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Une exposition des œuvres de réfugiés pour financer le centre Bernanos
Société 

Une exposition des œuvres de réfugiés pour financer le centre Bernanos

par Cassandre Leray.
Publié le 8 mai 2019.
Imprimé le 30 mai 2023 à 09:48
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Le centre catholique Bernanos a besoin de trouver 55 000€ pour continuer à héberger des réfugiés mineurs. Les bénévoles se mobilisent et une exposition de portraits des réfugiés est organisée au Troc’afé.

C’est en décembre 2016 que le centre Bernanos, paroisse catholique universitaire de Strasbourg, ouvre ses portes à un réfugié pour la première fois, « sur un hasard », se souvient le père Thomas, curé de la paroisse. Un soir d’hiver, un Camerounais de 15 ans frappe à la porte du centre. Il cherchait un endroit où dormir.

« Là, on a réalisé. C’était au moment où une vague de réfugiés a déferlé sur l’Europe. On l’a accueilli naturellement et, de fil en aiguille, d’autres sont arrivés. C’est allé très vite. »

Père Thomas
Divers ateliers sont organisés, auxquels les réfugiés sont invités à participer. Par exemple, à l’occasion d’un atelier « Valeurs et identité », les réfugiés ont posé pour un photographe. (Photo Dom / P-MOD Photographies)

À ce jour, le centre Bernanos héberge entre 25 et 30 réfugiés selon les périodes, ces jeunes ne sont pas pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance qui estiment qu’ils sont trop vieux ou accompagnés. Le centre catholique pallie la carence des services sociaux et se charge de scolariser ces jeunes selon leurs niveaux auprès d’établissements scolaires.

« On aide les réfugiés à s’intégrer le plus possible, et ils sont très reconnaissants. Surtout, ils ont une volonté incroyable. À l’école, certains ont rattrapé leur retard à une vitesse hallucinante alors qu’ils étaient analphabètes. »

Père Thomas

55 000€ à trouver

Mais, depuis quelques mois, la situation se complique. La préfecture du Bas-Rhin demande au centre de se mettre en conformité avec les normes de sécurité des centres d’hébergement.

Problème : cette opération coûterait environ 46 000€ de travaux et l’association paroissiale, qui dépend à 100% des dons, n’a pas ces moyens. En outre, 9 000€ sont nécessaires pour payer le matériel pédagogique et la cantine des réfugiés scolarisés.

Pour rassembler ces fonds, le père Thomas a soumis un projet au budget participatif de la Ville de Strasbourg, mais il a essuyé un refus. En parallèle, les réfugiés et bénévoles du centre ont eu l’idée de vendre les portraits qu’ils ont réalisés durant des ateliers de dessin animés bénévolement par des illustratrices professionnelles. Une exposition est prévue durant tout le mois de mai au Troc’afé, rue du Boulevard-de-Saverne.

L’affiche de l’exposition au Troc’afé a été sérigraphiée chez Papier Gâchette par les réfugiés eux-mêmes, avec l’aide des illustrateurs bénévoles. (doc remis)

Fenêtres d’évasion indispensables

Amandine Più, illustratrice et bénévole au centre, confie :

« C’est fou de voir à quel point ils sont positifs. Toutes ces activités sont importantes. Le dessin leur permet d’exprimer des choses qui sont plus faciles à dire sur une feuille qu’à l’oral. Et c’est l’occasion de partager des moments de rire, car ils en ont bien besoin. »

Des instants d’évasion essentiels pour ces jeunes, dont l’avenir est parfois en suspens comme le rappelle le père Thomas :

« Tant qu’ils sont mineurs, ils peuvent rester en France. Mais à leur majorité, leur situation doit être régularisée. Sinon, ils peuvent être expulsés. Les démarches sont compliquées, c’est très angoissant pour eux. »

Les réfugiés du centre Bernanos ont réalisé des portraits à l'occasion d'ateliers de dessin. Ils seront exposés au Troc'afé le 18 mai.
Les réfugiés du centre ont réalisé des portraits à l’occasion d’ateliers de dessin. Ils seront exposés au Troc’afé le 18 mai. (doc remis)

Le samedi 15 juin, ce sera au tour des illustratrices bénévoles de vendre leurs oeuvres. Tous les bénéfices seront reversés au centre Bernanos.

Article actualisé le 09/05/2019 à 14h24
L'AUTEUR
Cassandre Leray
Cassandre Leray
Journaliste stagiaire à Rue89 Strasbourg d'avril à juin 2019.

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