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En une semaine, 438 enseignants n’ont pas été remplacés dans les écoles du Bas-Rhin

Au cours de la semaine du 22 janvier 2024, le syndicat FSU-SNUipp 67 a répertorié les absences d’enseignants, d’AESH et d’Atsem dans le Bas-Rhin. Une action « coup de poing » qui recense 637 absences non-remplacées dans le département.

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En une semaine, 438 enseignants n’ont pas été remplacés dans les écoles du Bas-Rhin
Florence Fogelgesang, Jonathan Welschinger et Agathe Konieczka, membres du syndicat FSU-SNUipp 67, lors de leur conférence de presse vendredi 26 janvier 2024.

438. C’est le nombre d’enseignants du premier degré (maternelle et primaire) qui n’ont pas été remplacés dans le Bas-Rhin au cours de la semaine du 22 au 26 janvier 2024. Pour obtenir ce chiffre, le syndicat FSU-SNUipp 67 a créé un formulaire et incité les enseignants à remonter systématiquement les absences non-remplacées dans le département.

« Au rectorat, ils savent lorsqu’un enseignant est absent. Mais on ne nous transmet pas les chiffres », explique Agathe Konieczka, cosecrétaire académique du syndicat Snuipp-FSU. Les données récoltées permettront à l’organisation syndicale de demander plus de postes de remplaçants lors du comité social d’administration pour la carte scolaire, le 13 février 2024. « On nous a prévenu que 40 postes seront supprimés en Alsace pour la rentrée 2024, dont 10 dans le Bas-Rhin », poursuit la syndicaliste.

Un chiffre « a minima »

« C’est un chiffre a minima », assène Pierre Friedelmeyer, le délégué syndical qui a mis en place l’outil de recensement. Une carte interactive a été créée et permet de consulter les établissements les plus touchés par le manque de remplaçant. Pendant les cinq jours de la semaine scolaire, le syndicat a étudié les formulaires, trié les doublons et estimé à 637 le nombre d’enseignants, Atsem ou AESH non remplacés entre le 22 et le 26 janvier 2024 inclus.

Capture d’écran du tableau des absences non remplacées mis en ligne par le FSU-SNUipp 67.

En tout, le Bas-Rhin compte 733 écoles, 6 035 enseignantes et enseignants, et 414 titulaires remplaçants – selon les chiffres de l’académie de 2021. Mais comme le pointe le syndicaliste Pierre Friedelmeyer, « 129 enseignants non remplacés, ça signifie autant de classes qui se retrouvent sans personne devant elles et autant de solutions à trouver pour les élèves ».

Les chiffres du tableau ne sont pas exhaustifs. Le syndicat n’a aucun moyen de s’assurer que toutes les absences non-remplacées ont bien été signalées. Les données collectées montrent cependant que 32% des absences non-remplacées sont signalées dans des établissements REP ou REP+, alors que ceux-ci ne constituent que 8,7% des établissements du départementaux.

« Ce sont des circonscriptions où les parents sont moins revendicatifs, où ils font moins remonter les absences. Dans les établissements REP ou REP+, on constate que les remplacements sont moins assurés. »

Pierre Friedelmeyer, membre du syndicat FSU-SNUipp 67

Des profs très peu absents

Cosecrétaire départementale du syndicat FSU-SNUipp 67, Florence Fogelgesang tient à préciser que les enseignants du premier degré sont très peu absents :

« Les collègues expriment un sentiment de culpabilité lorsqu’ils sont absents, même s’ils sont malades. Ils savent très bien que s’ils ne viennent pas, cela signifie que leurs élèves seront répartis entre les autres classes et que cela nuira à la qualité d’enseignement. »

La syndicaliste déplore aussi que les femmes, sur-représentées dans les effectifs des enseignants du premier degré, sont particulièrement impactées par la problématique du non remplacement. « Elles savent que leur congé maternité risque d’impacter leurs collègues, tout comme les congés enfants malade, poursuit Florence Fogelgesang, certaines réfléchissent avant de faire des enfants. On les culpabilise d’avoir un projet de bébé, ça me rend dingue. »

L’école « mise en péril » par les conditions de travail

Ces chiffres n’étonnent pas les syndicalistes, assure Jonathan Welschinger : « Nous sommes au contact des collègues. Ces données correspondent à ce que nous constatons sur le terrain. » Il fait référence à une note de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du 23 janvier 2024 :

« Certes, les enseignants du premier degré se sentent utiles. Mais le sentiment de valorisation est noté à 2,5/10, 3/10 pour les perspectives et 7,2/10 pour l’épuisement au travail. Ces conditions de travail mettent en péril l’école publique. »

Une journée de grève intersyndicale est annoncée pour le jeudi 1er février 2024. Contacté pour obtenir ses chiffres, l’Académie de Strasbourg a bien accusé réception de la demande de Rue89 Strasbourg mais n’a pas pu y répondre avant la rédaction de cet article.


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