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Extension de la ligne E : quel est l’objectif de la CUS ?

Le conseil de Communauté Urbaine de Strasbourg a validé vendredi 15 février, le principe de la prolongation de la ligne E à la Robertsau et de l’ouverture de la concertation qui va avec. Je me pose des questions quant aux objectifs de cette extension.

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Extension de la ligne E : quel est l’objectif de la CUS ?

Le tram E doit continuer de desservir la Robertsau (Photo EJ / Rue89 Strasbourg)

A la clôture de l’atelier de projet sur les transports à la Robertsau, et sans consensus des participants y a un an, la ville avait tranché pour un projet en trois points :

  • prolongation de la ligne de tram E jusqu’à la place Mélanie
  • création de lignes de BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) depuis l’Esplanade (arrêt Observatoire) jusqu’à la clinique Ste Anne
  • création d’une voie Est

Aujourd’hui, après le rapport du cabinet TTK de Karlsruhe, la CUS semble favorable à l’extension du tram jusqu’à la rue de la Renaissance.

Le vote de vendredi valide la volonté de la CUS de prolonger la ligne E, et lance la concertation.

Quel est l’objectif réel de la Ville et la CUS ?

La CUS cherche-t-elle à amadouer le Robertsauvien dans ce projet ? Il faut se souvenir que l’équipe actuelle a toujours été opposée à ce tracé.

Ci-dessous un tract signée par Nicole Dreyer (adjointe de quartier) qui critiquait fortement le tracé «gadget» proposé par l’équipe de Fabienne Keller en janvier 2003, appelant à dire non à un projet «réalisé en dépit du bon sens» et elle incitait aussi à « proposer des solutions alternatives efficaces et réfléchies» lors de l’enquête publique.

Ci-dessous, également, une vidéo de Roland Ries (le jour de l’inauguration de la ligne E en novembre 2007), où il déclarait que si la ligne E dessert bien les institutions européennes, ce n’est pas un tram qui va à la Robertsau.

Aujourd’hui, que la ligne E passe par le Wacken fait perdre un temps précieux aux voyageurs et le tram se trouve en concurrence frontale avec les bus traditionnels notamment les lignes 15 et 6 beaucoup plus efficaces et plus rapides. Nul besoin d’enquêtes très poussées pour le constater : les bus ne désemplissent pas.

Ci-dessous un exemple de trajet, rue Boecklin – Fac de droit un lundi matin, où il est plus simple de prendre le bus que le tram (source VIA-Alsace).

24 minutes en bus
26 minutes en tram

Résultat, le tram E accuse une fréquentation anémique et probablement déficitaire. La CTS se garde d’ailleurs bien de communiquer ses chiffres d’exploitation.

Enfin, dernière critique et non des moindres : le maillage. La ligne E rejoint la B au Wacken et la C place de la République. Je ne sais pas si vous avez déjà eu le bonheur de prendre le tram en même temps que de nombreux étudiants et jeunes heureux de se rendre à leur établissement scolaire, c’est une vraie joie de connaitre l’effet sardine. Le matin, les trams sont bondés.

De plus le cadencement sera limité, c’est à dire que dès maintenant, le nombre de trams entrant sur ce tracé est déjà limité.

Un projet pour le prochain mandat

Alors pourquoi aujourd’hui prolonger une ligne qui accumule tant de critiques ? De la même manière que le magicien détourne l’attention du spectateur (généralement avec une belle et jolie demoiselle pas très habillée), la Ville et la CUS détournent l’attention de ses véritables intentions. En réalisant ces études, la CUS et la Ville ne prennent pas beaucoup de risques. D’abord parce que cela concernera la prochaine mandature. On peut constater que le rythme de la réalisation d’une ligne prend au minimum un mandat (voir ligne A qui est prolongée à Hautepierre ou le prolongement de la ligne D dont les travaux n’ont pas commencé).

Ce que n’a pas manqué de signaler la conseillère communautaire d’opposition Anne Schumann :

« Au regard des délais de réalisation d’un tel projet, j’ai bien peur que, comme pour l’Opéra, comme pour le réaménagement des Halles, le PEX et le quartier d’affaires, il ne s’agisse que d’une nouvelle annonce électoraliste car tout le monde a bien compris que les travaux ne démarreront pas avant plusieurs années».

Une campagne de communication en période électorale ?

Le code électoral interdit les grandes campagnes de communication et les inaugurations 6 mois avant une échéance électorale, mais pas les «concertations» semble-t-il.

A la lecture de la délibération du conseil de CUS, il s’agit plus d’un plan média qu’une véritable concertation.

Plaquettes, affiches, annonces dans les journaux locaux, CUS Magazine, réunions publiques, tractages, site Internet de la ville, journaux électroniques… On a mis les grands moyens pour «séduire» le Robertsauvien qui parlera du tram qui traversera peut-être la Robertsau, mais qui ne résoudra pas pour autant ses demandes concrètes de transport.

La CUS va tout de même dépenser dans cette petite histoire 240 000 € HT.

Mais L’objectif de la CUS est bien de détruire les obstacles qui l’empêche d’atteindre les terres vierges du Nord pour y construire le plus de logements possible. La taxe foncière est aujourd’hui l’une des rares et vitales ressources des communes depuis l’abandon de la taxe professionnelle.

La modification du POS 34 – Les emplacements de la future urbanisation

Mais comme il y a actuellement saturation de la route de la Wanztenau et surtout du carrefour papeterie, il faut trouver les moyens pour les déverrouiller : la voie Est et voie lisière.

En prolongeant la ligne de tram E, elle s’achète une bonne conscience auprès des Robertsauviens, tout en créant les prochains problèmes de circulation avec des constructions au nord, et des routes, encore des routes. La ville a d’ailleurs sur ce sujet, une position pour le moins étrange. Elle refuse le GCO, tout en faisant exactement le contraire à la Robertsau et en créant  des voies de contournement.


#ligne E

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