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Une entreprise allemande suspend un investissement en Alsace au résultat de l’élection présidentielle

EuroVia, entreprise allemande, a signé un contrat pour installer un centre logistique pour un client à Ensisheim dans le Haut-Rhin. Mais ce contrat comporte une clause suspensive : l’entreprise ne donnera pas suite si le prochain président français remet en cause l’adhésion de la France à la zone euro.

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Une entreprise allemande suspend un investissement en Alsace au résultat de l’élection présidentielle

La possibilité d’une sortie de l’union monétaire européenne inquiète les investisseurs. EuroVia, un groupe allemand de vente en ligne de pneus et de pièces automobiles, aimerait établir un centre logistique à Biltzheim, près d’Ensisheim dans le Haut-Rhin. Selon de nouvelles informations, il s’agit d’un projet pour un de ses clients, une grande entreprise allemande, présente en Grande-Bretagne, en Suède et en Espagne, qui espère stocker et expédier des pneumatiques et de pièces pour l’automobile, mais aussi des poids lourds et des machines agricoles.

Un contrat a été signé avec la communauté de communes, cédant 18 hectares au groupe. Mais l’investisseur a inclut une clause suspensive : l’installation de l’entreprise pourrait être annulée si la France manifestait, avant le 31 décembre 2017, la volonté de quitter la zone euro.

L’investisseur allemand devrait s’implanter dans cette zone d’activité (Google Maps)

Cette mesure est présente dans les promesses de campagne de Marine Le Pen (FN) et de Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise). Elle rendrait le contrat nul et non avenu, et priverait l’Alsace d’un investissement de 60 à 80 millions d’euros, qui pourrait générer 250 à 300 emplois.

« Pas s’emmerder à passer des douanes »

Gilbert Vonau, maire de Biltzheim et vice-président de la communauté de communes du Centre Haut-Rhin, a déclaré « comprendre » cette clause :

« La logistique du groupe s’étend sur cinq ou six pays. L’entreprise n’a aucune envie de s’emmerder à passer des douanes ou à changer de monnaie ! »

De son côté, le Front National a réagi par l’intermédiaire de Thomas Laval, membre de l’équipe de campagne de Marine le Pen. Sur l’antenne de France Bleu Alsace, le conseiller régional FN du Grand Est a dénoncé un « chantage à l’emploi de la part d’une entreprise étrangère. »

Une esquisse du futur bâtiment d’EuroVia (doc remis)

Un bâtiment autonome et moderne

L’agence de développement économique des départements alsaciens, l’Adira, a été sollicitée pour une recherche de foncier de 20 hectares. L’entreprise souhaite construire un bâtiment de 100 000 m², autonome sur le plan énergétique (toiture en panneaux photovoltaïques, éoliennes…).

Selon l’Adira, le Haut-Rhin a été mis en concurrence avec le nord de l’Italie, la Suisse et la Bavière. L’agence précise que le choix de l’investisseur s’est porté sur l’Alsace, en raison des « propositions foncières de qualité au parc d’activités du Centre Haut-Rhin à Ensisheim, » raccordé au réseau autoroutier. L’activité d’EuroVia à Ensisheim devait débuter mi-2019. Sauf résultat électoral eurosceptique.


#élection présidentielle 2017

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