de la clarté et de la lisibilité. C'est à nous maintenant de préparer l'avenir de notre région.
Belle leçon d'humilité....... Comme le disait si bien La Fontaine: "Rien ne sert de courir, il faut partir à point." En effet, il ne sert à rien de se précipiter si on est sage et prévoyant. Toute chose demande du temps. Il faut s'y consacrer autant que nécessaire, et non sous estimer une tâche et la faire tardivement à la hâte!!!
D'ailleurs "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage"..... Il fallait faire preuve de patience et agir posément......
Pour ma part, je continuerai à travailler le sujet de la réforme des collectivités territoriales qui est d'une nécessité absolue. Notre site www.conseil-unique continuera à alimenter les réflexions sur le sujet.
Patrick BINDER Conseiller Régional FN d'Alsace
Pourquoi n'iriez-vous pas habiter dans un pays de rêve gouverné par un de vos amis, cette belle Hongrie qui s'écarte de plus en plus des libertés individuelles ???
Vous pourriez y être très bien accueillis !!
Oui on nous prend toujours pour des moutons qui voteraient ce qu'on leur dit ? Résultat ?
Le non parce qu'avec la confiance qui règne, il vaut mieux prendre le temps.
Ce qui me désole dans l'histoire, c'est bien ce que vous expliquez dans cet article : rien ne sera tiré de cette expérience, chacun fait sa petite masturbation collective...
Le ( les ) mouton alsacien ne serait plus enclin à suivre les bons pasteurs de la région bleue ? :-)
Pour les décisions locales c'est sûrement très positif, mais lorsqu'il s'agit de décider de grands projets au niveau provincial, un pouvoir fort est indispensable. (notre province existera peut-être un jour ?).
Pourquoi ne pas suivre le modèle de nos voisins allemands qui semble bien réussir aux démocraties locales ainsi qu'aux décisions d'ordre provinciales ?
Pourquoi pas après les municipales refaire un référendum en prenant le temps d'en expliquer les enjeux essentiels ?
Franchement je ne pensais pas que le non viendrait de ce côté là. Mais cela en dit long sur le plan que les socio-traîtres européens ont des wallons et des flamands ou des catalans et des basques .
Le titre de votre article est à ce point extrêmement lucide.
Et plus honnête que les partis qui ont hypocritement été pour le oui ne pourraient jamais l'être.
Les EELV en leur argumentation sont en ce particulièrement lamentables ! Pas assez de temps ? En ce site vous leur en avez donné plus que de raison. Sauf que les Fernique ont ne les entend plus comme d'habitude... Ils font jouer les seconds couteaux...comme d'habitude....
Il y aurait beaucoup de chose à dire encore...
En attendant les résultats précis, on se marre....
In ze bottom the bobos !!!!!!!!!!!