
Une vingtaine de mères de famille ont manifesté devant le rectorat de l’académie Strasbourg dans la matinée du mercredi 18 septembre. Elles dénoncent l’absence d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) pour leurs enfants trisomiques, autistes ou atteints de troubles du langage…
Laetitia tremble de froid devant le rectorat de l’académie de Strasbourg. En cette matinée du 18 septembre, la mère de Jules manifeste avec le Collectif Citoyen Handicap malgré son épuisement. Deux semaines après la rentrée, son fils n’est accompagné par un auxiliaire de vie scolaire (AVS) qu’une heure par semaine seulement…
« Jules est atteint de plusieurs troubles dyslexiques sévères. Il a besoin de quelqu’un pour la lecture des consignes, rester attentif et prendre des notes de ses cours », explique-t-elle. Elle s’use à écrire des mails aux référents inclusion ou handicap du rectorat, elle appelle le service « école inclusive » sans obtenir de réponse…
Kinésithérapeute à Saverne, Laëtitia le sait :
« Si on ne pousse pas, je peux attendre la fin de l’année, mon fils n’aura jamais d’AVS à temps plein… »

250 enfants sans accompagnant dans le Bas-Rhin
Selon la coordinatrice du Collectif Citoyen Handicap, près de 250 personnes du Bas-Rhin n’ont pas d’AVS pour leur enfant handicapé, ou un accompagnement insuffisant. Marie Lettler dénonce un manque de moyens constant depuis plusieurs années :
« La plupart des auxiliaires de vie scolaire suivent trois, voire quatre ou cinq enfants ! On est bien loin de l’école inclusive (qui fait partie de la loi “pour une école de la confiance”, votée en juillet, ndlr). »
La rectrice de l’académie de Strasbourg conteste le constat du collectif. Sophie Béjean rappelle la création de « 213 postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH, nouvel acronyme remplaçant AVS) et 19 classes ULIS (Unité locale d’inclusion scolaire, classes dédiées aux élèves ne pouvant pas suivre une scolarité individuelle continue, ndlr). » Interrogée sur le nombre d’accompagnants manquants, la responsable insiste :
« Pour la rentrée 2019, les services départementaux de l’école inclusive ont réalisé les affectations de personnels d’accompagnement à hauteur de près de 1200 postes en équivalent temps plein. Notre académie ne manque pas d’AVS, tous les 15 jours, des situations nouvelles apparaissent et elles sont traitées. Le recrutement prend du temps. »
Des problèmes réglés… pour le rectorat seulement
Des réponses qui exaspèrent les manifestantes toujours dehors. « Vous croyez que ça m’amuse d’être ici ? », rétorque Raja, mère du petit Riyad, 12 ans. À chaque rentrée depuis le CP, la Strasbourgeoise doit se battre pour obtenir un accompagnement adapté :
« Cette année, mon fils a un AVS 12 heures par semaine. Donc il n’est pas présent pour les matières où Riyad en a vraiment besoin, comme les mathématiques et le français… Mais au rectorat, ils ont noté que mon problème était réglé… »
Raja se dit encore « chanceuse » d’être à Strasbourg. À ses côtés, Cynthia retient ses larmes lorsqu’elle décrit la situation d’Evan, 7 ans. À Marmoutier, l’enfant trisomique n’a aucun accompagnant pour se rendre au CP. L’infirmière subit :
« J’ai fait ma demande en mars et j’ai reçu la notification d’approbation de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) en août. Le 31 août, j’ai appris qu’Evan n’aurait pas d’AVS. On m’a même demandé si je voulais bien décaler la rentrée d’Evan au lendemain… »
Seule proposition faite à la famille : une classe adaptée à Lingolsheim, à près d’une heure en voiture de son domicile. « Ce n’est pas une solution pour un enfant de 7 ans… », regrette-t-elle.
Des parents épuisés
Devant le rectorat, les manifestantes évoquent leur quotidien épuisant. Parfois, « la maîtresse nous engueule parce que notre enfant peut perturber le cours quand il n’a pas d’AVS. » Plusieurs évoquent leur désir d’occuper un emploi mais l’impossibilité de le faire. Celles qui y parviennent se disent soit au bord du burn-out ou « chanceuse » : « J’ai un employeur arrangeant et mon mari est là pour les enfants à midi… » Toutes les mères présentes dénoncent un soutien insuffisant aux élèves atteints de handicap : « Nos enfants handicapés ont déjà un quotidien difficile et injuste. Sans AVS, ils vivent une double-injustice. »
Le manque d’AVS s’explique aussi par la précarité du métier, souvent à temps partiel avec des contrats courts. Avec la loi « Pour une école de la confiance », les accompagnants seront désormais embauchés avec un contrat à durée déterminée de trois ans minimum, renouvelable une fois avant transformation en contrat à durée indéterminée. Une formation initiale de 60 heures leur sera obligatoirement prodiguée.
Mais tant que Raja, Cynthia et Laëtitia n’obtiendront pas d’accompagnement adapté pour Jules, Riyad ou Evan, elles continueront de se battre.
Parents vous vous êtes fait duper en beauté !! Battez vous pour un retour des écoles, des centres spécialisés avec un personnel spécialisé,,surtout pour les handicaps lourds ., L'inclusion n'est pas souhaitable pour tous !! Et je sais de quoi je parle , je suis maman d'un adulte handicapé , qui enfant a suivi sa scolarité dans une école spécialisée , avec un personnel spécialisé .( Que je ne remercierais jamais assez !!), Ce qui a permis 'aujourd'hui une belle réussite , une autonomie, un avenir pour mon fils !!
Et j'ai été aussi de l'autre côté (AVS) !! Mon dieu !! La plupart n'y ont pas leur place car l'éducation nationale n'est tout simplement pas faite pour eux !! malgré la bonne volonté des AVS ou AESH et de certains enseignants . Je sais pas toujours facile a entendre !!
Alors battez vous plutôt pour l'ouverture de structures spécialisées adaptées à vos enfants !!
AVS a été remplacé par AESH Accompagnant d'élève en Situation de Handicap depuis 2014.
Ça ne change pas le problème c'est certain. Mais autant se renseigner quand on parle d'un sujet précis.
Serait-ce trop demander à Rue89 de prendre contact avec vous et de faire un article sur la réalité de votre travail ? Et peut-être même (soyons fous !) de vous mettre en dialogue avec les parents et les enseignants, à l'image du boulot formidable accompli sur l'Elsau ?
Ça ne permettrait certainement pas de débloquer la situation, d'ailleurs ce n'est pas travail d'un organe de presse, mais au moins ça permettrait de mieux la comprendre, dans son immense complexité.
J aime infiniment mon travail parce que c est une immense satisfaction que d épauler des élèves pour les aider à gagner en autonomie et à réussir.J exerce dans un collège dans lequel les AESH ,les professeurs et la direction travaillent ensemble pour favoriser l inclusion de ces élèves différents..
Bien sûr les parents et les enfants ont droit à un AESH mais quel parent accepterait un travail rémunéré si misérablement?
Un AESH est une personne qui mérite respect et considération de la part de l institution ....et des parents qui nous considèrent le plus souvent comme un dû ...
Ben, si ça ne suffit pas, il faut en créer plus. C'est si difficile à comprendre, madame la rectrice ?
Le débat à l'assemblée nationale sur le statut des accompagnants a tout simplement été.... refusé.
Parmi les mauvais élèves, Bruno Studler était de ceux qui s'y sont opposés.
https://yetiblog.org/archives/12760