L’annonce par François Fillon de sa convocation chez le juge d’instruction et de tout de même concourir à l’élection présidentielle en cas de probable mise en examen, contrairement à la promesse qu’il avait faite fin janvier, a été le mensonge de trop pour la sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller (LR).
L’allocution mercredi à la mi-journée de François Fillon s’est complétée d’une charge violente contre les magistrats et les journalistes, qui rappelle davantage les envolées de Donald Trump aux États-Unis ou, plus près de chez nous, du Front national, que le discours de centre-droit alsacien. « Il n’est pas possible de continuer à faire campagne contre la Justice », argumente l’ancienne maire de Strasbourg dans un communiqué dans lequel elle appelle le candidat de son camp à se retirer de la course à l’élection présidentielle.
Soutien d’Alain Juppé lors de la primaire de la droite, elle n’avait déjà pas signé la tribune de soutien à François Fillon début février, comme certains élus alsaciens, (dont Philippe Richert, qui continuait pourtant d’assister aux meetings), une semaine après les premières révélations du Canard Enchaîné. L’hebdomadaire a révélé les rémunérations élevées de l’épouse de François Fillon, Pénélope, pour un travail d’attachée parlementaire présumé fictif. Une activité sur laquelle très peu d’éclaircissements ont été apportés.
Nationalement, les défections se multiplient depuis cette annonce. La plus marquante est celle de Bruno Le Maire, ancien candidat de la primaire de droite et conseiller de François Fillon sur les affaires européennes et internationales. La direction du parti centriste de l’UDI, déjà contestée par sa base pour son choix avant cette affaire, a aussi suspendu sa participation à la campagne. Dans ce contexte, il va être difficile de continuer, ou au moins d’être audible. François Fillon a pourtant répété qu’il n’y avait pas de « plan B ».
Le communiqué de Fabienne Keller
À moins de deux mois de l’élection présidentielle, la situation est très grave.
Je respecte la légitimité de François Fillon, la présomption d’innocence et son droit de se défendre.
Néanmoins, il faut aller au-delà de la question de la personne de François Fillon. C’est de l’avenir de la France dont il est question, de l’avenir des idées et des valeurs portées par la Droite et le Centre.
Ma seule boussole, c’est l’intérêt de la France et la réussite de l’alternance afin d’éviter au pays le danger du populisme et la victoire de Marine Le Pen.
Il n’est pas possible de continuer à faire campagne contre la Justice.
J’appelle François Fillon à prendre une décision plus grande que son destin personnel, à prendre en compte le destin de la France.
Un sursaut collectif est impératif.
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Sur Libération : le compteur des lâcheurs de François Fillon
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