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À l’Eurométropole, première grève d’une partie du personnel contre l’exécutif écologiste

Quatre secteurs de métiers des services de la Ville et de l’Eurométropole demandent à ce que leur pénibilité soit davantage reconnue alors que se tiennent depuis des mois négociations à ce sujet.

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À l’Eurométropole, première grève d’une partie du personnel contre l’exécutif écologiste

« Ce n’est pas la même ligne politique qu’avant. On est plutôt en phase avec certaines orientations, mais on veut voir comment elles s’appliquent ». Pour Karim Hadi, secrétaire général de la CGT de l’Eurométropole, la patience du syndicat majoritaire commence à être épuisée.

Vingt mois après leur élection, les écologistes et leurs alliés à la Ville et Eurométropole de Strasbourg font ainsi face à leur première grève interprofessionnelle du personnel. Lundi 14 mars, la CGT appelle quatre catégories de métiers à cesser le travail entre 10h et 12h. Il s’agit des égoutiers, des agents des espaces verts, des mécaniciens qui s’occupent véhicules et des ateliers, ainsi que les agents qui s’occupent des rues et des routes.

Depuis le début du mandat, les grèves des agents municipaux s’inscrivaient dans des mobilisations nationales (cantines, protocole sanitaire des écoles, animateurs, opposition au passe sanitaire dans les médiathèques, etc.) ou étaient relatives à des situations très précises dans certaines médiathèques. Elles ne ciblaient pas les choix du nouvel exécutif.

Une demande de prime pour la pénibilité

Pour comprendre la situation, il faut se plonger un peu dans l’historique, détaille Karim Hadi :

« En 2019, la précédente majorité a mis en place un nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires (Rifseep), avec une garantie par Robert Herrmann (précédent président de l’Eurométropole, ndlr) du maintien de la rémunération. La CGT s’était abstenue, car cela permettait notamment des valorisations dans l’encadrement. Mais cela supposait aussi une négociation à venir pour les métiers à responsabilités et missions particulières, notamment ceux qui sont pénibles ou insalubres. »

Si la CGT appelle spécifiquement les agents des espaces verts, de la voirie et des garages de la collectivité, c’est en raison d’une absence « de reconnaissance de leur pénibilité, alors qu’ils sont dehors ou au contact de substances chimiques dans les ateliers ». Ils ne bénéficient pas de l’indemnité de sujétion.

La CGT, seul syndicat à appeler à cette mini-grève, demande que le niveau 1 de cette indemnité leur soit accordé, c’est-à-dire le plus élevé, soit une augmentation de 140 euros de leur traitement. Une seule exception a été faite depuis le début du mandat concède Karim Hadi, « une revalorisation de 20 euros en juin 2021 pour les agents des espaces verts, sauf ceux qui travaillent dans les serres qui ont été oubliés ».

Pour les égoutiers, le problème est un peu différent :

« La pénibilité est bien reconnue, mais alors qu’ils commencent à 5 heures du matin trois semaines sur quatre, la première heure de travail n’est plus considérée comme une heure de travail de nuit. »

Les égoutiers s’étaient déjà mobilisés en 2018. Photo : CGT Eurométropole, remise

5 millions sur 2 ans pour l’agenda social

Ces revendications précises s’inscrivent dans des négociations globales dans le cadre d’un « agenda social » initié par la nouvelle majorité. Des pourparlers qui patinent selon Karim Hadi :

« On a eu une première rencontre avec les élus en charge du personnel, Syamak Agha Babaei et Valentin Rabot, puis des réunions techniques. À notre dernier échange, on nous a parlé d’un plan de formation. Nous ne sommes pas contre, mais ce n’est pas l’urgence du moment. Sur la question des rémunérations, on nous répond que l’Eurométropole n’a pas encore travaillé là-dessus et que quelqu’un a été recruté pour s’en occuper. On se demande quelle a été la raison d’un tel blocage ! Il nous faut des réponses, que ce soit des politiques ou de l’administration, c’est à eux de se mettre d’accord. Nos revendications sont connues depuis quinze mois. »

Pour la CGT, le temps presse. La majorité a prévu 2 millions d’euros pour l’année 2022 et 3 millions pour 2023 afin de revaloriser les rémunérations des métiers pénibles. « Une délibération pour juin devrait donc être prête en mai. On a l’impression que les délais sont étirés au maximum pour qu’on n’ait pas le temps de réagir. »

L’égalité femme-homme « à ce rythme il y en a pour 20 ans »

Ces négociations globales visent à rattraper les rémunérations entre filières techniques et non-techniques, c’est-à-dire les catégories de recrutement (A ; B ; C), notamment pour répondre à l’égalité femme-homme. « Une cheffe de service administrative peut gagner moins qu’un ingénieur qui n’a pas de d’encadrement », cite par exemple Karim Hadi. Selon le responsable syndical, ce rattrapage est à l’œuvre, mais trop lentement. « C’est du saupoudrage, à coup de quelques dizaines d’euros. À ce rythme-là, il y en a pour 20 ans… Et tant qu’il n’y a pas d’égalité, ceux qui ont une meilleure rémunération ne peuvent plus avancer. »

La grève du lundi 14 mars est limitée à 2 heures afin de limiter les pertes de salaires et permettre un rassemblement devant le centre administratif, avec l’espoir qu’un entretien décante la situation. Sollicité via l’Eurométropole, le vice-président en charge du personnel, Valentin Rabot, n’était pas disponible mercredi 9 mars, jour de l’annonce de cette grève, pour une réaction.


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