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Élise : « Quand tu viens d’un collège REP+, tu dois redoubler d’efforts »

Élise Nguyen fait partie des deux élèves qualifiés pour la finale du concours d’éloquence. Mardi 20 mars, elle a conquis le jury réuni au lycée Le Corbusier. Sa réussite, in extremis, confirme la collégienne dans son état d’esprit : pour sortir du quartier et entrer dans un « bon » lycée, il faut travailler d’arrache-pied.

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Élise : « Quand tu viens d’un collège REP+, tu dois redoubler d’efforts »

« Elle va en finale, mais c’était très chaud. » Le 20 mars, à 20h30, l’association D-Clic envoie les résultats du deuxième tour du concours d’éloquence. Élise Nguyen, la collégienne du quartier de Hautepierre que les lecteurs de Rue89 Strasbourg ont découvert mardi 13 mars (voir ci-contre), fait partie des deux finalistes.

Le matin même, Élise et sept autres candidats déclamaient leur discours dans un amphithéâtre du lycée Le Corbusier d’Illkirch-Graffenstaden. Face à la collégienne du quartier de Hautepierre, le jury était composé de doctorants et d’un étudiant en droit, d’une avocate et de la directrice adjointe du centre de formation des apprentis Le Corbusier.

Un état d’esprit quotidien

Il est 9h30 lorsqu’Élise est appelée pour entamer sa plaidoirie. Elle se lève, son discours de deux pages à la main, et descend les marches de l’amphithéâtre. La collégienne porte une robe noire impeccable. Les rayons du soleil inonde la salle à travers une baie vitrée de plusieurs mètres de haut. Élise est plus confiante que la semaine dernière. Ses mains tremblent moins qu’au premier tour. Son discours est assuré. Elle fixe le jury.

Pour ce deuxième tour du concours d’éloquence, la jeune fille de Hautepierre applique tous les conseils des jurés : ne pas parler trop vite, bien respirer, rester à l’aise. Elle a travaillé près de deux heures chaque jour depuis la semaine dernière. Chez Élise, cette application est un état d’esprit quotidien. L’élève vient d’un établissement classé REP+. Pour le ministère de l’Éducation nationale, elle vit dans un « quartier […] connaissant les plus grandes concentrations de difficultés sociales ayant des incidences fortes sur la réussite scolaire. »

Elise Nguyen face au jury de la demi-finale du concours d’éloquence. (Photo GK / Rue89 Strasbourg/ cc)

« Venir de REP+, c’est un mauvais point »

Élise est consciente des stéréotypes qui entourent son milieu de vie. Elle se bat contre ces idées reçues :

« Dans mon collège REP+, les gens ne remarquent pas que les élèves sont intelligents. Souvent, on ne les laisse pas parler et démontrer leurs capacités. Je sais que je dois plus m’accrocher que les collégiens d’autres établissements pour réussir. Pour aller aux Pontonniers (un lycée du centre-ville de Strasbourg, ndlr) par exemple, venir de REP+ c’est un mauvais point. Alors pour y arriver, je redouble d’efforts, au niveau de mes notes comme au niveau de mon comportement. »

La collégienne ressent une grande reconnaissance à l’égard de son établissement. Les enseignants font preuve de bienveillance. La jeune fille apprécie :

« Les professeurs du collège Erasme demandent souvent aux élèves comment vont leur grand frère ou leur grande soeur. Il y en a qui ont réussi. Certains ont étudié le droit, d’autres ont fait médecine. Il y a même le banquier de ma mère qui vient d’Erasme ! J’aimerais bien que mes anciens profs me citent en exemple lorsque mes petits frères seront au collège. »

Sa mère a hésité entre public et privé

La collégienne se souvient de cette période en CM2, où ses parents ont dû choisir son futur collège. Sa mère, Sandrine Grasser, a hésité à envoyer Élise dans le privé. « Elle avait peur qu’on se laisse entraîner par les groupes qui traînent devant le collège toute la journée », explique la jeune fille.

Les amis de Sandrine l’ont dissuadé de recourir aux collèges privés : « Les professeurs sont très bien au collège Érasme », ont-ils assuré. Camille Timmerman, chargée de mission de l’association D-Clic, confirme l’implication de l’établissement dans la réussite de ses élèves :

« Le collège Érasme est un partenaire de l’association depuis le début. Et ils sont très impliqués dans de nombreux autres dispositifs, comme les cordées de la réussite ou les concours organisés par Sciences Po Strasbourg. Au concours d’éloquence, un surveillant a accompagné les élèves d’Erasme pour chaque tour. »

Le 12 avril, Élise passera la finale du concours d’éloquence. Elle prendra la forme d’une « battle » lors de laquelle les deux finalistes s’opposeront sur un même sujet, encore secret. Le tout se déroulera au centre culturel Marcel Marceau, au Neudorf. La finale d’un concours de création d’entreprises se tiendra en parallèle. L’association D-Clic espère ainsi attirer entre « 150 et 200 personnes ». Peu importe l’issue de la finale, nul doute que les professeurs du collège Erasme se souviendront d’Elise quand son petit frère sera collégien.


#Hautepierre

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