Lundi 3 mars, peu après la révélation de Politico selon laquelle l’administration de Donald Trump aux États-Unis souhaitait supprimer les consulats américains en France, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Dans l’après-midi, Jeanne Barseghian, maire (Les Écologistes) de Strasbourg, a indiqué sur son compte Bluesky que le départ du consulat des États-Unis à Strasbourg était un « signal préoccupant pour notre ville », qui pourrait « avoir des répercussions non négligeables en terme de liens internationaux tissés de longue date entre les États-Unis et le Conseil de l’Europe. » Elle annonce néanmoins que la Ville reste résolue « à maintenir des relations solides avec nos partenaires internationaux, y compris les États-Unis ».
Les figures de l’opposition à Jeanne Barseghian ont également rapidement réagi. Catherine Trautmann, ancienne maire de Strasbourg et conseillère municipale (Parti socialiste) estime que cette décision signerait « une volonté de rupture avec l’Union européenne mais aussi avec l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, où les États-Unis disposent d’un rôle d’observateur. » Craignant un désengagement des États-Unis dans le Conseil de l’Europe, elle rappelle aussi qu’une coopération strabourgeo-américaine est « utile dans le contexte actuel, dans une assemblée où se trouve l’Ukraine mais dont la Russie a été exclue. »
Pierre Jakubowicz, conseiller municipal (Horizons), a averti qu’il déposerait une motion au prochain conseil municipal « afin que la Ville de Strasbourg appelle solennellement au maintien du Consulat général des États-Unis à Strasbourg. »
Président de la Région Grand Est, Frank Leroy (Les Républicains) a dénoncé sur son compte Bluesky une « nouvelle marque de défiance envers l’Europe » et appelle à un « sursaut » des institutions européennes :
« Je sais pouvoir compter sur l’engagement européen du Gouvernement, du chef de l’État et de nombreux parlementaires pour défendre les valeurs qui font la force de l’Europe. Ne nous laissons pas faire ! »
Les Américains de Strasbourg mobilisés
L’association Alsace – États-Unis salue ces réactions et espère qu’elles auront un impact vis-à-vis de l’ambassade à Paris. En attendant, elle a choisi de se mobiliser contre ce projet de fermeture, qu’elle craignait depuis la multiplication des déclarations hostiles à l’Europe qui ont fait suite à l’investiture de Donald Trump : « Sur ce genre de sujets, Trump n’a pas fait de mystère. » avoue Philippe Choukroun, président de l’association. Sa vice-présidente, Vivianne Beller, complète :
« Nous avons été prévenus par l’article de Politico, mais avant la publication, on supposait que ça pouvait arriver. Ça va nous manquer terriblement. Ce consulat, ce n’est pas qu’un bureau, ce sont des gens que l’on connaît bien. On sait que si on a une urgence, il y a quelqu’un de notre côté. »
L’association appelle à une mobilisation vendredi 7 mars à 12h30 devant le consulat : « Plus on fait de bruit, plus on risque d’avoir un effet sur cette décision » assure Vivianne Beller. Elle, qui s’était déjà mobilisée contre un possible retrait du consulat sous l’administration de Reagan en 1989, est prête à reprendre cette bataille : « Je suis combative, je pense que cette liste [qui énumère les autres consulats en France qui pourraient fermer, NDLR] peut changer. » Mais pour ça, elle indique qu’il faut utiliser des arguments auxquels Trump, ou du moins son administration, seront sensibles :
« On ne va pas évoquer l’importance du Conseil de l’Europe, car Trump se fiche de la Cour européenne des droits de l’Homme, on ne peut pas non plus parler du Parlement européen, car pour lui, c’est un ennemi. »
Alors l’organisation va appuyer sur le symbole de cette décision :
« 44 pays ont installé un consulat à Strasbourg, dont la Chine, la Russie et la Turquie. C’est impensable que les États-Unis ne soient plus présents. »
Le président d’Alsace – États-Unis va adresser une lettre à l’ambassadeur français aux États-Unis : « De par ses fonctions, il a des contacts avec des femmes et des hommes politiques américains » qui pourraient se laisser convaincre de voter contre la fermeture du consulat strasbourgeois au Congrès. La vice-présidente a quant à elle, rédigé, une lettre encourageant tout américain vivant dans l’Eurométropole, à saisir de toute urgence son représentant au Congrès, toujours dans l’idée d’espérer peser dans la décision.



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